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Catherine Vautrin, ministre du Travail à l’agenda déjà chargé

Acteurs RH - nomination | publié le : 15.01.2024 | Benjamin d'Alguerre

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.

Crédit photo Ministère du Travail

Catherine Vautrin hérite donc du triple portefeuille du Travail, de la Santé et des Solidarités. Sur le seul front du travail, elle devra notamment mettre en musique les réformes initiées par ses prédécesseurs et initier celle de « l’acte II » de la simplification du travail avec, à l’horizon, l’objectif du plein-emploi dont Emmanuel Macron a fait l’alpha et l’omega de son second quinquennat.

Elle n’était pas la favorite des pronostiqueurs. Toute la journée du 11 janvier, c’est plutôt le nom d’Astrid Panosyan-Bouvet qui circulait pour remplacer Olivier Dussopt au ministère du Travail. Sur le papier, le CV de la députée de la 4e circonscription de Paris cochait toutes les cases : issue du PS, macroniste de la première heure, cofondatrice d’En Marche puis membre de la direction collégiale de LREM, conseillère d’Emmanuel Macron à Bercy entre 2014 et 2017, celle dont on parlait déjà pour le ministère du Travail dès 2017 (avant que Muriel Pénicaud ne lui soit finalement préférée) pouvait espérer son heure venue… mais non.

C’est finalement Catherine Vautrin qui s’installera rue de Grenelle avec, en outre, la responsabilité d’un super-ministère dédié au social et comprenant les portefeuilles du Travail, de la Santé et des Solidarités, où elle succède à la fois à Olivier Dussopt, Agnès Firmin-Le Bodo et Aurore Bergé.

Celle qui se définit comme gaulliste sociale, passée par l’UMP puis par LR avant de rejoindre Horizons, n’est pas une inconnue pour la Macronie. En 2022, elle fut une candidate sérieuse pour Matignon avant que le rappel de ses prises de position hostiles au mariage pour tous en 2013, mais aussi, dit-on, l’opposition personnelle à sa nomination d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, ne la renvoient dans les cordes.

Depuis, Catherine Vautrin multipliait les appels du pied au parti présidentiel. À l’issue de la réforme des retraites de 2023, elle avait ainsi suggéré à LR de signer une sorte de « pacte de coalition » à l’Assemblée nationale avec le groupe Ensemble et ses alliés.

"Profil moins techno et parisien"

Pour l’Élysée, Catherine Vautrin représente une belle prise de guerre. Ancienne ministre sous Chirac – elle sera respectivement en charge de l’Intégration et de l’Égalité des chances, des Personnes âgées, puis de la Cohésion sociale et de la Parité – elle dispose en outre d’une solide expérience parlementaire (elle fut députée de la Marne de 2001 à 2017 et même première vice-présidente de l’Assemblée entre 2011 et 2012) et, surtout, d’élue de terrain, elle qui préside la métropole du Grand Reims depuis 2014. « Elle peut s’appuyer sur un vrai ancrage local, ce qui lui donne un profil moins parisien et techno que beaucoup de cadres de la Macronie », confie un élu marnais.

Son soutien apporté au développement d’initiatives territoriales lui a aussi permis de marquer des points… même sur les bancs opposés au sien ! Laurent Grandguillaume, ancien député socialiste et actuellement président de l’initiative Territoire zéro chômeur de longue durée (TZCLD), salue ainsi l’attitude « facilitatrice » de Catherine Vautrin pour la réussite de la loi qui donnait naissance en 2016 à cette expérimentation à but d’insertion par l’emploi, devenue depuis une association chapeautant une soixantaine de territoires labellisés. « On a travaillé ensemble sur TZCLD. Elle était républicaine, mais je garde le souvenir d’une élue à l’écoute, très ouverte à la discussion, constructive et pas sectaire, qui avait à cœur de voir ce projet aboutir », explique-t-il aujourd’hui.

Les dossiers en attente sur le front du travail

Reste que l’état de grâce risque d’être court pour la nouvelle locataire de la rue de Grenelle. Car, rien que sur le front du travail, les dossiers en attente s’accumulent déjà sur son bureau. Olivier Dussopt parti, c’est à elle que reviendra de mettre en musique « l’acte II » de la simplification du droit du travail voulue par Emmanuel Macron.

Tout comme ce sera elle qui devra essuyer les plâtres des premiers pas de France Travail, la nouvelle administration chargée d’appliquer la réforme du RSA, l’inscription automatique de ses titulaires auprès des agents du service public de l’emploi et l’éventuelle suspension d’allocation de ceux qui refuseraient de s’engager dans un parcours de retour à l’emploi comprenant une quinzaine d’heures obligatoires d’accompagnement renforcé.

Autres sujets désormais à son agenda : la réforme de l’emploi des seniors, sur laquelle les partenaires sociaux ont commencé à plancher depuis le mois de décembre et qui doit notamment transcrire dans le droit du travail le recul de l’âge de la retraite à 64 ans. Mais aussi l’application, à partir de juillet 2024, de la nouvelle convention d’assurance-chômage signée par les organisations syndicales et patronales en novembre 2023, la mise en place d’un « reste à charge » sur le CPF qui pourrait être de nature à rebuter les acheteurs de formation ou encore trancher sur le maintien – ou pas – de l’aide à l’embauche d’apprentis après 2024.

Tout ça en conservant l’objectif de plein-emploi imposé par le président de la République à l’horizon 2027, alors même que Bercy doute qu’il puisse être atteint sans une remise à plat du modèle social français…

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre