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Le menu social de 2024 : emploi des seniors, Cetu et usure professionnelle...

Conditions de travail | publié le : 20.12.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Le menu social de 2024 : emploi des seniors, Cetu et usure professionnelle...

Le menu social de 2024 : emploi des seniors, Cetu et usure professionnelle...

Crédit photo Prostock-studio/Adobe stock

Les partenaires sociaux se rencontrent demain, le 22 décembre, pour lancer un nouveau round de négociations portant sur trois thèmes complexes : l’emploi des seniors, le compte épargne-temps universel et l’usure professionnelle. L’exécutif attend leur copie avant la fin du premier trimestre 2024. La trêve des confiseurs sera brève.

C’est reparti pour un round de négociations paritaires autour de trois thèmes : l’emploi des seniors, l’usure professionnelle et le compte épargne-temps universel (Cetu). La lettre de cadrage sur « le nouveau pacte de la vie au travail », émise par Matignon, pose le principe d’une négociation par thématique. S’ils ne s’y opposent pas frontalement, les partenaires sociaux ne sont pas tous au même diapason sur la démarche. Les organisations d’employeurs seraient plutôt enclines à tout négocier dans un même round, de même qu'une partie des organisations syndicales.

Aux yeux de l’exécutif, une seule ligne rouge : l’équilibre des finances publiques. Le sujet est d’autant plus sensible que la trajectoire est tendue. Il s’agit de réduire le taux du déficit budgétaire de 4,9 % en 2023 à moins de 3 % en 2027. Compte tenu de la perte de pouvoir d’achat causée par la poussée inflationniste, le défi sera pour le moins difficile à relever.

Côté patronal, l’U2P a déjà manifesté sa singularité sur l’usure professionnelle : les TPE ne sont pas, la plupart du temps, en capacité de proposer un reclassement à un salarié. Hors de question donc de proposer « des dispositifs d’évolution professionnelle interne à l’entreprise », selon Jean-Christophe Repon, président de la Capeb et négociateur de l’U2P. Pour l’heure, l’U2P prône l’émergence d’une réponse mutualisée qui serait gérée au niveau interprofessionnel.

« CDI senior » pour la CPME

Aux yeux de la CPME, le recrutement et le maintien dans l’emploi des seniors sont avant tout tributaires de deux facteurs : d’un côté, la révision des règles de l’assurance-chômage, avec une indemnisation plus généreuse, mais dont la durée serait réduite ; de l’autre, le développement d’un dispositif « CDI senior », qui aurait pour principal caractéristique de réduire les cotisations de l’employeur sur la durée du contrat.

Pour Éric Chevée, vice-président en charge des affaires sociales de la CPME, l’affaire n’a que trop duré : « Le marché du travail français a fonctionné à l’envers pendant quarante ans. On s’est bêtement convaincu que pour faire venir et rester les jeunes dans les entreprises, il fallait faire sortir les seniors. Ce modèle n’a plus de sens aujourd’hui. »

Les syndicats comptent aussi faire valoir leurs positions. La CFDT a des « marqueurs » à faire respecter. Sur le Cetu, une revendication portée de longue date par la centrale réformiste, il est hors de question de voir cet outil être utilisé comme un moyen de « monétiser » du temps. Autrement dit : le Cetu ne doit pas devenir une cagnotte de temps que les salariés seraient tentés de transformer en complément de salaire pour compenser l’inflation. Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT, y voit un point crucial de la négociation.

Pas de monétisation ?

Autre point de friction potentiel : la transformation du Cetu en outil de gestion des fins de carrière, une sorte de sas avant la retraite. Si la CFDT ne refuse pas d’examiner cette option, le Cetu doit rester un outil à la main des salariés qui peut être utilisé tout au long du parcours, « en fonction des souhaits des travailleurs et travailleuses ». Sur le recrutement et le maintien en emploi des seniors, la CFDT souhaite que les entreprises aménagent les fins de carrière avec un dispositif en deux volets : d’abord un rendez-vous à mi-carrière qui fasse le lien entre, d’un côté, la formation professionnelle et la compétence et, de l’autre, la santé au travail ; ensuite, une négociation dans les entreprises sur la question de l’emploi des seniors afin d’améliorer les dispositifs existants.

Cela suffira-t-il à mettre un terme aux « retraites Unedic », expression qui désigne une pratique encore très commune consistant à licencier un salarié à l’âge où il peut bénéficier d’indemnités chômage qui seront versées jusqu’au moment où il pourra partir à la retraite ? Cette négociation sera aussi, peut-être, l’occasion de faire évoluer le regard des entreprises sur les salariés, indépendamment de leur âge. À l’heure où beaucoup de dirigeants se plaignent des difficultés de recrutement, examiner d’un œil neuf la réalité ne peut qu’ouvrir de nouvelles perspectives.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins