Pour l’U2P, les entreprises seules ne pourront répondre aux problématiques d’emploi des seniors, d’usure professionnelle ou de compte épargne-temps universel, sur lesquelles les partenaires sociaux sont invités à négocier à partir du vendredi 22 septembre. Selon Jean-Christophe Repon, président de la Capeb et négociateur U2P, seule une réponse mutualisée et gérée au niveau interprofessionnel peut correspondre aux besoins des TPE.
Comment l’U2P appréhende-t-elle la négociation sur l’emploi des seniors qui s'ouvrira le 22 décembre?
Jean-Christophe Repon : C’est un sujet extrêmement complexe. Surtout pour les TPE que l’U2P représente. Car la très petite entreprise a ceci de différent avec celles que représentent le Medef ou la CPME qu’elle ne peut, le plus souvent, pas proposer de reclassement à un salarié usé ou fatigué. Pour nous, il ne sera donc pas question d’orienter nos propositions vers des dispositifs d’évolution professionnelle interne à l’entreprise – les toutes petites boîtes ne le peuvent pas – mais bien de réfléchir en matière d’accompagnement des collaborateurs tout au long de la carrière. C’est d’ailleurs à cause de cette problématique particulière que nous préférerions aborder les sujets sur lequel le Gouvernement nous demande de négocier en un seul bloc plutôt qu’en trois négociations distinctes.
Le « CDI senior » qu’avait proposé le Sénat lors du débat parlementaire sur la réforme des retraites pourrait faire son retour dans la négociation. Soutiendrez-vous ce type de mesure ?
J.-C. R. : Nous n’avons pas d’attentes particulières sur un « CDI senior ». Ce que nous demanderons, en revanche, c’est que les propositions avancées prennent en compte la reconnaissance des carrières et donc le changement des compétences afin de permettre aux salariés que les entreprises artisanales ne peuvent garder de pouvoir rebondir professionnellement. Nous avons travaillé avec l’Unédic sur la valorisation des acquis de l’expérience qui nous apparaît comme un outil de nature à valoriser une carrière dans une TPE et de dégager de la plus-value en vue d’une deuxième partie de carrière dans une autre entreprise.
Donc la baisse des charges à tout prix sur les rémunérations des salariés les plus âgés ne figure pas dans vos revendications ?
J.-C. R. : Ce serait beaucoup m’avancer. Je ne connais pas beaucoup d’employeurs indifférents à une baisse des charges ! Mais ce n’est pas là-dessus que nous appuierons le plus. Je me doute que ce sera l’un des éléments majeurs de la négociation pour le Medef, mais en tant que tel, il ne résout pas le problème de l’emploi et des parcours des seniors.
Quid de la lutte contre l’usure professionnelle ?
J.-C. R. : Là encore, les solutions ne peuvent pas être à la seule main de l’entreprise, car les dirigeants de TPE qui ne disposent pas de service RH ne sont pas équipés pour. Nous avons besoin de solutions mutualisées gérées soit au niveau interprofessionnel, soit au niveau des branches. Lors de la négociation AT/MP, les partenaires sociaux avaient imaginé un fonds de formation mutualisé et spécifique pour les salariés en incapacité de pouvoir poursuivre leur activité professionnelle. On pourrait tout à fait s’inspirer de cette mesure pour mettre en place un dispositif de gestion de carrières à destination des salariés de TPE jugés inaptes par la médecine du travail à l’exercice de leur métier. Ils pourraient ainsi disposer d’un outil de reconversion. Ce serait beaucoup plus approprié qu’un « index senior » que les patrons de TPE seraient bien incapables de déployer dans leurs entreprises.
Jugez-vous le compte épargne-temps universel comme un dispositif adapté aux TPE ?
J.-C. R. : Non. Là encore, nous avons validé la volonté des organisations syndicales de travailler sur le Cetu, mais pour les TPE, si ce n’est pas un service externalisé et mutualisé à un échelon supérieur, cela ne pourra pas fonctionner.
Quel niveau serait le plus pertinent, selon vous ? Celui de la branche ou l’interpro ?
J.-C. R. : Je pense que l’interpro serait à même de pouvoir porter les dispositifs collectifs, mais il faut aussi permettre aux branches d’apporter une véritable plus-value à destination de leurs entreprises adhérentes. Mais toutes ne sont pas suffisamment outillées pour pouvoir prendre en charge ce type de gestion externalisée pour les entreprises.