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Idées

Les inconnues du second semestre

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.06.2008 | Bernard Brunhes

L’EUROPE SOCIALE EN QUESTION

Le Ier juillet, la France prend la présidence du Conseil européen. Le chef de l’État a fait connaître les priorités qu’il souhaitait donner à cette présidence. Les questions sociales n’y figurent pas. Mais l’Europe sociale continue à exister et il y a un agenda social européen en cours. Les grandes années de l’Europe sociale sont passées depuis longtemps. Et la place prise par le Royaume-Uni dans les rapports de force internes aux institutions européennes ne laisse pas présager des lendemains sociaux. À Londres comme dans une majorité des pays européens, on considère que la priorité va à l’économie : la croissance crée l’emploi et l’emploi est la base de toute politique sociale. Back to work, c’est le mot d’ordre britannique, repris par toute l’Union. Et le principe de subsidiarité s’applique dans toute sa rigueur au secteur social : chacun chez soi.

La présidence française risque de ne pas aller très loin dans ce domaine. Mais la France est quand même attendue au tournant. La période est cruciale : la Commission Barroso vit sa dernière année ; l’actuel Parlement aussi. Et 2009 inaugure les nouvelles institutions nées du traité de Lisbonne. La triste expérience du référendum raté montre que l’Europe ne pourra continuer à se construire si elle n’est pas une Europe des citoyens : comment pourraient-ils se sentir concernés si le social est oublié ?

LES AVANCÉES DU SARKOZYSME

Il y a un domaine dans lequel il faut reconnaître que la première année du nouveau quinquennat a marqué des points : le dialogue entre partenaires sociaux. La gestion habile de la réforme des régimes spéciaux passant par un vrai dialogue avec le syndicat dominant dans les principales entreprises concernées, l’accord interprofessionnel sur la flexicurité, imparfait, certes, mais marquant une volonté des syndicats et du patronat de faire évoluer les contrats de travail, la position commune sur la représentativité permettant le dégel d’un dossier lancinant : tout cela n’aurait pas été possible sans les interventions du gouvernement et de l’Élysée. Il ne faudrait évidemment pas en rester là, mais un vent nouveau a soufflé qui peut amener une vraie transformation de nos relations sociales figées et inefficaces.

DES MANIFS SUR LE POUVOIR D’ACHAT ?

Depuis vingt ans, toutes les manifestations, tous les conflits, toutes les revendications nationales portaient sur l’emploi et le chômage, si l’on excepte les protestations traditionnelles des services publics (défense à la fois idéologique et corporatiste du service public). L’emploi semble passer au second rang, bien que la France vive encore un chômage de masse et des restructurations douloureuses. Retour de l’inflation, prix du pétrole et de l’immobilier, faible croissance et donc salaires en berne, tout concourt à relancer les revendications sur ce pouvoir d’achat dont le président avait imprudemment annoncé la priorité. Au-delà des péripéties que constituent les manifestations nationales traditionnelles dans les transports publics ou l’Éducation nationale, c’est peut-être de ce côté que l’on risque d’assister à des mouvements de protestation auxquels il sera difficile de répondre.

Auteur

  • Bernard Brunhes