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Éditorial

La gravité de la crise nécessite un pacte social

Éditorial | publié le : 01.04.2009 | Denis Boissard

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La gravité de la crise nécessite un pacte social

Crédit photo Denis Boissard

C’est la douche froide ! Dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee prévoit que, si l’activité ne rebondit pas au second semestre, l’année 2009 pourrait se solder par un recul de 3 % du PIB. La France entrerait dans sa plus sévère récession depuis la Seconde Guerre mondiale. L’évolution du marché du travail s’annonce, elle, calamiteuse : en l’espace de six mois, près de 400 000 emplois seraient détruits dans le secteur marchand, et 280 000 personnes de plus pointeraient au chômage.

Nous sommes dans une situation qui, par sa brutalité et les dégâts collatéraux qu’elle génère, ressemble à la crise économique de 1993 : la France avait alors connu une chute de 0,9 % de son PIB. La déferlante des charrettes de licenciements – qui avaient, pour la première fois, touché de plein fouet une population cadre jusqu’alors plutôt épargnée – a laissé un souvenir amer dans les esprits. C’est de cette période que date le fossé durable qui s’est creusé entre les salariés, y compris l’encadrement, et l’entreprise.

Les employeurs ont-ils retenu la leçon ? Certes, on compte toujours des patrons opportunistes qui profitent de la crise pour chercher à améliorer encore la profitabilité de leur firme en taillant dans leurs effectifs. Mais, alors que nous entrons dans une récession beaucoup plus violente qu’en 1993, nombre d’entreprises s’efforcent aussi, avant de se résoudre à mettre en œuvre un plan social, de sauvegarder leurs compétences en jouant sur toute une palette d’alternatives au licenciement : recours au chômage partiel, liquidation anticipée des jours capitalisés en épargne temps, des JRTT et des congés payés, incitation à utiliser les droits acquis au titre du DIF, prêt de main-d’œuvre à d’autres entreprises…

Jusqu’à quand pourront-elles différer les licenciements ? Le risque pour les plus fragilisées est qu’elles ne puissent le faire longtemps. L’urgence devrait donc conduire l’État et les partenaires sociaux à se mettre autour d’une table afin, parallèlement aux mesures de relance, de bâtir des solutions opérationnelles pour préserver l’emploi, sécuriser la situation des victimes de PSE et assurer leur employabilité. À l’instar de la négociation sur l’emploi en cours dans la métallurgie, du plan d’actions en faveur de la filière automobile récemment conclu en Lorraine, ou du pôle de mobilité régional lancé par STMicroelectronics et d’autres en Isère.

Pendant ce temps, les syndicats défilent, ce qui a au moins pour vertu de canaliser la colère des salariés. Laurence Parisot s’indigne de leur « démagogie » mais ne trouve rien à redire aux stock-options que voulaient s’octroyer les dirigeants de la Société générale. Quant au gouvernement, il propose aux partenaires sociaux de négocier sur le dialogue social dans les PME, la gouvernance des entreprises, le paritarisme, la place des institutions représentatives du personnel et la conciliation travail/vie de famille… Sont-ce vraiment là les priorités du moment ?

Auteur

  • Denis Boissard