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Arrêts-maladie : les TPE et PME de plus en plus touchées

Maladies professionnelles | publié le : 22.04.2024 | Gilmar Sequeira Martins

Avis d'arrêt de travail

Dans les TPE, la moyenne des arrêts est plus élevée, s’établissant à 21 jours, contre 17 jours en moyenne pour l’ensemble des entreprises.

Crédit photo PHILETDOM/Adobe Stock

Plutôt épargnées, les TPE et les PME voient augmenter fortement l’absentéisme pour cause de maladie. Vont-elles se retrouver en plus mauvaise posture que les grandes entreprises ? La composition de leurs effectifs multiplie la probabilité de voir ce scénario devenir réalité.

L’absentéisme pour maladie n’épargne plus les TPE. C’est le grand enseignement du dernier baromètre annuel publié par Malakoff Humanis qui montre une évolution contrastée1. Premier constat : la moyenne de l’absentéisme pour maladie revient à son niveau de 2021 avec 42 % des salariés arrêtés au moins une fois dans l’année, soit un retour à la moyenne annuelle observée depuis 2015, à l’exception de 2019 (36 %) et 2020 (38 %). Les arrêts de 4 à 30 jours constituent la grande majorité (62 %), suivis par ceux de 1 à 3 jours (28 %). Seule une minorité (10 %) dure plus de 30 jours.

Deuxième constat : le chassé-croisé entre les tendances des TPE et celle des grandes entreprises. Les entreprises de moins de 10 salariés enregistrent la plus forte progression, soit une hausse de 10 points entre 2021 et 2023. Leur taux d’absentéisme pour maladie atteint 40 % en 2023. Dans les grandes entreprises, comptant 1.000 salariés et plus, c’est le mouvement inverse qui se produit, avec une décrue spectaculaire. Entre 2021 et 2023, leur taux d’absentéisme pour maladie baisse de 16 points, passant de 49 % à 33 %.

De plus en plus d'arrêts pour cause psychologique

Dans les TPE, la moyenne des arrêts est plus élevée, s’établissant à 21 jours, contre 17 jours en moyenne pour l’ensemble des entreprises. Si les affections ordinaires (grippe, rhume, angine, gastro-entérite, etc.) sont la première cause de cessation d’activité (35 % du total), les accidents et les traumatismes arrivent en deuxième position (16 %), et les causes psychologiques en troisième (10 %). Dans les établissements comptant de 10 à 49 salariés, les affections ordinaires arrivent aussi en première position (37 %), mais elles sont suivies par les troubles psychologiques (17 %). En troisième position arrivent, ex-æquo, les troubles musculo-squelettiques et les accidents/traumatismes (12 %).

Comment expliquer une dégradation aussi rapide ? Les analystes de Malakoff Humanis avancent différents facteurs. Parmi les premiers figure l’érosion de l’engagement des salariés. Dans les petites entreprises, entre 2018 et 2023, le pourcentage de salariés ayant une note de 9 ou de 10 sur 10 à leur engagement au travail est passé de 61 % à 48 %. Dans celles de 1.000 salariés et plus, il s’est littéralement effondré, passant de 35 % à 26 %.

La « présence de fragilités plus nombreuses » peut aussi expliquer la dégradation de la situation. Ainsi, par rapport aux salariés travaillant dans une entreprise de 10 à 49 salariés, ceux des TPE sont plus nombreux à présenter au moins une fragilité (25 % c. 20 %), à souffrir d’une maladie chronique ou grave (23 % c. 15 %), à se trouver en position d’aidant (28 % c. 17 %), à vivre une situation familiale compliquée (14 % c. 9 %). Ils sont aussi nombreux à devoir composer avec des difficultés financières (26 % c. 25 %).

37 % des dirigeants prévoient une hausse de l'absentéisme

Le baromètre de Malakoff Humanis relève aussi que les TPE et PME comptent parmi leurs effectifs davantage de salariés exposés aux arrêts-maladies. Près d’un tiers (32 %) ont moins de deux ans d’ancienneté (c. 15 % dans les grandes entreprises). Par ailleurs, 46 % de leurs salariés ont moins de 40 ans, or c’est parmi les moins de 35 ans que se trouvent les salariés les moins engagés. Entre 2020 et 2023, le taux d’engagement de cette catégorie d’âge a encore baissé.

En 2020, 29 % des salariés de moins de 35 ans attribuaient une note de 9 ou 10 à leur engagement au travail. En 2023, ce taux n’était plus que de 23 %. Dans les grandes entreprises, les plus de 40 ans représentent 65 % des effectifs, or leur taux d’engagement est supérieur : en 2023, il atteint 37 % pour les salariés âgés de 35 à 49 ans et 45 % pour ceux âgés de 50 ans et plus. L’étude de Malakoff Humanis note aussi que 37 % des dirigeants estiment que l’absentéisme va s’accroître du fait de la diminution de l’engagement et des désaccords avec les orientations de l’entreprise.


(1) Étude de Malakoff Humanis : Absentéisme 2023 : une augmentation continue dans les petites entreprises. Données recueillies en 2024 sur l'absentéisme de l'année 2023. 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins