logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Nexter «joue» pour maintenir des salariés handicapés dans l'emploi

Les pratiques | publié le : 12.01.2010 |

Chez Nexter, filiale de Giat Industrie, les membres du CHSCT sont les premiers utilisateurs d'un jeu de formation conçu par Alyzo sur le maintien dans l'emploi des salariés handicapés.

«Le handicap est une question gênante. Mieux vaut l'aborder par une démarche qui permette de la distance. » C'est ainsi que Jean-Yves Latre, responsable de la mission handicap de Nexter (270 personnes), filiale de Giat Industrie fabriquant des «systèmes d'armes» (artillerie, blindés...), a opté pour la ludo-pédagogie.

«Nexteriser» les réponses

Les 70 membres de son CHSCT ont été, cet automne, les premiers utilisateurs d'un jeu de formation, «Andy Cap», conçu par l'organisme spécialisé Alyzo, sélectionné sur appel d'offres. « Ils ont, en effet, à donner un avis sur les maintiens dans l'emploi », rappelle Jean-Yves Latre. Dix groupes ont suivi chacun une journée de cette formation, pour un budget total compris entre 10 000 et 12 000 euros.

« Après un temps de débat impulsé par du photolangage, quatre équipes sont constituées autour du plateau de jeu, explique la directrice d'Alyzo, Isabelle Oriot. Tous les joueurs « sont » des managers, car le but est qu'ils voient comment ils peuvent soutenir ces derniers dans la réalité. » Chaque équipe est confrontée à deux situations : le maintien dans l'emploi d'un salarié handicapé et le comportement d'un autre employé, pour lequel on note des changements, des erreurs professionnelles, etc. « Tout l'enjeu est de comprendre à quel moment et par quels indices on doit se sentir alerté, poursuit la conceptrice, et de savoir qualifier la situation. Lorsqu'une équipe y est parvenue, elle est invitée à prendre des rendez-vous, dans le bon ordre, avec différents acteurs - le collaborateur, le RRH, le médecin du travail, un organisme extérieur, etc. » Jean-Yves Latre a coanimé les dix séances de jeu, afin, à chaque fois, de «nexteriser» les réponses, c'est-à-dire de citer les procédures internes et les contacts adéquats.

Le jeu comporte, enfin, des cases complémentaires : «quiz» sur le cadre légal ou encore «challenge», qui nécessite de convaincre un responsable de département d'intégrer une personne handicapée ou encore d'expliquer à un salarié l'intérêt qu'il trouverait à demander la «reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé» (RQTH).

Savoir convaincre

«Savoir convaincre» était aussi le but d'une formation animée en septembre - sur une demi-journée - par les comédiens de la compagnie Guichets fermés (également sélectionnée sur appel d'offres), pour tous les membres de la mission handicap de Nexter : référents des différents sites, médecins du travail, responsables des achats (concernés par la sous-traitance au secteur protégé) et de la communication interne. « Avec les acteurs, ils ont appris à prendre conscience de leur rôle pour mieux le jouer, c'est-à-dire le défendre », explique Marion Ferlin, de Guichets fermés.

Dynamiter les peurs

Lors de leur prise de fonction, ces membres de la mission handicap sont formés aux différents types de handicap, par confrontation avec des formateurs eux-mêmes handicapés, selon le principe de l'organisme belge intervenant, Horizon 2000. « Cela dynamite les peurs », assure Jean-Yves Latre, qui ajoute : « Nous avons choisi les bonnes méthodes. Depuis un an et demi, une trentaine de salariés ont demandé la RQTH, et nous approchons, aujourd'hui, les 6 %. » En 2010, l'accord interne sur le handicap doit être renouvelé, mais, « quoi qu'il arrive », ces actions financées par le budget de la mission handicap seront prolongées. Nexter affichait un taux d'insertion de salariés handicapés de 5,39 % en 2008, et l'estime, pour l'année 2009, à 5,8 %.