Alors que les situations d'ascension sociale demeurent majoritaires en France, la peur du déclassement, voire de la pauvreté, est un phénomène social massif, alors que l'Hexagone consacre un tiers de son PIB aux dépenses de protection sociale.

Le rapport du CAS, organisme gouvernemental qui a pour mission d'éclairer le gouvernement dans la définition et la mise en oeuvre de ses orientations en matière économique, sociale, environnementale et culturelle, passe en revue les différentes dimensions du déclassement : scolaire, professionnel, salarial, statutaire... On y apprend que, pour rester minoritaire, le déclassement n'est pas un pur fantasme des Français puisqu'il concerne quand même un actif sur quatre ou cinq, selon le sociologue Camille Peugny, mais, surtout, qu'il présente plusieurs aspects.

Si le déclassement scolaire, lié à la massification des études, n'est pas avéré, la menace de déclassement structural de l'ensemble de la population moyenne salariée, déjà évident aux Etats-Unis ou en Allemagne, doit être envisagée avec sérieux, tandis que le fossé générationnel entre les baby-boomers et les jeunes générations est évident.

Mais, au-delà des chiffres et de la nécessité de distinguer tous les aspects du déclassement, ce que les auteurs du rapport cherchent à mettre en évidence sont les causes du ressenti de déclassement, entendu comme un décalage entre les aspirations subjectives et les possibilités sociales de leur satisfaction objective. La dimension de frustration dans le ressenti du déclassement exige de revoir les mécanismes de sécurisation des trajectoires comme les principes de solidarité.