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Enquête

Comment les RH passent au vert

Enquête | publié le : 03.03.2009 |

Typologie des pratiques les plus déployées par les entreprises pour associer les salariés à la politique de préservation de l'environnement.

Sensibiliser les salariés

Sensibilisations, formations, e-learning : des actions classiques, autour d'une publication périodique interne dédiée (Nature & Découvertes), de messages personnalisés de la direction, brochures, affichages, site intranet (Saint-Gobain, Bouygues, HSBC...), de conférences et de débats (BNP Assurances avec Hubert Reeves, L'Oréal en partenariat avec la Fondation Nicolas Hulot). Les formations aux enjeux de la préservation de l'environnement sont aussi utilisées, en particulier avec des modules de e-learning (STMicroelectronics, Sanofi).

Challenges : les incentives sont aussi un moyen de faire progresser la prise de conscience des enjeux. HSBC a lancé, en 2008, un concours d'idées intitulé «HSBC agence verte». « Il n'est pas si simple de mobiliser l'ensemble des collaborateurs en agence, explique Marine de Bazelaire, directrice développement durable chez HSBC. Et nous souhaitions faire progresser notre communication auprès du réseau. » Environ 10 % des 400 agences ont candidaté. Rip Curl réalise des «challenges réguliers» (carbone, papier...). Sanofi a lancé des Trophées climatiques, en 2007 et 2008, aboutissant à des réalisations (bâtiments, flotte...). Alcatel, Air France, EDF... organisent également des challenges.

Réseaux de correspondants développement durable : utiles à la diffusion de l'information et à la sensibilisation des salariés, ils sont mis en oeuvre sur la base du volontariat (HSBC, Ville de Saint-Denis, Nature & Découvertes...). Cette mission est parfois primée, parfois récompensée (chez HSBC, par la participation à un programme européen de recherche sur le climat mené à Oxford).

Déploiement ISO 14001 : la principale certification environnementale permet à certaines entreprises de communiquer auprès de l'ensemble des salariés. Chez Nature & Découvertes, le renouvellement de la certification fait partie des critères de l'intéressement.

Ecochantiers : réservés aux volontaires, ils permettent des contacts avec le monde associatif, les collectivités locales, voire les scolaires. Dans une SSII comme D2SI, dont les salariés sont en poste chez des clients, les écochantiers fournissent même l'occasion de renforcer les liens entre collaborateurs. Hors temps de travail, mais organisés par l'entreprise, ou sur le temps de travail, selon les cas.

Prendre en compte les déplacements

PDE : les plans de déplacement d'entreprises sont des outils déjà anciens. Celui de ST Microelectronics, à Grenoble, est le plus abouti de France et il a fait école dans ce bassin d'emploi (lire p. 31). Négociés avec les partenaires sociaux, les collectivités locales et parfois les entreprises de transports publics, ils visent à limiter l'usage des véhicules particuliers (navettes, vélos mis à disposition, création de pistes cyclables...). Le Leclerc de Pont-Labbé (29) va même plus loin dans cette logique en proposant des vélos électriques à ses salariés, mais aussi en privilégiant un recrutement aussi local que possible.

Ecoconduite : La Poste, Véolia Transports et d'autres forment leurs chauffeurs à une conduite qui limite la consommation de carburant.

Charte transports : dans leur politique de remboursement de frais professionnels, de plus en plus d'entreprises imposent l'usage de modes de déplacement peu polluants, comme le train. L'avion n'étant utilisable qu'au-delà de certaines distances.

Note de frais carbone : Nature & Découvertes utilise, à titre pédagogique, une double comptabilité euro/carbone pour les notes de frais de ses collaborateurs. Leurs déplacements entrent d'ailleurs dans la comptabilisation des rejets de CO2 réalisée pour le bilan carbone, outil diffusé par l'Ademe. Il est aujourd'hui volontaire ; 1 200 bilans ont été réalisés, dont 1 000 dans des entreprises en 2008, contre 220 au total en 2007.

Flotte d'entreprise : outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, celle du budget consacré à la flotte est recherchée. Voilà pourquoi bon nombre d'entreprises et de gérants de parcs automobiles revoient les caractéristiques des voitures utilisées, notamment avec une réduction des cylindrées. La taxe sur les véhicules de société (TVS), introduite dans la loi de finances de 2006, s'applique chaque année aux voitures particulières (donc hors utilitaires), selon l'émission de CO2 indiquée sur la carte grise, et quel que soit le mode d'acquisition (dont la location longue durée). De quoi sensibiliser toutes les entreprises, alors que les plus vertueuses, comme Nature & Découvertes ou le groupe Lea Nature, installé près de la Rochelle et spécialisé dans les cosmétiques naturels, trouvent, en outre, un moyen de renforcer leur image en passant au tout hybride.

Limiter les consommations

Sensibilisation, stickers : affichettes et autocollants appliqués auprès des interrupteurs ou des photocopieuses font partie des initiatives les plus classiques.

Formations aux écogestes : les actions portant sur des comportements respectueux de l'environnement «montent en puissance» dans les rapports de développement durable. En interpellant autant le citoyen que le salarié, elles nécessitent d'être complétées par des formations métiers plus spécifiques, pour ne pas susciter des réactions négatives pointant des incohérences dans le discours de l'entreprise, préviennent Novethic et Des Enjeux & des Hommes.

Intéressement vert : Bruneau (matériel de bureau) et Sojinal (agroalimentaire) sont des pionniers. La ville de Saint-Denis, qui avait instauré la pratique d'un reversement direct aux services vertueux d'une part du budget des fluides qu'ils avaient économisés, a mis la mesure en sommeil pour cause d'augmentation des prix de l'énergie (lire p. 28). EDF s'est aussi doté d'un accord d'intéressement, signé en juin 2008, qui comporte essentiellement des critères de développement durable, en particulier environnementaux.

« L'exercice est néanmoins délicat, prévient François Fatoux, délégué général de l'Orse. Il faut pouvoir faire le lien entre des enjeux stratégiques et les indicateurs définis, ne pas dissocier les enjeux d'environnement et les conditions de travail - on peut imaginer que la réduction de la consommation de papier se traduise par des problèmes d'égal accès à l'information, ou que la réduction des consommations d'énergie dans les locaux, ou encore des contraintes sur les modes de transports, aient des conséquences sur les conditions de travail. »

Chez Alcatel-Lucent, la direction et les syndicats n'ont pas pu s'entendre sur l'intégration des critères environnementaux dans le dernier accord d'intéressement, faute de trouver des indicateurs pertinents.

G. L. N.

SKF : une boîte à idées spécial environnement

Réduire de 5 % les émissions de CO2 de chacun de ses sites. Tel est l'objectif que se fixe chaque année SKF, un groupe industriel suédois spécialisé, notamment, dans les roulements. Dans la boucle, l'ensemble des salariés dont l'inventivité et le système D ont servi de démarreurs.

Cette politique globale a pris sa source il y a quatre ans, à Fontenay-le-Comte, sur le site de production vendéen du groupe. Sensibilisé à la performance environnementale via la norme ISO 14001, le bureau d'études s'était alors interrogé : les énergies sont-elles gérées correctement ? « Immédiatement, un audit est lancé visant à dresser un état des lieux des équipements et des consommations afin d'inspirer des mesures d'économies d'énergie », présente Fabien Appel, coordinateur environnement, hygiène, sécurité (EHQ) pour la France, à l'époque DRH du site. Les premières baisses de consommation constatées, et c'est le responsable des méthodes groupe qui s'est emparé de la démarche et l'a diffusée à l'ensemble des 80 sites sur la planète.

Dans la foulée, le groupe a souhaité sensibiliser ses 44 000 salariés dans le monde à travers une journée de formation, animée entre 2007 et 2008. « Ils étaient informés sur le réchauffement climatique. Le propos étant de montrer sur quoi il est possible d'agir en entreprise pour accompagner la réduction des émissions de CO2. Ensuite, nous avons fait le lien avec la responsabilité sociétale de toute entreprise au sein de la collectivité », explique l'ancien DRH.

Propositions des salariés

A l'issue du stage, il était demandé aux salariés, réunis par groupes de vingt personnes, de se creuser les méninges pour une meilleure gestion des énergies et des déchets. « Ils n'ont pas manqué d'inspiration. Les propositions ont autant porté sur des améliorations techniques d'ateliers et d'équipements de production que sur des moyens d'optimisation des consommables, sans oublier l'installation de panneaux photovoltaïques et de systèmes de captation d'eau de pluie, le changement des fenêtres, la baisse du chauffage de 2 degrés, la mise en place de systèmes facilitant le transport quotidien au travail (covoiturage, transport collectif, système de ramassage comme pour le scolaire...) ou encore la participation et l'organisation à des journées d'actions écologiques destinées à préserver des zones naturelles menacées », énumère ce dernier.

Au coordinateur EHQ de chaque site d'intégrer l'ensemble de ces suggestions à son périmètre. Ce qui se fait progressivement.

CÉLINE LACOURCELLE

SKF FRANCE

• Activité : systèmes de lubrification, roulement et mécatronique.

• Effectifs : 4 200 salariés.

• Chiffre d'affaires : 890 millions d'euros.