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Les pratiques

Les industriels savoyards convertis à la GPEC

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 09.12.2008 |

Vingt et une entreprises savoyardes utilisent depuis un an un logiciel de GPEC qui alimente aussi une base de données collective, exploitable par les organisations patronales et le service public de l'emploi. Après une période expérimentale, le dispositif vient d'être reconduit.

Elles se flattent d'avoir lancé la première GPEC interentreprises dans leur branche et se promettent de la faire durer. Deux organisations patronales savoyardes, l'Union des industries de la Savoie (UI 73) et le Syndicat professionnel des industries électrométallurgiques et électrochimiques du Grand Sud, ont reconduit, en novembre, avec l'Etat, une convention qu'elles avaient signée le 13 décembre 2007, pour une action expérimentale d'une durée d'un an.

Les 21 entreprises participantes rempilent. Elles regroupent le tiers des emplois industriels du département. Soit 4 249 salariés, à l'exception des ingénieurs et cadres : « Ceux-ci relèvent plutôt d'un marché de l'emploi national, tandis que nos problématiques - recrutement, formation et mobilité professionnelle - relèvent clairement du bassin d'emploi », justifie le directeur départemental du travail, Bruno Dupuis.

Le bilan établi par ces partenaires, en novembre dernier, ne fait état que d'enseignements collectifs. Il en va, par exemple, du positionnement des personnes vis-à-vis de leur emploi. Il est jugé satisfaisant pour 77 % des salariés. Mais 360 salariés (soit 8 % des effectifs) ont des difficultés à tenir leur poste de travail : il s'agit des nouveaux arrivants et de ceux dépourvus des qualifications nécessaires. A l'inverse, 630 personnes (près de 15 %) pourraient accéder rapidement à un emploi de niveau supérieur.

Des projections sur l'emploi

La situation démographique du bassin est, elle aussi, mieux connue. Les partenaires sont en mesure de faire ressortir l'effectif des seniors pour chaque type d'emploi. Pour se maintenir à effectifs constants, les entreprises savent qu'elles devront procéder à 455 recrutements en 2009. Et en réaliser 740 autres deux années plus tard. Leurs projections concernent encore les besoins de formation initiale et continue, à deux, trois et cinq ans, filière par filière. Dans les métiers de la mécanique, par exemple, il a été constaté que le manque de candidats de niveau bac pro serait criant d'ici à trois ans : le vivier local des sorties d'établissements de formation s'établit à 160 personnes de niveau IV, alors que la métallurgie savoyarde en demandera 380.

Cinq grandes filières professionnelles

Ces résultats sont tirés de l'agrégation des données sociales des entreprises, qui ont utilisé pour elles-mêmes un logiciel développé par Altedia, l'opérateur choisi aussi pour coordonner l'expérimentation. Ses consultants ont d'abord animé trois séminaires pour que les employeurs partagent un «langage commun» en matière de GPEC. Résultat : les entreprises sont convenues d'inscrire leurs spécialités dans cinq grandes filières professionnelles (fusion des métaux, conduite d'installations, mécanique-outillage, électricité-électromécanique et logistique). Pour chacune, huit niveaux de compétence ont été définis. Ces niveaux s'appliquent aux opérateurs (niveaux 1 et 2), aux ouvriers professionnels (niveaux 3, 4 et 5) et aux agents de maîtrise (niveaux 6, 7 et 8). Le dispositif ne tient pas compte des coefficients de la convention collective de la métallurgie.

Cinq consultants ont, par ailleurs, assuré des interventions en entreprise, de trois à dix jours selon les cas. « Le principe était de travailler, en premier lieu, sur le contenu des emplois, puis d'y rattacher les hommes par niveau de compétence, pour, enfin, mesurer, chez chaque salarié, l'écart entre les compétences visées et celles acquises », résume Béatrice Peyrin, responsable GPEC d'Altedia Sud-Est. En reportant ses informations dans le logiciel, chaque DRH alimente, du même coup, la base de données savoyarde. « Toutes les données individuelles restent confidentielles, souligne la consultante. Hormis ses données internes, l'entreprise n'accède qu'aux tendances du bassin d'emploi. »

Réviser l'offre de formation

A l'UI 73, le secrétaire général François Cleyet-Merle assure que « toutes les entreprises ont joué le jeu, à leur rythme, et en associant les IRP ». En 2008, l'action avait coûté 123 000 euros (50 % DDTEFP ; 50 % entreprises). Les séminaires avaient été financés par les organisations patronales. Quatre sociétés devraient rejoindre le dispositif en 2009. Il est aussi prévu de débloquer 36 000 euros (DRTEFP, syndicats professionnels) pour établir un plan d'action : réviser l'offre de formation et intervenir auprès des salariés vulnérables.

Chez Areva T & D (800 salariés à Aix-les-Bains), Jean-Patrick Bailhache, DRH, approuve : « Nous avons besoin de promouvoir la filière et de maintenir des sections de formation en nombre suffisant. Les capacités des structures de formation sont encore en décalage avec les besoins des entreprises. »