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Enquête

La protection sociale en bout de ligne

Enquête | publié le : 03.04.2007 | éric Delon

La direction des achats et celle des ressources humaines de SNCF Participations espèrent faire baisser les prix des assurances complémentaires en en professionnalisant l'achat.

Peu connu du grand public, SNCF Participations est le holding financier qui gère la quasi-totalité des filiales et participations de la SNCF (657 filiales, 49 entreprises, dont Geodis, Keolis, voyages-sncf.com...). Désireux de mutualiser et d'optimiser la politique RH du groupe, Mickael Talmo, le directeur des relations humaines et sociales (ainsi que des affaires juridiques et des services généraux) du holding, a entrepris d'élaborer une politique RH commune aux différentes entreprises qui composent le groupe. « Les petites sociétés de SNCF Participations ne possèdent, bien souvent, ni service RH ni DRH proprement dits. En général, ce sont les secrétaires généraux ou les directeurs administratifs et financiers qui font «office de». Les dirigeants de ces filiales n'hésitent donc pas à se tourner vers moi pour être conseillés sur leur politique RH dans le sens large du terme », note Mickael Talmo.

Rendez-vous trimestriels

Par ailleurs, il rassemble, quatre fois par an, l'ensemble des DRH du groupe dans le cadre d'un «Club des DRH». Au menu : discussion autour d'un thème, intervention d'experts ou d'intervenants du monde RH. « Nos échanges, vifs et constructifs, nous ont confortés dans notre souhait de bâtir une politique RH optimisée, en faisant notamment appel à la direction des achats. »

Résultats de ces consultations DRH/direction des achats : une démarche d'achat, dès début 2006, de prestations d'assurances complémentaires et de prévoyance, après un minutieux audit de l'offre globale du marché. « J'avais déjà expérimenté cette démarche pour les cabinets d'avocats qui nous accompagnent », précise Mickael Talmo. Objectifs de cette démarche : professionnaliser le process commercial, mais, aussi et surtout, diminuer substantiellement les tarifs afin d'utiliser l'argent économisé au profit d'autres prestations RH à plus forte valeur ajoutée. « Les prestations d'assurances complémentaires ou de capital-décès sont standardisées. Il est donc possible d'utiliser une démarche d'achat classique à l'image d'une flotte de véhicules ou de matériels », précise Mickael Talmo, qui souligne qu'en revanche, les prestations RH de proximité (gestion des compétences, formation) demeureront internalisées.

La suite ? « Nos responsables RH commencent à s'échanger les noms des cabinets de recrutement qu'ils utilisent. Dans quelque temps, peut-être, pourra-t-on également standardiser cette démarche », indique Mickael Talmo, qui avoue s'inscrire dans une démarche de « pur pragmatisme et non purement comptable ».

sncf participations

> Effectifs : 69 000 salariés.

> Périmètre : 49 groupes de sociétés.

> Chiffre d'affaires 2006 : 5,9 milliards d'euros.

Les prestataires RH s'organisent

- LE SYNTEC CONSEIL EN MANAGEMENT a publié, en 2006, un guide sur l'achat de conseil, issu des réflexions d'un groupe de travail, formé en 2004, réunissant cabinets de conseil et acheteurs. Le guide évoque le contexte «difficile», à l'origine de la création du groupe de travail, caractérisé par l'émergence de « la présence forte des services achats ». Prenant acte que, « structurellement, les relations avec leurs «scripteurs» étaient en train de changer », les consultants souhaitaient créer ce groupe de travail « dans l'esprit de diminuer les pressions exercées de part et d'autre ». « A partir de 2000-2001 et de l'éclatement de la bulle Internet, les services achats ont pris la main et sont devenus très durs avec les prestataires, en leur imposant d'être référencés, voire en leur proposant des enchères inversées », relate Bertrand Maguet, coanimateur du groupe de travail achats.

Constatant avec clairvoyance que les cabinets de conseil ont été à l'origine « des économies et de l'amélioration de la productivité dans le domaine des achats », les auteurs du guide rappellent que son objectif « n'est pas de dénoncer cette recherche de performance, mais d'en relever les meilleurs aspects ». Il relève donc les pratiques - bonnes et mauvaises -, en matière de référencement, d'appel d'offres, de contrats et d'évaluation. Bertrand Maguet estime qu'aujourd'hui, « les acheteurs ont acquis de la maturité et qu'ils commencent à renoncer aux enchères inversées ». Pour autant, « nous ne reviendrons jamais à la situation précédente, les acheteurs sont installés durablement », estime-t-il.

- LA FÉDÉRATION DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE (FFP), représentant les prestataires de formation privés, a entrepris une démarche un peu différente : elle ne travaille pas avec des acheteurs mais avec les responsables de formation, représentés par le Groupement des acteurs et responsables de formation (Garf). Cependant, l'esprit reste le même. L'une et l'autre ont signé, en mars 2005, une «charte de partenariat» visant, notamment, « à l'élaboration de bonnes pratiques commerciales et professionnelles et de règles déontologiques ». Cette charte a débouché, en juin 2006, sur un Guide de la relation client-prestataire. Très court (4 pages), il liste les facteurs contribuant à une « relation constructive entre eux », lors de l'appel d'offres, de la formation, de son évaluation, ainsi que financièrement.

Marie-Christine Soroko, déléguée générale de la FFP, précise également qu'elle prévoit de créer un groupe de travail, cette fois, avec des acheteurs, sur les techniques d'achat de formation. Le constat est que la formation professionnelle n'échappe pas au développement de la fonction achat dans les entreprises. Il s'agit d'aider les adhérents à s'adapter à cette logique, sur le modèle de ce qu'a fait le Syntec. « Nous voulons faire connaître aux acheteurs les particularités de l'achat de formation, qui n'a rien à voir avec l'achat de petits pois », explique-t-elle. En attendant, la FFP s'est prononcée très fermement contre les enchères inversées. Dans une lettre à ses adhérents datant de juillet 2005, elle leur recommande de « s'abstenir de répondre aux appels d'offres ayant recours à une telle pratique ».

- LE PRISME (PROFESSIONNELS DE L'INTÉRIM, SERVICES ET MÉTIERS DE L'EMPLOI), pour sa part, dont les adhérents sont également soumis à ces pratiques d'achat, n'a pas produit de code de déontologie, mais une plate-forme de dématérialisation des échanges clients/fournisseurs, baptisée Pixit, à laquelle il s'assure que tout le monde puisse avoir accès.

Auteur

  • éric Delon