La France n'a pas toujours bonne presse à l'étranger. Trop d'impôts, trop d'administration, trop de charges... Au lieu de prendre le problème à bras-le-corps, le gouvernement actuel a échoué à adopter une stratégie industrielle cohérente, selon Jean-Louis Levet.
Les gouvernements successifs ont multiplié la création d'outils administratifs sans vrai fil conducteur. De nombreux rapports, initiés dans l'urgence, ne retiennent que des propositions d'actions erratiques en raison non d'une logique d'ensemble mais d'une gestion médiatique des événements. Création d'un poste de haut fonctionnaire à l'intelligence économique quasiment sans moyens ; naissance de l'Agence de l'innovation industrielle, qui a pour mission de soutenir, sur une base nationale, de grands projets de recherche ; lancement des pôles de compétitivité, dont on ne sait pas comment ils s'articulent avec l'Agence de l'innovation industrielle ; politique industrielle privilégiant les industries de pointe et laissant de côté les industries traditionnelles, qui assurent encore l'essentiel de la croissance...
Jean-Louis Levet, économiste, ne s'en tient pas à une dénonciation générale. Il lève le voile sur un certain nombre de dysfonctionnements qui auraient largement pu être évités, à commencer par le cafouillage d'Airbus, dont la presse s'est récemment emparée.
t Jean-Louis Levet, économiste, est directeur de l'Ires (Institut de recherches économiques et sociales). Il est responsable du pôle «politique industrielle, concurrence, entreprises» au Conseil d'analyse stratégique.