Le chômage baisse. Ces derniers mois, ce postulat gouvernemental est largement repris par les médias. Mais cette baisse n'est réelle que depuis février 2006 et, selon l'auteur, il est douteux qu'elle doive beaucoup à la politique de l'Etat.

Ces bons résultats statistiques semblent, en effet, largement imputables à une démographie favorable et à la multiplication des artifices conduisant à sortir les chômeurs des catégories officielles, voire tout simplement à les radier des listes de demandeurs d'emploi.

Ces mesures consistent, notamment, à renforcer les contrôles, diminuer le montant des indemnités, déréglementer le droit du travail, instaurer le contrat journalier... S'il est donc hasardeux d'attribuer l'embellie actuelle de la situation de l'emploi aux politiques de flexibilité, celles-ci sont, sans conteste, la cause d'une véritable régression sociale.

Tricher, si ce n'est avec les chiffres, au moins avec les réalités, présente un intérêt électoraliste certain, mais ne sert à rien quand il s'agit d'améliorer le sort des hommes et des femmes concernés par le phénomène massif du chômage. Patrick Salmon suggère de remplacer la poudre aux yeux électoraliste par des mesures en direction des travailleurs, telles la garantie permanente d'activité, la garantie constitutionnelle du droit à l'emploi, l'existence d'un vrai salaire lors des changements d'activité...

Autant de propositions qui sont bien loin d'être consensuelles, voire réalistes, mais qui ont le mérite de faire avancer le débat et de poser le problème en termes de travail et de rémunération et non simplement d'emploi.

- Patrick Salmon est syndicaliste à l'ANPE. Il a été directeur d'une agence locale pour l'emploi.