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Enquête

Le New Deal soutenu par une bonne conjoncture économique

Enquête | publié le : 23.05.2006 | Stéphanie Salti, à Londres

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Le New Deal soutenu par une bonne conjoncture économique

Crédit photo Stéphanie Salti, à Londres

En juillet 1997, le gouvernement travailliste de Tony Blair avait lancé la nouvelle donne, the New Deal, afin d'assurer un emploi aux jeunes de 18 à 25 ans. Un programme qui a donné jusqu'à présent des résultats positifs, dans un contexte d'emploi, il est vrai, favorable.

Outre-Manche, les politiques en matière d'emploi des jeunes ne font pas les gros titres de la presse. Et pour cause : le gouvernement travailliste de Tony Blair, au pouvoir depuis mai 1997, n'a lancé, en tout et pour tout, qu'un seul programme d'envergure sous le nom de «The new deal for young people», littéralement «la nouvelle donne pour les jeunes», dans le cadre de sa stratégie «Welfare to Work» ou «le bien-être sur son lieu de travail». Entré en vigueur en avril 1998, au travers d'un financement initial sur cinq ans de 3,82 milliards d'euros, ce programme aux accents rooseveltiens visait à réintégrer des jeunes de 18 à 25 ans au chômage depuis six mois au minimum.

Définition des besoins et des envies

La première étape du New Deal, encore en vigueur aujourd'hui, passe par le «gateway», une période d'une durée de quatre mois pendant laquelle une conseillère-emploi doit définir les besoins et les envies de chaque candidat. Suite à cette série de rendez-vous, les jeunes gens au chômage se voient proposer quatre options : un stage dans une association caritative ; un emploi lié à l'environnement ou à une collectivité locale ; un CDD subventionné dans le secteur privé ou encore une formation complémentaire - passant soit par de l'apprentissage, soit par une remise à niveau. Chacune de ces propositions durent six mois. Petite particularité : les chômeurs qui refusent l'une ou l'autre de ces mesures de réinsertion se voient privés de leurs allocations !

Dès son lancement, le programme a reçu le soutien de près de 4 000 patrons d'entreprise en Grande-Bretagne. A des degrés divers. Le numéro un de la distribution alimentaire Tesco s'était engagé à accorder un entretien d'embauche à tous les candidats au New Deal pour un poste dans ses magasins. Allied Domecq, aujourd'hui dans le giron de Pernod Ricard, avait promis de recruter 1 000 jeunes salariés dans le cadre de ce programme. Enfin, le constructeur automobile Ford s'était engagé à accroître le nombre de postes en formation pour ses jeunes salariés les moins formés.

Les résultats du programme ne se sont pas fait attendre. Dès la première année de mise en application, le chômage des 18-24 ans avait chuté de 40 %, marquant, pour la Grande-Bretagne, un record, avec un taux de chômage au plus bas depuis juillet 1974 : le nombre de jeunes demandeurs d'emploi passant de 119 000 en avril 1998 à 70 900 en avril 1999.

Les effets d'une forte embellie

« Il est certain que le New Deal a eu un impact positif sur le chômage des jeunes, commente John Philpott, économiste senior au sein du CIPD (Chartered Institute of Personnel and Development). Cependant, le taux de chômage aurait baissé quoi qu'il en soit, en raison d'une économie britannique particulièrement florissante à cette époque. »

Apparemment, les bienfaits de cette politique en matière d'emploi des jeunes se sont poursuivis au fil des ans. « Outre la réduction du nombre de jeunes chômeurs, ce programme a aussi eu un impact positif en matière de changement de culture au sein des agences de recrutement. Le service donné aux demandeurs d'emploi s'est beaucoup personnalisé », poursuit John Philpott. Huit ans après la mise en place du programme, l'employabilité des jeunes est une question qui ne se pose plus ou presque plus en GrandeBretagne, reflet d'une économie performante.

D'autres défis doivent, en revanche, être relevés. Les entreprises essaient, en effet, de résoudre les problèmes d'emploi des plus démunis, ceux qu'on appelle les core jobless : anciens détenus, handicapés, SDF ou chômeurs de très longue durée. Des réformes dans ce sens sont attendues par les employeurs.

Grande-bretagne

> Taux de chômage des jeunes : 1,6 %.

> Principale mesure : «The new deal for young people» : accompagnement personnalisé du jeune, proposition d'une formation, d'un emploi, et suppression des allocations en cas de refus.

Auteur

  • Stéphanie Salti, à Londres