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Les Pratiques

Une RTT révisée par la méthode douce

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 15.11.2005 | Christian Robischon

La PME danoise Cattinair, en Franche-Comté, avait fait parler d'elle, à l'été 2004, en essayant, sans succès, de revenir sur les 35 heures. Le chantier a été repris par la voie de la négociation. La réforme Fillon, décidée entretemps, l'a aidée à parvenir à ses fins.

«Il nous faut travailler plus pour gagner 30 % à 40 % de productivité et rester compétitifs face à la baisse des prix de vente. » En ces termes, la direction de Cattinair avait annoncé à ses 235 salariés de Pontde-Roide (Doubs) et de Luxeuil (Haute-Saône) sa volonté de revenir sur la RTT, adoptée en 1998 dans le cadre de la loi Robien. Au programme figuraient la suppression de la moitié des 22 jours de RTT des cadres et des techniciens et la remontée à 37 heures sans hausse de salaire pour les opérateurs et les employés.

Changement d'actionnaire

« La volonté de dénonciation coïncidait avec la fin des aides. Dans la logique de l'employeur, les salariés n'auraient pas été perdants, puisque nous serions quand même passés, en quelques années, de 39 heures à 37 sans perte de salaire, une fois la parenthèse Robien refermée », rapporte Gérard Liégeois, délégué CFDT. Chez ce fabricant d'appareils de dépoussiérage, alors au bord du dépôt de bilan, l'idée avait divisé le personnel, avant d'être rejetée d'une courte tête (52 %) lors d'un référendum, à l'automne.

C'est dans ce contexte qu'est arrivé le nouveau DRH Loïc Freulon, animé de la volonté de « travailler sur d'autres outils qui puissent mieux motiver le personnel », tout en atteignant les objectifs de productivité. En somme, il fallait revoir la copie dans un sens moins abrupt.

Début 2005, l'entreprise a changé d'actionnaire danois, de nom - Dantherm Filtration -, d'équipe dirigeante locale, et elle a négocié avec la CFDT des avenants à l'accord Robien. Tout en recevant un coup de pouce non négligeable : la réforme Fillon qui assouplit les 35 heures. « Que la loi ait apporté un soutien, c'est évident. Mais l'incitation venait de notre propre initiative, il fallait mettre fin aux incohérences internes, tels ces jours RTT pour les cadres, qu'ils n'arrivaient de toute façon pas à prendre, ou ces heures supplémentaires qui n'existaient pas officiellement mais se pratiquaient de fait », expose Loïc Freulon.

Forfait annuel légal pour les 60 cadres

Le chantier a été retardé par des impératifs de réorganisation de la production qui ont amené à décider, mi-octobre, le transfert de 15 postes de production de Pont-de-Roide vers Luxeuil, 80 km plus au nord. Mais il avance. D'ores et déjà, les 60 cadres sont passés au forfait annuel légal de 218 jours (217 jours + 1 jour pour la journée de solidarité). Le même forfait s'applique aux 20 techniciens du service après-vente. La négociation se poursuit quant à son extension aux chefs d'équipe.

Quotas d'heures supplémentaires

Les contingents Fillon d'heures supplémentaires vont prochainement être proposés aux équipes de production et aux employés administratifs. Ils iront jusqu'à 76 heures annuelles, que le salarié choisira de se faire payer (avec la majoration de 25 %) ou de placer dans le compte épargne temps, désormais étendu à toute l'entreprise, alors qu'il était restreint aux plus de 55 ans.

La PME ayant opté pour l'annualisation, les heures supplémentaires s'effectueront par extension de l'amplitude horaire : Cattinair travaillait entre 24 et 42 heures par semaine pour aboutir à une moyenne de 35, Dantherm travaillera de 24 à 50 heures. Gérard Liégeois n'est pas dupe : « Quelque part, ce ne seront plus les vraies 35 heures, mais elles n'étaient déjà plus une réalité pour bon nombre de salariés. »

Les 35 heures malmenées en Alsace

Avis de gros temps sur la RTT dans la métallurgie en Alsace. Les syndicats s'inquiètent de la volonté de remise en cause des 35 heures, en particulier dans la sous-traitance automobile, soumise à la pression sur les prix des constructeurs et des usines soeurs d'Europe de l'Est.

Chez INA/Haguenau (2 600 salariés), spécialiste des roulements en acier, le débat a resurgi en septembre dernier, neuf mois après la fin de l'accord Robien et la remontée de 34 h 30 à 35 heures. A présent, la direction émet l'idée de passer de 35 à 38 heures sans hausse de salaire, avec maintien des effectifs sur au moins cinq ans. « Les salariés y seraient sans doute prêts en échange de la sécurité de l'emploi », avance le DRH André Radière. « La charge de travail ne justifie pas cette remontée. Sans compensation salariale, celle-ci constitue une régression sociale », lui répond Hubert Schwind, secrétaire adjoint (CGT) du comité d'entreprise.

Pour sa part, l'équipementier américain TRW, à Schirmeck (390 salariés), boucle un nouvel accord qui doit supprimer le régime 31 h 30 de travail et 33 heures de présence. L'introduction d'un intéressement en compensation du gel salarial et l'engagement à ne pas réaliser de plan social avant 2009 ont convaincu les représentants du personnel de signer.

Auteur

  • Christian Robischon