« Tout a débuté en 2001-2002, au moment du passage du secteur audiovisuel à la technologie numérique. Nous avons eu peur que les salariés les plus âgés en soient exclus ! », explique Hélène Amousso, responsable du projet «Moderniser avec les seniors». Et pour cause : sur 4 800 permanents de France 3, plus de 1 500 ont plus de 50 ans et près de la moitié, plus de 40. « A cela s'ajoutent les nouvelles dispositions relatives à l'âge du départ en retraite. Soit la nécessité de gérer des carrières plus longues en même temps que la pénurie annoncée de compétences », ajoute la coordinatrice.

Très vite, France 3 évalue les attentes de ses seniors. Tous les plus de 40 ans, quel que soit le niveau de responsabilité, sont invités à répondre à un sondage, en ligne. La conclusion est sans appel : une forte frustration, qui conduirait 70 % d'entre eux à quitter l'entreprise avant l'âge de la retraite si celle-ci les y incitait financièrement. Après 50 ans, point de salut, la carrière est bloquée, indiquent-ils, en particulier dans les filières administratives. Seuls les cadres supérieurs font exception.

En revanche, les seniors répondent présents lorsqu'il s'agit de s'engager dans des actions d'évolution de carrière. « 20 % sont même prêts à changer de métier ou de région. Toutefois, la majorité n'envisagent pas un virage radical. Ils veulent juste terminer leur vie professionnelle dans de meilleures conditions, et si possible transmettre leur savoir-faire », constate Hélène Amousso.

Premier axe d'action pour France 3 : la sensibilisation. Chaque senior a accès à une information personnalisée concernant sa situation au regard de la retraite. Le second volet de «Moderniser avec les seniors» s'articule autour de groupes de travail thématiques, notamment sur les questions de transmission de l'expérience professionnelle, de la formation utile aux seniors et des évolutions de carrière souhaitables. Les recommandations se sont traduites par des actions classiques de formation, notamment en bureautique, ou au multimédia.

Des rendez-vous de mi-carrière ont aussi été instaurés. Sept volontaires des filières techniques et administrative ont ainsi bâti un véritable projet de seconde carrière. A l'instar de cette monteuse qui - en plus de sa fonction - s'est orientée vers un rôle d'interface entre les jeunes et les différents services de l'entreprise. Devenir tutrice lui donne accès à d'autres compétences.

Mais, l'innovation du dispositif tient surtout à son cadre : sélectionné dans Equal, programme européen de lutte contre les discriminations et les inégalités au travail, «Moderniser avec les seniors» a reçu l'agrément du Fonds social européen (FSE). Ce qui se traduit par un financement à hauteur de 50 % du projet alors que le reste est pris en charge par les Opca.

Une limite subsiste toutefois : le faible nombre de salariés, soit à peine 400, à en avoir bénéficié. D'autant que pour la moitié, cela s'est limité à la simple évaluation de leurs droits à la retraite. « Ce premier volet n'avait pas vocation à être exhaustif. Il s'agissait d'engager des chantiers d'expérimentation, des micro actions pour une population pilote », précise Hélène Amousso. Elle lance maintenant une capitalisation de ces bonnes pratiques, pour sensibiliser les RH et les managers.

> Effectifs : 4 800 permanents, dont 1 500 ont plus de 50 ans, et la moitié plus de 45 ans.

> Chiffre d'affaires 2004 : 1 137 millions d'euros.