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Des initiatives qui ne touchent qu'une poignée d'entreprises

SANS | publié le : 07.09.2004 |

Alors que la Cram et la DRTEF viennent de lancer une nouvelle étude sur des secteurs à risque, les organismes de prévention de la région des Pays de la Loire multiplient les initiatives pour juguler l'apparition des cancers professionnels. Mais celles-ci ne touchent que 4,2 % des entreprises.

Médecin inspecteur à la Direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DRTEF) des Pays de la Loire, Annie Touranchet vient de lancer une étude auprès des pressings, des métiers de l'imprimerie et de la métallurgie. Trois secteurs susceptibles d'utiliser des produits cancérogènes. Cette enquête, menée, depuis juin dernier, par trois inspecteurs du travail et une quinzaine de médecins du travail, devrait durer deux ans.

En 2000, déjà, une opération similaire avait été engagée auprès des garages automobiles et des imprimeries pour éradiquer l'éther de glycol. « L'idée est d'identifier les substances cancérogènes, de conseiller et d'accompagner les entreprises dans une démarche de substitution. Beaucoup d'entre elles méconnaissent les risques », affirme Annie Touranchet.

L'amiante fut un des premiers cancérogènes identifiés ou, pour le moins, le premier révélé au grand public. Les Pays de la Loire y ont été lourdement confrontés, notamment dans les secteurs de la construction navale, du bâtiment, de l'isolation, du textile et du caoutchouc.

Cancers mal repérés

« Malgré une prise de conscience dramatiquement tardive des pouvoirs publics, les cancers provoqués par l'amiante sont, aujourd'hui, bien repérés. Ce n'est pas forcément le cas pour les cancers de la vessie ou les leucémies », prévient Jean-François Certin, le "Monsieur cancers professionnels" à la Cram des Pays de la Loire et responsable du groupe national créé par la Cnamts et l'INRS.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Parmi les 83 cancers reconnus d'origine professionnelle - et indemnisés -, en 2003, dans les Pays de la Loire, 74 étaient liés à l'amiante. Les 9 autres concernaient des leucémies, liées à l'utilisation du benzène, et des cancers de l'ethmoïde, liés aux poussières de bois, seconde cause de cancers professionnels après l'amiante dans une région où l'industrie du bois est fortement implantée.

Peu d'entreprises surveillées

Selon la Cram des Pays de la Loire, des milliers d'entreprises sont, potentiellement, concernées parmi les 70 000 établissements inscrits au régime général. Si la lutte contre les cancérogènes ne date pas d'hier, la caisse régionale reconnaît ne toucher que 4,2 % des entreprises - les plus importantes -, soit environ 30 % des salariés de la région.

La Cram et la DRTEF ne ménagent pourtant pas leurs efforts. Elles s'efforcent, parallèlement, de sensibiliser les "préventeurs", les contrôleurs de la Cram, les inspecteurs du travail, les chefs d'entreprise et les responsables des CHSCT. Le laboratoire de prévention des risques de la Cram Pays de la Loire organise, ainsi, des analyses dans l'industrie du caoutchouc.

Campagnes de substitution

Les campagnes nationales de substitution de fibres céramiques réfractaires et du bérilium sont correctement relayées dans la région. Avec la Drire, des opérations de prévention sur la silice (minéral utilisé, notamment, dans les fonderies, carrières, et par les prothésistes dentaires) sont également déployées.

Le site Internet du laboratoire fournit, en outre, des outils de substitution pour éliminer le trichloréthylène, utilisé en mécanique comme solvant de dégraissage.

A la prévention s'ajoutent les contrôles et l'accompagnement des entreprises dans des opérations de substitution. Une centaine d'établissements de l'industrie du bois sont, ainsi, contrôlées chaque année, débouchant sur une trentaine de campagnes de mesure du risque. L'étape suivante consiste en la signature d'un contrat de prévention pour un à deux ans entre la Cram et l'entreprise. Celle-ci bénéficie, alors, d'une aide financière pouvant atteindre 15 % à 20 % de l'investissement.

PAYS DE LA LOIRE

Nombre d'établissements : 70 000 inscrits au régime général de la Sécurité sociale.

> Cancers d'origine professionnelle : 83 reconnus en 2003, dont 74 liés à l'amiante.