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Reconversion efficace pour les anciens du Havre

SANS | publié le : 26.02.2002 |

Deux ans et demi se sont écoulés depuis l'annonce de la fermeture des Ateliers et chantiers du Havre (ACH) et les premiers licenciements. La cellule de reclassement a atteint ses objectifs : la quasi-totalité des 879 anciens salariés ont retrouvé du travail.

Si, à l'époque, lors des négociations du plan social, on nous avait garanti de tels résultats, nous aurions signé beaucoup plus vite. » Jean-Louis Jégaden, ex-délégué CGT des ACH, aujourd'hui président de l'association des anciens, affiche une certaine satisfaction. Au 1er février dernier, plus de la moitié des salariés sont de nouveau en CDI. Près de 180 bénéficient d'un dispositif de cessation anticipée d'activité et les autres se partagent entre l'intérim, la création d'entreprise et un projet de vie personnel. Moins d'une cinquantaine d'anciens ne bénéficient encore que d'une solution provisoire.

Douze personnes sans solution

Des inquiétudes subsistent enfin pour 12 ex-ACH pour qui aucune solution n'a été trouvée. Certains d'entre eux sont inaptes au travail pour cause d'alcoolisme ou de problèmes psychologiques ou sociaux. D'autres, en revanche, se sont engagés dans des formations de haut niveau mais n'ont pas encore trouvé de poste à la hauteur de leurs espérances. « La bataille n'était pas gagnée d'avance, commente Joëlle Bianchini, responsable de la Sodie, filiale du groupe Usinor spécialisée dans la reconversion industrielle et chargée du reclassement des ACH. Les salariés avaient fait parler d'eux pour manifester leur désespoir et le contexte économique ne nous était guère favorable. Mais le marché du travail s'est amélioré et beaucoup d'anciens ont accepté de jouer le jeu de l'intérim, qui a permis d'ouvrir la voie vers des CDI. »

Pertes accumulées

A la fin de l'été 1999, beaucoup redoutaient le pire dans une ville où le taux de chômage culminait à 18 %. Les salariés n'avaient pourtant pas d'autre choix que de se résigner à la fermeture de l'un des fleurons de la construction navale française. Depuis plus de dix ans, le chantier vivait sous perfusion grâce aux aides de l'Etat. Le personnel avait accueilli comme une bouée de sauvetage une commande de plus de 152,5 millions d'euros passée en mars 1995 par un armateur norvégien, portant sur trois chimiquiers de haute technologie. Mais les exigences de l'armateur ont retardé le lancement du premier navire et l'ampleur des pertes accumulées a conduit l'Etat à décider l'arrêt du chantier. Non sans concéder aux syndicats un plan social solide (voir encadré). Le plan prévoit aussi la création d'un pôle industriel et naval. C'est chose faite depuis avril 2001, avec le re- groupement de 23 entreprises industrielles de Seine-Maritime au sein d'une association et le démarrage de ses activités en novembre dernier. « Il ne fallait pas que le savoir-faire de la réparation navale havraise disparaisse », estime Jean-Louis Jegaden.

300 adhérents

Même si l'association des anciens regroupe 300 adhérents, la plupart ont tourné le dos à la navale. « Trop de souffrances, lâche l'ex-leader CGT. Seuls 29 d'entre nous ont été embauchés aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire. Nous en avions marre de nous demander sans cesse jusqu'à quand le carnet de commandes était rempli. » La plupart des anciens ont retrouvé un emploi dans l'une des 20 entreprises de la région qui s'étaient engagées à les recruter. En tête, Hispano Suiza, un groupe spécialisé dans la construction de moteurs d'avions et de fusées, qui a embauché 20 ex-ACH. Oxyca, Axymeca et Citec, membres du pôle industriel et naval, ont également grossi leurs rangs d'une quarantaine d'anciens, le port autonome en a recruté sept.

« Les niveaux de salaire et de poste proposés ne correspondent pas toujours à ce que nous aurions pu souhaiter, je connais des professionnels de très bon niveau aujourd'hui au Smic, nuance Jean-Louis Jegaden. Mais, pour d'autres, le reclassement a été une réussite. C'est pour cela que nous avons eu raison de nous bagarrer pendant trois ans. »

BILAN DU RECLASSSEMENT

Solutions définitives

CDI : 464 personnes ; intérim : 85 ; création d'entreprise : 22 ; projets de vie : 26 ; cessations anticipées d'activité amiante : 91 ; FNE : 88 ; autres : (décès, invalidité...) 29.

Solutions provisoires

Détachements : 24 ; CDD : 16 ; formation : 7 ;

Sans solution : 12.

Un plan social solide

Outre une indemnité conventionnelle et transactionnelle moyenne de 45 735 euros, le plan social prévoit trois offres d'emploi valables par salarié, en CDI et correspondant à son profil et ses exigences, des congés de conversion de dix-huit mois pour les plus de 50 ans, un budget de formation de 1 525 euros par personne, la garantie du maintien de salaire pendant deux ans, une enveloppe de 3 811 euros pour financer des projets de création d'entreprise et une multitude d'aides à la mobilité géographique. Le plan prévoit la création d'un pôle industriel et naval à partir des activités de réparation navale et d'études du groupe ACH.