C’est le plus gros chantier à venir en Alsace en termes de travaux. Et il est majeur aussi du point de vue de la formation. La fibre optique va se déployer partout dans la région jusqu’en 2022. Et pour installer les 380 000 prises de raccordement dans 700 communes, il faut adapter les compétences des salariés des entreprises de travaux publics et mettre à niveau le personnel nouvellement embauché. L’enjeu suppose de créer une formation sur mesure, pour un volume d’une centaine de stagiaires par an pendant cinq ans. « Quelques formations existent, mais elles ne répondent pas seules à l’ampleur du besoin », expose Émilie Delefosse, responsable du recrutement de Rosace déploiement.

Cette société, qui a remporté le chantier de conception-construction du réseau, comprend le groupe de travaux publics NGE, qui possède sa propre société de formation, Plateforme. Cette dernière a conçu le contenu de la formation avec l’aide de l’Afpa, qui héberge les stagiaires dans ses locaux à Strasbourg.

Ce cursus prépare au métier d’installateur de réseaux câblés et de communication (RCC), en 350 heures, via six modules (présentation générale, types de travaux de pose, raccordement au domicile du client, respect de règles de savoir-être…). Pour ce dernier point, la CCI d’Alsace transpose une formation qu’elle a conçue.

Le parcours est qualifiant, pas diplômant. Il existe un titre professionnel d’installateur de réseaux câblés et de communication de niveau V, mais, hormis le tout premier groupe de douze stagiaires formés fin 2016, Rosace déploiement n’a pas jugé utile d’y faire postuler les candidats suivants, car il est en bonne partie fondé sur la technologie précédente du cuivre. « Nous visons l’employabilité immédiate, la formation utilise d’ailleurs exactement les équipements déployés en réel », confirme Walter Guyonvarch, directeur de projet de Rosace Déploiement.

Cette « école de la fibre optique » accueille deux types de public. Le premier est composé des salariés des filiales régionales de NGE, ainsi que ceux des sous-traitants. Chez NGE, ils sont choisis parmi des volontaires dont l’encadrement de proximité confirme la capacité à suivre le cursus avec succès, sans prérequis de diplômes. « La qualification va du niveau V au bac pro », constate Émilie Delefosse. Le second public est constitué du personnel nouvellement embauché, en CDI de chantier, parmi des demandeurs d’emploi, là encore sans prérequis. Un premier groupe de quatorze stagiaires a été constitué directement par Rosace au début de cette année.

À partir de ce printemps, les prochains candidats à la formation seront détectés par les structures de suivi des demandeurs d’emploi : Pôle emploi, les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, la coopérative alsacienne d’insertion Alemploi, pour l’application de la clause d’insertion des marchés publics (cette part d’heures de chantier réservée à ce public). Le plan de financement de ce second dispositif (Subventions ? Appel à l’Opca Constructys ?) reste à définir.

Une fois formées, les personnes des deux origines seront suivies sur les chantiers par un tuteur d’entreprise jusqu’à ce que celui-ci les juge suffisamment autonomes.

Plus marginalement en nombre, l’école forme aussi depuis janvier des dessinateurs/projeteurs, recrutés en contrat de professionnalisation. « La maîtrise demandée d’outils techniques comme le logiciel AutoCad requiert de fait un niveau bac pro ou BTS », précise Émilie Delefosse.

Le groupe NGE reconnaît que le montage de toutes ces formations a représenté un investissement de « plusieurs centaines de milliers d’euros ».