La lutte contre les discriminations à l’embauche est une préoccupation permanente de l’entreprise de travail temporaire Adecco. « Nous avons intégré le testing dans notre premier accord-cadre signé avec les partenaires sociaux en 2007, indique Jean-François Connan, directeur responsabilité et innovation sociale. Si on met en place une politique ambitieuse de lutte contre les discriminations et de développement de l’égalité de traitement, il est essentiel d’en évaluer la pertinence et la réalité. »

Pour ses trois campagnes de testing menées en sept ans, Adecco a fait appel au prestataire ISM Corum, « un organisme avec une méthodologie robuste, validée par le Bureau international du travail », souligne le directeur.

Premier élément de cette “robustesse” : une base de 400 tests, soit 800 paires de CV fictifs, identiques du point de vue des compétences, ne différant que sur un critère de discrimination, envoyés en réponse à des annonces émises par 20 % à 30 % des 850 agences Adecco, pour 12 métiers appartenant à 7 secteurs d’activité (logistique, manutention, industrie, restauration, commerce-vente, construction-immobilier, finances-comptabilité). Ensuite, la période de testing est longue : neuf mois de production précédés d’un mois de cadrage, suivis d’un mois d’analyse et de restitution. Pendant cette période, la confidentialité est totale vis-à-vis des collaborateurs.

En revanche, les critères ont évolué : « Nous avons pu mettre en évidence, en 2009 et 2011, que la discrimination par rapport à l’âge et au sexe était plutôt maîtrisée, d’où l’abandon de ces critères, explique Jean-François Connan. Le critère d’origine réelle ou supposée a été préservé car, même si les tendances d’exposition au risque étaient en amélioration, elles restaient encore insuffisantes à nos yeux. »

Pour le testing en cours a été introduit le critère du lieu de résidence, qui vient d’entrer dans les 20 critères de discrimination interdits par la loi. La campagne s’est donc concentrée sur 200 agences présentes dans les 20 principales aires urbaines comprenant des zones sensibles. Un tiers des tests a porté sur l’origine, un tiers sur le lieu de résidence et un tiers sur les deux critères cumulés.

Le testing sollicité est un outil de management pour Adecco : « À l’issue de chaque campagne, nous partageons les résultats auprès de nos collaborateurs pour mettre en place les mesures adéquates », indique Johan Titren, directeur égalité des chances. C’est l’occasion pour la direction de communiquer sur les règles et devoirs à respecter par les collaborateurs. « Outre la mesure d’une éventuelle exposition au risque de discrimination dans nos pratiques de recrutement, cela nous permet d’évaluer l’efficacité de nos dispositifs de sensibilisation et de formation et, puisque nous l’avons renouvelé trois fois, d’évaluer nos progrès », complète-t-il. Après la restitution des résultats du testing en cours de finalisation, « nous étudierons avec les partenaires sociaux l’opportunité d’enrichir l’accord-cadre de 2007 pour aller plus loin », annonce-t-il. Le testing est aussi un outil de dialogue social : « On nous a présenté une fois les résultats en CCE », témoigne Alain Butigieg, délégué central CFDT, élu aux CE, CCE et CHSCT.

Le testing n’est pas le seul dispositif de mesure utilisé par Adecco, qui pose régulièrement des questions sur sa politique de lutte contre les discriminations dans ses enquêtes de satisfaction à destination des entreprises clientes et des candidats. « Chaque année, un des deux outils est mobilisé, précise le directeur égalité des chances. Ce n’est pas un outil qui fait la force d’une politique de lutte contre la discrimination mais la diversité des modes opératoires et des actions. »

Activité

Recrutement et travail temporaire.

Effectif

5 600 salariés permanents.

Chiffre d’affaires (monde)

20,5 milliards d’euros en 2012.