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Pays-Bas : handicap : les employeurs sous pression

Sur le terrain | International | publié le : 09.02.2016 | Didier Burg

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Pays-Bas : handicap : les employeurs sous pression

Crédit photo Didier Burg

Une loi fixant des quotas d’emplois pour les salariés handicapés menace les entreprises si elles ne respectent pas les termes d’un accord national entré en vigueur l’année dernière. Or le compte n’y est pas.

Les employeurs néerlandais sont engagés dans une course contre la montre. Sans une mobilisation générale, la Haye fera passer une loi contraignante fixant des quotas d’emplois pour les personnes handicapées au sein des entreprises. Sur la base d’un accord signé entre les partenaires sociaux et le gouvernement, dont certaines mesures sont entrées en vigueur en 2015, l’engagement a été pris par le secteur privé d’ouvrir 100 000 postes à des travailleurs handicapés dans les dix ans à venir, soit 10 000 par an. Or les entreprises sont loin du compte.

« L’année dernière, 6 000 postes présentant une durée hebdomadaire de travail de 25 heures ont été créés », constate Aart van der Gaag, chargé du projet “En route vers 100 000 emplois” mis en place par trois organisations d’employeurs (NO-NCW, MKB et LTO). Les difficultés qui attendent les entreprises en quête de candidats expliquent pour partie ce maigre bilan. Car le terrain n’est guère balisé. Recherches infructueuses de candidats adaptés au poste proposé, caractère localisé de ce marché du travail ou communication laborieuse avec les instances administratives pour connaître l’infirmité et le degré de handicap du candidat… la liste des doléances est longue.

Besoin d’adaptation

« Pour l’heure, nombre d’entreprises se bornent à diviser par deux les tâches d’un poste de travail, pour proposer des horaires aménagés aux travailleurs handicapés », regrette le chargé de projet. D’autres aménagent des rampes pour fauteuils roulants ou des toilettes, alors que les candidats disponibles sont autistes ou présentent un handicap psychique. « Le plus souvent, il appartient à l’entreprise de s’adapter. Qu’il s’agisse de modifier l’outil de travail, comme les machines, ou les conditions d’emploi avec des contrats d’embauche sur mesure », prévient Aart van der Gaag.

À en croire l’expérience d’ISS Nederland (8 000 salariés), spécialisé dans les offres de services aux entreprises (nettoyage, restauration), la bonne volonté ne suffit pas. « Il faut investir en temps et en argent, confirme Robert Oosting, directeur du recrutement d’ISS Nederland. Nous disposons de trois personnes à temps plein pour gérer tous les aspects de la problématique de l’emploi des handicapés. Il faut d’abord tisser des contacts avec les réseaux au niveau régional, permettant de confronter les besoins de recrutement de l’entreprise et d’identifier les personnes susceptibles de répondre à ces offres. Ensuite, un suivi permanent doit être assuré sur le lieu de travail ainsi qu’avec les organismes prenant en charge les salariés hors des horaires de travail, comme les sociétés de transport ou les institutions médicales. »

Au vu de ces exigences, ISS a concentré ses moyens sur l’emploi de deux catégories de personnes : celles présentant un handicap physique mineur, et les jeunes ayant une déficience de QI. Ces derniers sont formés à leurs futures tâches au sein d’ISS avant d’être employés.

Des cadres formés

Cette démarche implique par ailleurs une formation spécifique des cadres. « Le responsable d’une équipe comportant au moins un travailleur aux compétences limitées est systématiquement formé à cette situation », précise le dirigeant.

Vu ce casse-tête, le projet “Vers les 100 000 emplois” mis en place par le patronat vise d’abord à sensibiliser les entreprises. « Les campagnes menées localement ont permis de contacter 300 000 entreprises », selon le bilan dressé par Aart van der Gaag. Mais celles-ci vont devoir passer à l’acte. Si le chiffre de 100 000 n’est pas atteint d’ici à 2026, une loi aux dispositions contraignantes est déjà « ficelée ». Toute entreprise de 25 salariés ou plus devra compter au moins 5 % d’employés handicapés. Au risque sinon d’écoper d’une amende forfaitaire de 5 000 euros par infraction constatée. Une contrainte d’autant plus forte qu’une alternative à l’emploi direct n’est pas prévue, contrairement par exemple au modèle français, où le recours au secteur protégé ou adapté permet d’atteindre une partie de l’objectif.

Dans les médias

DE VOLKSKRANT. Jeunes salariés surqualifiés La moitié des salariés de moins de 25 ans diplômés de l’enseignement supérieur ont un niveau de qualification supérieur aux exigences professionnelles réclamées par leur emploi, indique le Bureau central des statistiques néerlandais CBS. Cette situation concerne aussi les emplois occupés par des femmes de plus de 35 ans, quel que soit leur domaine de formation. Seule la tranche d’âge des salariés de 25-35 ans présente une adéquation entre emploi et niveau de qualification pour les femmes comme pour les hommes. 19 janvier, De Volkskrant, quotidien.

NU.NL. Grand écart des salaires Les différences salariales se creusent aux Pays-Bas. En moyenne, dans le secteur des grandes entreprises, le plus haut salaire perçu est 5,8 fois celui de l’employé le moins payé, selon les données – corrigées des effets des emplois à temps partiel et des stages – d’une étude réalisée au sein d’un millier de sociétés. En 2010, l’écart était de 5,5 fois. Dans le secteur financier (banques et assurances), le plus bas salaire est en moyenne 11,2 fois inférieur au plus haut. En 2010, cet écart était de 15,7 fois. 20 janvier, Nu.nl, site Internet.

Auteur

  • Didier Burg