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Sur le terrain

Retour sur… Les dix ans des réseaux “100 chances, 100 emplois”

Sur le terrain | publié le : 15.12.2015 | Mariette Kammerer

Créés en 2005 pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes des quartiers sensibles, les réseaux “100 chances, 100 emplois” sont aujourd’hui présents dans 23 bassins d’emploi et mobilisent plus de 600 entreprises.

« Nous sommes le réseau local des jeunes qui n’en ont pas. » C’est ainsi que Gilles Vermot-Desroches, directeur développement durable chez Schneider Electric, résume l’objet de l’association “100 chances, 100 emplois” qu’il préside, et qui vient de fêter ses 10 ans.

Créé par le Pdg de Schneider Electric, Henri Lachmann, sous l’impulsion du ministre Jean-Louis Borloo, ce dispositif vise à lutter contre les discriminations et le chômage des jeunes dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Comment ? En mobilisant sur un territoire un réseau d’entreprises volontaires pour donner un coup de pouce à des jeunes motivés, de 18 à 30 ans, repérés au préalable par les acteurs de l’emploi. « Sa force est d’être un dispositif léger et modulable, fondé sur la mise en relation d’entreprises et de jeunes », ajoute son président.

Deux types de profils sont ciblés : des jeunes sans qualification et des diplômés victimes de discrimination. Ils intègrent un “sas de mobilisation” de quatre ou cinq jours pendant lequel ils apprennent à se “vendre” et se familiarisent avec les codes de l’entreprise. Les plus motivés disposant d’un projet fiable et du savoir-être minimum sont retenus pour être accompagnés par les entreprises du réseau. Professionnels des RH et collaborateurs de tous métiers les aident de différentes manières – stages, visites d’entreprise, entretiens à blanc, évaluations en milieu de travail, contrat en alternance – et, surtout, en leur ouvrant leur carnet d’adresses. « Il n’y a pas d’obligation d’embaucher, l’important est d’aider ces jeunes à se faire connaître dans le secteur qui les intéresse », explique Olivier Guillouet, cadre et participant pour la société Icade.

En dix ans, le dispositif a accompagné quelque 3 400 jeunes et a permis à 2 000 d’entre eux d’accéder à une formation en alternance (38 %) ou à un emploi durable (62 %). Financé par l’UIMM, le ministère de l’Emploi et par la cotisation des entreprises, le dispositif est désormais implanté dans 23 bassins d’emplois. Il accompagne chaque année 700 jeunes et mobilise plus de 600 entreprises, dont une dizaine sont impliquées au niveau national : Saint-Gobain, Vinci, Adecco et EDF, notamment.

Un investissement peu chronophage

« C’est un investissement peu chronophage pour les entreprises, qui se réunissent une ou deux fois par mois pour examiner des CV ou rencontrer des jeunes », explique Didier Coulomb, directeur général de l’association et directeur de l’innovation sociétale chez Schneider Electric. Sur chaque territoire, une ou deux entreprises pilotes portent le dispositif et animent le réseau. Schneider Electric, qui est tête de réseau dans une dizaine de territoires, accueille chaque année une vingtaine de ces jeunes et finance trois chargés de mission au niveau national, met à disposition son expertise : « Nous accompagnons pendant six mois les entreprises souhaitant créer un nouveau réseau, et nous pouvons aider à financer les actions de mobilisation », ajoute Didier Coulomb.

80 entreprises sur un territoire

Sur le territoire de Plaine Commune, en Seine-Saint-Denis, le réseau créé il y a quatre ans par Icade et Klépierre compte 80 entreprises dont 25 régulières. « Nous avons eu cette idée après une première expérience d’insertion réussie sur le chantier du centre commercial Le Millénaire, qui nous a donné envie d’aller au-delà », raconte Olivier Guillouet. Grâce à un financement régional et européen, un chargé de mission de la maison de l’emploi, Frédéric Coste, en assure le pilotage opérationnel : il centralise les CV adressés par les partenaires (associations, CIDJ, RSA, Pôle emploi, mission locale), anime un déjeuner RH mensuel, et organise cinq “sas de mobilisation” par an. « La semaine commence par un entretien avec plusieurs responsables RH d’entreprises qui posent un diagnostic sur les points à améliorer », explique-t-il. Ensuite, les jeunes bénéficient d’un programme complet de coaching par des intervenants extérieurs : atelier théâtre, présentation devant caméra, création de comptes LinkedIn et Viadeo, construction et rodage de l’argumentaire. Un nouvel entretien RH valide leur entrée dans le dispositif. Les jeunes sélectionnés se présentent alors devant une vingtaine d’entreprises et expliquent ce qu’ils attendent du réseau. « Chacun s’efforce de leur proposer des pistes d’action en lien avec leur projet. C’est un travail collectif, nous sommes des facilitateurs », analyse Olivier Guillouet. Les deux entreprises pilotes y consacrent deux jours par mois, les autres participent aux déjeuners mensuels et aux entretiens en début et en fin de coaching.

L’intérêt de cet engagement ? « Donner un ancrage territorial à notre démarche RSE et alimenter notre politique d’achats responsables en demandant à nos prestataires de s’impliquer également », répond Didier Coulomb. Pour une PME, le réseau “100 chances, 100 emplois” est aussi un moyen de recruter des jeunes avec la garantie qu’ils ont été identifiés comme compétents et motivés. Enfin, constate Frédéric Coste, ce dispositif est pour les entreprises « une occasion de se reconnecter au terrain, à la réalité sociale ». « S’apercevoir qu’il existe une vraie discrimination liée à l’adresse, confirme Olivier Guillouet, seule manière d’expliquer que des bac + 4 dans des métiers techniques ne trouvent pas d’emploi. »

Après une décennie d’expérience, le réseau continue de s’étendre dans quatre nouveaux bassins d’emplois : Bordeaux, Nantes, Valenciennes et Sisteron.

Auteur

  • Mariette Kammerer