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Autriche : Les fondations pour l’emploi adoucissent les plans sociaux

Sur le terrain | International | publié le : 29.09.2015 | Luc André

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Autriche : Les fondations pour l’emploi adoucissent les plans sociaux

Crédit photo Luc André

Des dispositifs financés par les entreprises offrent des formations aux salariés licenciés. Pendant ces parcours qualifiants d’une durée maximale de quatre ans, les salariés concernés touchent l’allocation chômage assortie d’une bourse et, surtout, n’entament pas leurs droits.

Lourdement endettée, la chaîne de magasins de bricolage Baumax a annoncé un plan social à la fin de l’été. Ses activités vont être partiellement reprises par le groupe allemand OBI, mais la charrette de licenciés concerne plusieurs centaines de salariés à travers le pays. Pour faire passer l’amère pilule, direction et syndicat se sont appuyés sur une spécificité de la réglementation autrichienne.

En accord avec les partenaires sociaux, l’entreprise a lancé une “fondation pour le travail”, Arbeitsstiftung en allemand, pour offrir de nouvelles qualifications aux salariés laissés sur le carreau. Les dirigeants de Baumax ont provisionné 7,5 millions d’euros, environ 8 750 euros par licencié, pour financer ce programme.

Ce dispositif, optionnel, offre un avantage de taille aux personnes concernées. Elles bénéficient d’une formation qualifiante et touchent l’allocation chômage assortie d’une bourse (60 à 200 euros par mois) payée par l’entreprise. Surtout, les licenciés prolongent d’autant la durée de leurs droits. « Quand je perds mon emploi et m’inscris au chômage, au bout de six mois, on va regarder précisément où j’en suis, on va me presser, complète Florian Radeschnig, de l’agence de conseil RH Move-ment, qui gère des Arbeitsstiftungen. La fondation offre au contraire un environnement protégé pour une formation. »

Les six premières semaines sont consacrées à une définition du projet professionnel. Ensuite vient la période de qualification. Elle allie théorie et pratique à travers des stages. Au maximum, le salarié peut rester quatre ans dans la fondation en cas de reprise d’études. Chez RH Move-ment, basé à Graz, deuxième ville du pays, la durée moyenne des formations est cependant de six mois. Elle dépend des budgets débloqués par les entreprises. Enfin, les candidats à l’emploi sont accompagnés durant quatre semaines dans leur recherche d’emploi. Florian Radeschnig affiche un taux de réussite de 80 % à 90 %. La conjoncture et les publics cibles influent toutefois sur ce résultat.

Des résultats divergeant selon les publics

Directeur adjoint du Waff, une agence publique viennoise qui gère des fondations, Alex Juen partage cette analyse : « Selon l’âge et les qualifications antérieures, les résultats divergent. Nous sommes aussi confrontés à une hausse du chômage dans la capitale. » Le taux moyen de 70 % de réussite au Waff peut tomber chez certains publics à 40 %.

Dans la tradition autrichienne, le recours au dispositif nécessite un consensus entre l’entreprise, qui va financer les formations, et les partenaires sociaux. En cas de faillite, ces derniers ont l’initiative et l’État couvre alors les coûts. Les dirigeants ont le choix entre des opérateurs publics ou privés pour la gestion opérationnelle des fondations. Les programmes de formation sont définis en commun. Toutes les parties, y compris l’agence pour l’emploi, sont associées au sein du comité directeur de la fondation. « On peut ajuster les formations en cours de route selon les besoins du marché », relève Christoph Kainz, spécialiste de droit social à la Chambre d’économie (WKÖ), instance qui représente les entreprises.

Dans les faits, le système est plutôt l’apanage des grosses PME. L’intervention des acteurs politiques locaux peut aussi pousser à la création d’une fondation, note Christoph Kainz.

Ce dispositif d’accompagnement des plans sociaux a un équivalent pour les entreprises en mal de main-d’œuvre. Les mêmes organismes proposent des fondations de placement (Implacementstiftung), qui recherchent et forment les candidats. Selon les besoins, celles-ci sont dédiées à une branche. La formule fait florès dans ce pays touché par le vieillissement de sa population. Rien qu’en Styrie, la région de Graz, 1 000 personnes participent à ces actions qualifiantes.

DANS LES MÉDIAS

Die Presse. Au Vorarlberg, des emplois dans le tourisme sont proposés aux réfugiés

Frappés par un manque de main-d’œuvre, les hôteliers du Vorarlberg ont réclamé des permis de travail saisonniers pour les demandeurs d’asile. Les autorités ont donné leur accord afin d’intégrer ces personnes au contingent des travailleurs extracommunautaires. Deux cent dix personnes pourront ainsi travailler cet hiver dans les stations de ski de cette région de l’ouest du pays. Les candidats, recrutés avec l’aide du Secours catholique local, devront posséder de bonnes connaissances en allemand. 18 septembre 2015, Die Presse, quotidien généraliste, Tirage : 91 000 exemplaires.

Auteur

  • Luc André