E & C : Quels sont les chantiers prioritaires de la gouvernance RH, d’après le 3^e baromètre* que Deloitte et Misceo lui consacrent ?

J.-M. S. : Comme les années précédentes, il apparaît que les DRH et les administrateurs ont une vision très différente du rôle du conseil d’administration dans le suivi du déploiement d’une politique RH. Les DRH estiment que, sous l’effet de leurs actions, la prise en compte de ces sujets s’est améliorée : 57 % d’entre eux considèrent que leur CA possède une cartographie des risques RH. Pourtant, seuls 25 % des administrateurs salariés interrogés et 29 % des autres administrateurs partagent ce sentiment.

E & C : Comment expliquez-vous ce clivage ?

J.-M. S. : Tout d’abord, les administrateurs sont souvent issus des métiers de la finance ou de la direction générale, peu familiers des questions RH. Les référents RH n’étant pas nombreux à siéger dans les conseils, les sujets ne sont pas traités en tant que tels, à l’exception de la très réductrice question de la rémunération des dirigeants. La politique RH est donc mal maîtrisée, et des efforts sont à faire pour mieux former les administrateurs à ces questions. Mais cela va faire son chemin. Déjà, les DRH utilisent davantage d’outils pour prouver l’efficacité de la politique qu’ils déploient : 81 % des administrateurs salariés interrogés l’ont constaté. Les DRH doivent maintenant communiquer davantage auprès des conseils, comme ils le font déjà avec les comités exécutifs.

E & C : La présence d’administrateurs salariés dans les CA est-elle en train de changer la donne ?

J.-M. S. : Ces nominations nouvelles, la limitation de la durée des mandats et la proportion accrue de femmes dans les conseils sont propices au renouvellement de leur population et à l’instauration de nouveaux modes de travail. Même si, aujourd’hui, la vision des administrateurs salariés apparaît assez contestataire, il faut maintenant mieux utiliser leur présence et inventer un mode de travail plus intelligent. Une piste pourrait être de mieux travailler la communication digitale, dont 55 % des DRH et 43 % des administrateurs disent qu’elle n’est pas utilisée, faute de relever de leur périmètre.