On le pressentait depuis pas mal de temps : avoir les yeux rivés sur ses tableaux de bord financiers et multiplier les normes et les procédures auxquelles le salarié devra se soumettre de manière obsessionnelle n’est pas le plus cours chemin vers la performance pour une entreprise. En fait, une gestion purement économique des personnels finit par avoir des coûts cachés en termes de dysfonctionnements, d’absentéisme et de démotivation, qui engloutissent très vite les bénéfices que l’on en escompte. L’originalité des auteurs, tous deux professeurs, l’un à l’université Jean-Moulin de Lyon et l’autre à l’IAE de Lyon, membres dirigeants d’Iseor (Institut de socioéconomie des entreprises et des organisations), est de ne pas se contenter de l’analyse psychologique et sociologique de ce gâchis humain, mais d’en évaluer précisément le coût pour l’entreprise. L’ouvrage explicite la méthode adoptée pour réaliser ce calcul et présente ses résultats.

Afin de pallier ce défaut de gestion des ressources humaines, ils proposent que l’entreprise et ses salariés passent un contrat d’activité négocié périodiquement, qui permettrait de rétablir un consensus social minimal sur des objectifs humains tenant compte à la fois de la réalité économique et de la réalité des conditions de travail. Il ne s’agit rien moins pour les auteurs que de passer d’un mode de gestion traditionnel à un mode de gestion socio-économique de l’entreprise. Ils estiment que l’entreprise pourrait ainsi convertir une série de coûts cachés en création de valeur, à hauteur de 35 % à 55 %. Ce qui, évidemment, favoriserait à la fois le développement et l’emploi.

Reconstruire l’entreprise

Henri Savall et Véronique Zardet, Dunod, 204 pages, 25 euros.