E & C : Vous venez de mettre sur pied “l’accélérateur de croissance”. De quoi s’agit-il ?
D. J. : Nous voulons montrer qu’en faisant travailler ensemble de jeunes entrepreneurs et des experts seniors, les PME en croissance se développeront plus vite et s’internationaliseront mieux. Le thème de l’intergénérationnel a germé au sein de Parrainer la croissance, qui est la plus grosse association de PME de croissance en France, avec 2 400 membres. La vocation de l’accélérateur est à la fois sociétale et économique. Depuis vingt ans, les grands groupes évacuent leur population senior qui leur coûte très cher et, jusqu’ici, les solutions proposées (préretraites, temps partiel…) n’ont guère été satisfaisantes. D’un autre côté, de jeunes entreprises ont besoin de certaines compétences qu’elles ne peuvent pas s’offrir.
E & C : Comment cet accélérateur fonctionne-t-il ?
D. J. : Les jeunes pousses sont accueillies dans un incubateur ouvert à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, en décembre dernier. Et de grandes entreprises acceptent de détacher, sur la base du volontariat, certains de leurs cadres seniors auprès de ces entrepreneurs, en continuant à les rémunérer. Cet accompagnement concerne surtout des fonctions supports et peut durer entre neuf et douze mois, parfois plus. Huit grands groupes, parmi lesquels Total, Sanofi, Alcatel, L’Oréal, SFR, ont déjà signé avec nous, et nous sommes en discussion avec huit autres. Une vingtaine de start-up et une quinzaine de seniors nous ont déjà rejoints. Nous travaillons aussi avec Pôle emploi, l’Apec et les grandes écoles pour intégrer des experts au chômage.
E & C : Vous arrivez en même temps que le contrat de génération.
D. J. : Ce dispositif a le mérite de mettre la notion de génération au cœur de l’actualité. Mais il n’améliorera pas la durée de vie des seniors au travail. Dans leurs accords seniors, les entreprises cherchent à organiser la sortie progressive de leurs collaborateurs âgés, sans s’interroger sur ce qu’ils vont faire de leur temps libre. Notre proposition concrète a, du coup, été bien accueillie par les DRH des grands groupes, qui ont compris que leurs cadres de haut niveau n’avaient pas envie de s’arrêter de travailler. Le détachement au sein de l’accélérateur leur offre de nouvelles perspectives : intégrer, à terme, la PME qu’ils auront accompagnée, ou développer leur propre activité.
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