Le groupe Safran, qui n’avait qu’un régime à cotisations définies (article 83) réservé aux cadres, s’est doté le 6 février d’un Perco ouvert à tous les salariés. L’accord a été conclu avec la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et FO. Seule la CGT a refusé de le signer. Géré par Natixis Interépargne, ce Perco a été ouvert le 6 mars pour le versement de la participation. Il permet aux salariés d’épargner dans le cadre de 6 fonds différents. L’un d’eux prévoit une gestion pilotée. « En cette période de fortes turbulences financières, il était important d’éviter d’exposer nos salariés aux risques, indique Raphaëlle Giovannetti, responsable rémunérations et avantages sociaux. À côté de la gestion libre pour les salariés expérimentés, nous avons une gestion pilotée qui bascule automatiquement les fonds d’épargne en actions vers les fonds en obligations quand approche l’âge de la retraite. »

Le Perco peut être abondé à hauteur de 400 euros par an par l’entreprise. Celle-ci valorise plus fortement les petits versements en accordant un abondement de 100 % à ceux de moins de 200 euros et de 50 % à des versements compris entre 200 et 600 euros.

Ces conditions d’abondement sont également offertes en cas de versement de la participation. Celle-ci, chez Safran, est plutôt épargnée par les salariés : 60 % à 70 % ont continué à l’investir dans le plan d’épargne groupe alors qu’il est possible de la percevoir immédiatement depuis 2009. « Cet abondement pourrait inciter les salariés à se porter sur le Perco pour épargner leur participation. L’intéressement continuera, lui, certainement à être versé dans le plan d’épargne où il est abondé », précise la responsable rémunération. Lorsque l’intéressement est versé dans le PEE, le salarié reçoit 100 % de son versement jusqu’à 500 euros, et 50 % au-delà de 500 euros et jusqu’à 3 500 euros. Le maximum versé par l’entreprise est de 2 000 euros.

Conformément à un engagement de l’accord seniors, les abondements au Perco seront augmentés à l’approche de l’âge de départ à la retraite. Au cours des deux années qui le précéderont, l’entreprise versera 150 % du montant de chaque versement dans la limite de 1 000 euros par an. « Il s’agit de doper le Perco avant le départ du salarié, de façon à l’aider à disposer d’un capital plus important », commente Raphaëlle Giovannetti. Le Perco peut également recevoir jusqu’à 10 jours de RTT ou de congés non pris. La responsable RH précise que les conditions de l’abondement seront renégociées chaque année avec les partenaires sociaux : « Nous avons négocié dans un moment difficile. Il y a eu la crise financière puis l’augmentation du forfait social. Nous avons préféré le mettre en place de façon prudente. Quitte à aller plus loin si la situation le permet. » Le groupe a tablé sur une dépense maximale de 10 milliards d’euros pour ses abondements, en misant sur un maximum de 70 % de salariés investissant suffisamment pour atteindre le plafond. Safran bénéficie d’un contexte favorable, car la valeur de son action a été assez peu affectée par la crise. Lancé à l’automne, son plan d’actionnariat salarié, qui visait à vendre à un tarif préférentiel 6 millions d’actions à ses salariés (lire Entreprise & Carrières n° 1074), a été couronné de succès. Avec 17,4 % de salariés actionnaires, Safran est désormais le groupe français comptant le plus d’actionnaires salariés, derrière Bouygues.