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Enquête

UN ACCORD À EFFET RÉVÉLATEUR

Enquête | publié le : 13.12.2011 | Christian Robischon

L’accord pour l’emploi de travailleurs handicapés a dopé les embauches et incité les salariés en poste à déclarer leur handicap. Du coup, la filiale alsacienne d’EDF a franchi le seuil légal des 6 %.

Signé en mai 2010 pour une durée de deux ans, l’accord pour l’emploi de travailleurs handicapés d’Électricité de Strasbourg a stimulé l’embauche : 10 recrutements ont été opérés, 4 en CDI et 6 en CDD de douze mois et plus. L’objectif minimal de l’accord (4 CDI et 3 CDD) est donc respecté, six mois avant l’échéance, et cette filiale régionale d’EDF franchit le seuil légal des 6 % de travailleurs handicapés (seules deux petites entités du groupe n’ont pas atteint à ce jour la barre légale).

Électricité de Strasbourg (ES) emploie aujourd’hui 41 handicapés en direct sur un effectif total proche de 1 000 salariés, et capitalise une vingtaine d’unités équivalent temps plein par la sous-traitance au secteur protégé, elle aussi en progression.

Atmosphère favorable

Autre effet : l’accord a suscité une petite vague de déclarations de handicap parmi six salariés en place. Un septième, Théo Friedrich, a décidé de le faire au moment de la signature de son CDI, en juillet dernier, après six mois de contrats temporaires. Ce conseiller clientèle, dont le handicap se devine à peine en situation de travail, insiste sur l’atmosphère d’entreprise qu’il a estimée favorable : « Par les exemples mis en valeur, notamment sur l’intranet, j’ai conclu que l’entreprise menait vraiment une politique en faveur de l’emploi handicapé. De mon côté, par mon dynamisme au poste et mon absentéisme zéro, j’estimais avoir montré que je méritais ma place, que je ne prenais pas celle d’un autre à cause – ou grâce – à mon handicap. Ce qui m’importait, c’était d’être perçu comme un salarié comme les autres », témoigne-t-il.

Théo Friedrich est tout de même resté prévenant face à la réaction de ses collègues. Il ne leur distille l’information qu’au compte-gouttes : « Si on me pose des questions quand je prends ma quantité importante de médicaments, j’explique, c’est tout. » La vie quotidienne au travail a peu changé, estime-t-il. Il a bénéficié d’une réunion d’intégration spécifique, son poste a été légèrement aménagé, l’entreprise lui propose – mais ne l’impose pas – des rendez-vous plus fréquents à la médecine du travail. Et il a engagé un dialogue régulier avec Laurence Lejeune, qui assume depuis 2007 la fonction de “correspondant handicap” dans le cadre d’une mission plus large de promotion de la diversité. « Nous n’interrogeons pas la personne sur son degré de handicap, nous nous limitons à une seule question : avez-vous besoin d’un aménagement de votre poste de travail, qu’il soit d’ordre matériel ou en temps ? » décrit-elle.

L’autorisation d’absence spécifique (jusqu’à deux jours par an, instaurée par l’accord) aide aussi à déclarer le handicap, selon l’entreprise. De nombreuses autres dispositions sont contenues dans le texte, agréé par la Direccte et signé par l’ensemble des organisations syndicales. L’accord prévoit de nommer des tuteurs handicaps. Vingt salariés ont endossé ce rôle. Le texte reconnaît également automatiquement les diplômes et titres professionnels délivrés aux salariés handicapés par les centres de reclassement professionnel et par les centres Afpa, un systématisme qui n’est pas prévu par la branche des industries électrique et gazière.

Aménagements de poste

Le texte classe les handicapés parmi les publics prioritaires de la formation, leur consacre au moins deux réunions de suivi, la première année. Les managers ainsi que les élus CHSCT sont formés et sensibilisés aux questions du travail handicapé, et l’ensemble du personnel est destinataire d’un livret explicatif.

Les aménagements de poste constituent l’un des axes de dépenses du budget spécifique handicap qu’alimente la contribution Agefiph. L’entreprise conserve celle-ci dorénavant en interne pour poursuivre ses nécessaires actions en faveur de l’emploi handicapé.

Le terme d’aménagement peut recouvrir une réalité autre que l’ergonomie. Pour un salarié malentendant, il a consisté à faire appel aux services d’une interprète à distance qui lui retraduit en langue des signes l’échange avec le client ou les collègues. « Au début, cela les a déstabilisés et moi aussi. Maintenant, l’habitude est prise », estime-t-il.

GROUPE ÉLECTRICITÉ DE STRASBOURG

• Activité : électricité, gaz.

• Effectif : 1 000 personnes.

• Chiffre d’affaires 2010 : 577 millions d’euros.

Auteur

  • Christian Robischon