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Enquête

LES DÉSILLUSIONS DE L’EPARGNE RETRAITE

Enquête | publié le : 08.11.2011 | SABINE GERMAIN

Sur les six fonds d’épargne du groupe Carrefour, cinq ont obtenu des résultats négatifs en 2011. Les 140 000 salariés découvrent que l’épargne retraite n’est pas sans risques.

Sur les six Fonds communs de placement d’entreprise (FCPE) ouverts par le groupe Carrefour pour loger l’épargne salariale (plan d’épargne groupe) et l’épargne retraite (Perco) de ses 140 000 collaborateurs, cinq sont dans le rouge en 2011 : de peu (- 0,67 % pour le fonds Carrefour Prudence) ou de beaucoup (- 35,13 % pour le fonds Carrefour en actions, exclusivement constitué d’actions Carrefour). Seul le fonds Carrefour Court terme affiche un résultat positif : + 0,62 %.

« Placé sur un Livret A, cet argent rapporterait 2,25 % aux salariés-épargnants et ne mettrait pas leur capital en danger », observe Serge Corfa, délégué central CFDT. Exemple simple avec ce cadre, qui a versé, dès l’ouverture de son Perco, en 2003, les 17 521 euros qu’il a accumulés sur son Plan d’épargne groupe (PEG) et les 17 717 euros acquis au titres de l’intéressement et de la participation. Dans les cinq ans qui suivaient, il a effectué trois versements volontaires totalisant 8 512 euros (abondés par l’employeur à hauteur de 6 217 euros), puis retiré 12 814 euros. En dix ans, il a donc épargné 37 153 euros. Or son relevé de septembre 2011 ne valorise cette épargne qu’à hauteur de 32 426 euros. Si l’employeur n’avait pas versé un abondement de 6 217 euros, il aurait donc perdu 4 727 euros.

Une meilleure information

Le syndicat réclame aujourd’hui le remboursement des sommes perdues par les salariés : « J’avais posé la question au Pdg, Lars Olofsson, poursuit Serge Corfa. Il ne m’a laissé aucun espoir. » En revanche, le distributeur n’a pas fermé la porte à une autre requête : « Nous avons proposé que soit mis en place un fonds avec un rendement minimum garanti, au niveau du taux d’inflation par exemple. » Rien de concret pour le moment, mais « cette proposition a eu l’air d’intéresser la direction ». En attendant, les syndicats plaident pour une meilleure information des salariés : « Quand l’action de Carrefour a commencé à plonger, de nombreux collègues sont venus me poser des questions sur l’avenir de leur épargne, explique Serge Corfa. Je me suis rendu compte qu’ils n’en comprenaient pas les mécanismes et, surtout, qu’ils n’avaient pas réalisé les risques de pertes en capital sur les fonds les plus dynamiques. »

Lorsque la bourse va bien

Lors du lancement de son plan d’épargne salariale, en 2003, Carrefour a pourtant fait beaucoup de pédagogie. Mais, à l’époque, la bourse allait bien : les risques de pertes semblaient virtuels. « Quand on vous parle d’un fonds dynamique, ça fait rêver ! Si l’on ne vous explique pas clairement que c’est un fonds en actions qui peut perdre beaucoup de valeur, vous signez les yeux fermés. Alors que c’est un risque important pour des salariés dont le salaire moyen tourne autour de 1 200 euros net. »

CARREFOUR

• Activité : grande distribution.

• Effectifs : 475 000 collaborateurs, dont 140 000 en France.

• Chiffre d’affaires 2010 : 90,1 milliards d’euros, dont 38,7 % réalisés en France.

Auteur

  • SABINE GERMAIN