logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

La RSE a progressé parmi ses fournisseurs

Pratiques | Retour sur… | publié le : 24.05.2011 | JOSÉ GARCIA LOPEZ

Deux ans après avoir imposé des critères de RSE à ses fournisseurs tout en les accompagnant dans les changements nécessaires, Siemens est très satisfait des résultats de cette politique de long terme.

Comme d’autres groupes, Siemens France a choisi en 2009 d’intégrer dans sa démarche qualité et ses achats des critères de responsabilité sociale et environnementale. Le groupe savait que ses clients seraient sensibles à cette question : « Respecter l’environnement et les lois sociales est un sujet de fierté dans l’entreprise. Les valeurs de développement durable et de RSE sont connues et partagées par les 400 000 collaborateurs de Siemens dans 190 pays », rappelle Olivier Gourmelon, directeur des achats de Siemens France.

Modifier les pratiques sur le long terme

Mais l’entreprise a choisi d’aller plus loin, se positionnant plutôt en accompagnateur de changements qu’en censeur de mauvaises pratiques. Au lieu de rayer purement et simplement de sa liste de fournisseurs ceux qui ne donnaient pas satisfaction, il a décidé de les accompagner et de les aider à modifier leurs pratiques sur le long terme. L’objectif était de créer des relations plus partenariales avec des sous-traitants de petite taille, qui avaient besoin de soutien pour s’investir dans la RSE, y compris dans l’Hexagone. En effet, 50 % des 15 000 fournisseurs français du groupe étaient des PME.

Fort de cette philosophie, Siemens France a intégré le comité de suivi de Pacte PME, association créée en juin 2010 par 35 grands groupes avec l’objectif de développer des relations d’excellence avec les PME sous-traitantes et de les soutenir dans leur dévelopement (lire Entreprise & Carrières n° 1045).

La démarche, qui s’est perfectionnée depuis deux ans, commence au moment de la sélection des fournisseurs. Pour être choisis, ils doivent répondre à un questionnaire sur leurs données et leurs pratiques sociales : sécurité, absentéisme, diversité.

Un prestataire qui ne répondrait pas à ces questions n’a aucune chance d’être retenu. « Désormais, si l’un de nos fournisseurs n’appliquait pas les lois sociales, cela pourrait signifier que notre processus de sélection a été défaillant ou insuffisamment appronfondi », estime le directeur des achats.

Une fois le marché conclu, le contractant s’engage aussi à respecter les principes du code de conduite des fournisseurs du groupe : interdiction de la corruption et du trafic d’influence, respect des droits fondamentaux des employés ainsi que de leur santé et de leur sécurité. Siemens assure également un suivi régulier des indicateurs sociaux de ses fournisseurs. Ces règles s’appliquent à la fois aux sous-traitants étrangers et français. « Les règles sociales existantes, largement protectrices, ne sont pas forcément connues et appliquées de tous, y compris dans l’Hexagone », remarque le responsable. « Le processus va bien au-delà d’une simple charte à signer, poursuit-il. Nous vérifions régulièrement que nos demandes sont appliquées à travers des questionnaires d’évaluation qui incluent un volet social. »

Ce système de suivi des fournisseurs comprend des indicateurs clés tels que le taux d’accident du travail. Si ce dernier dépasse par exemple les moyennes observées dans la branche d’activité, l’entreprise est sommée de mettre en place un plan d’actions correctives. Par ailleurs, en cas de doute, d’informations partielles ou de non-réponse, le sous-traitant peut être audité. Mais Olivier Gourmelon ne souhaite pas abuser de cette procédure, ultime et coûteuse : « Reste que l’audit n’est pas destiné à nous débarrasser de prestataires, il est fait pour les aider à progresser dans leur démarche sociale et environnementale. »

Une incitation à progresser

L’industriel, qui a réalisé des enquêtes de satisfaction auprès de ses sous-traitants, constate que son action n’est pas vécue comme une ingérence mais plutôt comme une incitation à progresser, relate le directeur des achats. Cette politique représente un investissement important et de long terme. Et le bénéfice reste difficile à évaluer sur le plan économique. Il rappelle que s’engager dans la voie de la qualité, de la RSE, du développement durable « n’a rien de cosmétique ».

Mais, deux ans après, Siemens constate déjà qu’il a permis de maintenir des relations stables avec ses partenaires commerciaux sous-traitants : « Dès lors qu’on parie sur une entreprise, il faut lui laisser le temps de s’améliorer et ne pas se montrer opportuniste à tout va. Notre approche n’est pas uniquement centrée sur les prix et la compression des coûts. »

Les indicateurs sociaux s’améliorent

Le directeur des achats précise également que les indicateurs sociaux se sont améliorés chez les sous-traitants. « C’est positif, car plus le niveau d’engagement des salariés est élevé dans une entreprise, plus ses résultats sont bons. Or nos fournisseurs font aussi partie de notre performance », commente-t-il.

Cette politique a également pour effet de renforcer les exigences à l’intérieur de Siemens France : tous les ans, les salariés reçoivent une formation obligatoire sur les principes de la RSE et du développement durable via un module de e-learning de leur intranet. Exiger le respect de normes par les fournisseurs incite à être soi-même exemplaire.

LA DÉMARCHE EN QUATRE POINTS

1. Choix des fournisseurs en fonction de critères de RSE.

2. Suivi d’indicateurs sociaux, dont le taux d’accident du travail.

3. Audits en cas de doute ou de non-réponse.

4. Mise en œuvre d’actions correctrices.

Auteur

  • JOSÉ GARCIA LOPEZ