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Enquête

Une enveloppe pour financer la promotion des femmes

Enquête | publié le : 01.03.2011 | E. F.

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Une enveloppe pour financer la promotion des femmes

Crédit photo E. F.

Les salariées de la SAS Seb travaillent sur des postes moins qualifiés et donc moins rémunérés que leurs homologues masculins. L’entreprise consacre 0,2 % de sa masse salariale au financement de l’évolution professionnelle de ses collaboratrices.

Les syndicats de la SAS Seb (Seb France) peuvent être satisfaits des négociations salariales du mois de janvier. Pas seulement parce qu’ils ont obtenu des augmentations intéressantes (plus de 3 %), mais aussi parce qu’une part de ces augmentations est réservée à la réduction des écarts de salaire entre les hommes et les femmes non cadres.

Pour la quatrième année consécutive, le fabricant de petit équipement domestique (Tefal, Rowenta, Moulinex, Krups, Calor…), qui n’est pas couvert par un accord d’égalité professionnelle, y consacrera une enveloppe équivalent à 0,2 % de sa masse salariale. Les cadres, dont les rémunérations sont individualisées, ne sont pas concernés, « mais nous sommes particulièrement attentifs aux éventuelles inégalités individuelles », fait valoir Sandrine Vannet, DRH de la SAS Seb.

Vers des postes plus valorisés

Le groupe Seb a signé la charte de la diversité en 2005 : « Depuis, nous nous assurons que nous sommes cohérents avec cet engagement et que nous ne produisons pas d’inégalités », assure Sandrine Vannet.

L’enveloppe de 0,2 % ne servira pas tant à réduire les écarts de salaire inexpliqués qu’à financer la promotion de femmes à des postes davantage valorisés, plus souvent occupés par des hommes. En effet, selon Sandrine Vannet, « quand on analyse les salaires poste à poste, toutes choses égales par ailleurs, on ne constate pas d’écarts entre les hommes et les femmes, car nous appliquons la grille. En revanche, on constate que les femmes occupent plus souvent des postes moins qualifiés ». Ainsi, les postes en fabrication (par exemple l’emboutissage), qui nécessitent de savoir conduire des lignes automatisées, sont très masculinisés, tandis que le montage, plus manuel que technique, emploie plutôt des femmes.

Promouvoir la polyvalence

Un point clé de la politique de Seb de réduction des écarts de salaires consiste donc à valoriser les postes en montage et à faciliter le passage des femmes du montage à la fabrication. Ainsi, en 2010, 136 femmes ont bénéficié de l’enveloppe. Celle-ci a notamment permis de financer la progression de 27 femmes travaillant au montage du coefficient 155 de la convention de la métallurgie au coefficient 170, au titre de leur « polyvalence », c’est-à-dire de leur capacité à passer d’une ligne de montage à une autre. « Aujourd’hui, 44 % des femmes qui travaillent au montage sont au coefficient 170, contre 20 % auparavant », explique Sandrine Vannet. La polyvalence rejoint en outre des enjeux de flexibilité et de lutte contre les TMS.

Par ailleurs, sur le site d’emboutissage de Selongey (Côte-d’Or), cinq femmes viennent de passer sur des lignes automatisées après une VAE. « Il y a cinq ans, nous n’employions pas de femmes pour conduire des machines ; il y en a une dizaine aujourd’hui », se félicite Sandrine Vannet. Elle évoque également les caristes, dont la moitié sont maintenant des femmes.

Enfin, le 0,2 % sert « marginalement », dixit la DRH, à combler des écarts de salaires inexpliqués entre postes équivalents, « par exemple, entre une personne qui travaille au marketing depuis vingt ans et qui a progressé au fil des ans, mais dont le salaire reste inférieur à celui d’un diplômé d’une école de marketing ».

Sylvette Bon, de la CFDT, recense 19 femmes qui, « à poste équivalent » – par exemple celui de conductrice de machines –, ne perçoivent pas le même salaire qu’un homme. Elles étaient 33 il y a deux ans.

Une politique satisfaisante

Seb ne fournit pas d’indicateurs généraux permettant de vérifier une réduction des écarts de salaire. Néanmoins, Sandrine Vannet estime que l’entreprise peut être satisfaite des résultats de sa politique : « D’ailleurs, des organisations syndicales disent qu’il ne sera peut-être pas nécessaire de renouveler l’enveloppe. » « Si on constate qu’il n’y a plus de femmes percevant un salaire inférieur à poste équivalent, l’enveloppe de rattrapage n’aura plus lieu d’être », confirme Sylvette Bon.

SAS SEB

• Activité : petit électroménager.

• Implantations : 3 sites en Côte-d’Or et dans les Pyrénées.

• Effectif : 950 salariés en France (46 % de femmes).

• Chiffre d’affaires 2009 : 3,176 milliards d’euros (groupe).

Auteur

  • E. F.