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« Réduire les coûts de main-d’œuvre ne peut être qu’une solution transitoire »

Enquête | L’entretien avec | publié le : 30.11.2010 | E. S.

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« Réduire les coûts de main-d’œuvre ne peut être qu’une solution transitoire »

Crédit photo E. S.

E & C : Baisser les coûts de main-d’œuvre peut-il permettre de sauvegarder l’emploi ?

G. C. : Tout dépend de quoi l’on parle. S’il s’agit d’en faire une stratégie structurelle pour rentrer en concurrence avec les pays à bas coûts de main-d’œuvre, comme le Mexique ou la Turquie, c’est un combat perdu d’avance. Et c’est contre-productif à terme : lorsque les salaires augmentent, les entreprises ont intérêt à rendre leur main-d’œuvre plus productive, par la formation notamment. A l’inverse, les politiques de contraction des salaires n’incitent pas à aller dans cette voie. Or, pour maintenir l’emploi industriel en France, les entreprises ont surtout à faire valoir leurs avantages comparatifs : les savoir-faire technologiques, techniques, l’innovation, qui demandent une main-d’œuvre plus qualifiée. De plus, si ces politiques se généralisaient, on aboutirait à une dégradation du niveau de vie préjudiciable, surtout en temps de crise, à l’équilibre du marché de l’emploi.

E & C : Vous proposez pourtant d’assouplir les règles juridiques du contrat de travail pour permettre aux partenaires sociaux de négocier des accords d’ajustement des salaires et de la durée du travail, comme en Allemagne*. En quoi est-ce différent ?

G. C. : En effet, l’Allemagne a créé des emplois pendant la crise malgré une contraction du PIB plus importante qu’en France. Or cela s’explique notamment par la mise en œuvre d’accords collectifs prévoyant soit une réduction des salaires et de la durée du travail, soit un “corridor” de modifications du temps de travail, à la hausse ou à la baisse, sans majoration des heures supplémentaires. C’est pourquoi nous plaidons pour une plus grande liberté conventionnelle afin qu’en France de tels accords soient possibles sans qu’ils n’entraînent de risques juridiques liés à la modification des contrats de travail. Mais il s’agit bien là d’apporter une solution transitoire, pour répondre à un problème conjoncturel, comme absorber un choc économique. En aucun cas ces mesures ne doivent être définitives, car cela n’aurait économiquement aucun sens.

* “Relativiser l’autonomie du contrat de travail à l’égard du tissu conventionnel”, Jacques Barthélémy et Gilbert Cette, Revue française d’économie, octobre 2010.

Auteur

  • E. S.