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L’accompagnement personnalisé du Fongecif IDF : un succès à financer

Les pratiques | publié le : 12.10.2010 | LAURENT GÉRARD

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L’accompagnement personnalisé du Fongecif IDF : un succès à financer

Crédit photo LAURENT GÉRARD

Comment aider les salariés de niveau infra CAP à se construire un avenir professionnel ? L’accompagnement personnalisé expérimenté par le Fongecif Ile-de-France est une solution prometteuse. Reste à savoir comment la financer.

Le 29 septembre dernier, le Fongecif Ile-de-France a présenté le bilan de son expérimentation baptisée accompagnement personnalisé (AP), devant 350 professionnels de l’insertion et des représentants d’autres Fongecif réunis à Paris. « Les dispositifs d’accompagnement existants des Fongecif ne répondent pas aux besoins spécifiques de certains publics particulièrement fragilisés, explique Myriam Puyravau, directrice de l’accompagnement des salariés du Fongecif Ile-de-France. Pour les publics infra V-infra CAP, le bilan de compétences est déjà trop conceptuel. Conséquence : 20 % seulement des visiteurs de ce niveau concrétisent leur projet par une formation ; et sur les abandons en cours de formation, les plus de 40 ans sont surreprésentés. »

Coaching renforcé

Pour attirer ces publics aux « caractéristiques socioéconomiques fragiles, en situation professionnelle précaire, souvent salariés de PME, ne pouvant bénéficier d’un appui auprès de leur employeur, et souvent migrants », il fallait inventer autre chose. D’où l’idée d’un accompagnement personnalisé, une sorte de « coaching renforcé », explique Pascal Cordon, chargé de mission AP au Fongecif.

Le projet a été élaboré (avec le soutien de Jean-Louis Reboul Conseil) de janvier à juin 2009. Six prestataires de taille et de nature différentes ont été sélectionnés sur cahier des charges : Biop, Afpa Transition, Adecco, Amana, Systemactive, Arts Compétences. Leur point commun est d’être par ailleurs prestataires de bilans de compétences.

Bilan : de juin 2009 à juin 2010, 475 accompagnements personnalisés ont été prescrits par le Fongecif. Près d’un bénéficiaire sur deux est âgé de plus de 40 ans ; un sur deux est sans diplôme ou titulaire d’un diplôme étranger non reconnu ; 41 % ne maîtrisent pas la langue française et 34 % ne maîtrisent pas les savoirs de base. « Ils cumulent aussi souvent une grande passivité et une forme de handicap », complète Myriam Puyravau.

Sous forme d’entretiens

Concrètement, l’accompagnement personnalisé comporte un prédiagnostic, le soutien dans la gestion du projet, une orientation vers des prestations préexistantes et une formation linguistique lourde. L’AP prend la forme d’entretiens en face à face et à distance (téléphoniques ou par courriel, à hauteur maximale de 2 heures) et d’entretiens complémentaires post-formation. Elle se déroule en dehors du temps de travail et, a priori, sur une durée maximale de 20 heures. De fait, en moyenne, la durée a été de 11 heures, étalées sur des périodes allant de quatre à six mois.

Prise en considération de la personne

Selon une étude qualitative menée en juillet et août, sur 13 bénéficiaires interrogés en face à face, la principale motivation des salariés volontaires pour l’AP est « la reconversion, le désir de quitter des conditions de travail trop difficiles et une volonté de stabilité professionnelle ou de retrouver le métier exercé dans un pays d’origine ». Les salariés apprécient « la prise en considération de la personne », « le fait de redonner confiance et d’être rassuré sur ses capacités » et « la sécurisation de leur parcours professionnel ».

Une fois l’accompagnement prescrit, le Fongecif constate « une appétence très forte des bénéficiaires vis-à-vis de sa mise en œuvre ; et un faible taux d’abandon ». Conclusion du directeur du Fongecif Ile-de-France, David Mazurelle : « L’AP répond à un besoin jusque-là insatisfait : faire venir à la formation des personnes qui en sont très éloignées et qui n’en voient pas l’intérêt. » Le problème, avance le Fongecif, est que cette expérimentation a été financée à hauteur de 500 000 euros sur son seul budget de fonctionnement, et que la formule n’est pas éternellement renouvelable. L’objet de cette journée de bilan était bien d’interpeller la DGEFP sur le financement de l’opération, qu’elle juge d’ailleurs positive.

Trois pistes sont possibles : élargir à l’AP la liste des outils prescriptibles par le Fongecif ; ouvrir une ligne de financement au titre des frais de missions et d’information dans le contrat d’objectifs et de moyens (COM) que le collecteur devra signer avec l’Etat (lire “réforme des Opca”, Entreprise & Carrières n° 1018) ; ou autoriser le Fongecif à faire appel au Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (cette solution étant cumulable avec la seconde). Interpellée, Marie Morel, sous-directrice des politiques de formation et du contrôle à la DGEFP, a plutôt ouvert la possibilité d’intégrer l’AP comme une mission nouvelle du Fongecif dans son futur COM.

D’autres questions se posent en cascade : si l’AP est efficace, faut-il l’étendre aux autres Fongecif ? Faudra-t-il alors unifier le dispositif sur l’ensemble du territoire via une mise en réseau plus intégrée des Fongecif ?

L’essentiel

1 L’accompagnement personnalisé expérimenté par le Fongecif Ile-de-France offre à des salariés en poste, mais à faible qualification, un “coaching renforcé”.

2 L’expérimentation a été financée à hauteur de 500 000 euros sur les fonds propres du Fongecif.

3 Le développement de ce type de prestation pourrait passer par son inscription dans le prochain Contrat d’objectifs et de moyens du Fongecif.

Accompagnement personnalisé et bilan de compétences

→ En quoi le nouvel “accompagnement personnalisé” du Fongecif Ile-de-France diffère-t-il du classique bilan de compétences proposé par tous les Fongecif ?

Selon Véronique Gaudry-Rouillé, d’Arts Compétences, un des 6 cabinets d’intervention sélectionnés par le Fongecif Ile-de-France : « L’individu en bilan de compétences est dans l’état d’esprit suivant : “je ne veux plus faire ce que je fais aujourd’hui, mais je ne sais pas ce que je veux faire demain”. Le bilan lui permet alors de mener un travail de conception. A l’inverse, dans le cas de l’accompagnement personnalisé, l’état d’esprit de la personne est plutôt “je veux faire cela, mais je ne sais pas comment y arriver”. L’AP est alors plutôt une prestation d’actions très pragmatiques et non conceptuelles, durant laquelle il s’agit de lever les obstacles concrets au projet professionnel. »

Auteur

  • LAURENT GÉRARD