logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Une convention unique pour deux entreprises

Enquête | publié le : 11.05.2010 | LAURENT POILLOT

Image

Une convention unique pour deux entreprises

Crédit photo LAURENT POILLOT

La CCI Nord-Ardèche anime un plan de revitalisation financé par Papeterie Canson et iNoplast qui ont supprimé, à eux deux, 128 emplois en 2009.

La préfecture d’Ardèche a bon espoir de voir réaliser 128 créations d’emploi sur le bassin d’Annonay avant l’échéance de 2012. La convention triennale de revitalisation, qu’elle a signée à l’automne 2009 avec Papeterie Canson (groupe Arjowiggins) et l’équipementier automobile iNoplast (groupe Plastic Omnium), qui ont organisé respectivement 52 et 76 départs, offre déjà une perspective de 101 créations de poste. Alors que, par ailleurs, la grande majorité des salariés touchés (près de 100 personnes) ont déjà été reclassés par le cabinet Altedia, mandaté à la fois par Canson et iNoplast. Les créations promises, quant à elles, émanent de 29 entreprises locales sur des projets de recrutement allant de une à 16 personnes.

Mutualisation des moyens

« Notre convention est originale car on mutualise les moyens des deux entreprises », commente l’animateur du dispositif, Franck Liotier, chargé de mission à la CCI Nord-Ardèche. Le sous-préfet de Tournon et le directeur du travail (Direccte) ont en effet proposé une convention unique, pour grouper les contributions et leur donner un effet de levier. L’enveloppe s’élève à 507 282 euros, sur la base de 3 Smic mensuels par poste supprimé. Elle englobe la rémunération de l’intermédiaire (en l’occurrence, la CCI) et l’aide directe à l’entreprise créatrice d’emploi. « Celle-ci s’élève à 2 500 euros par poste. Elle peut monter à 3 000 euros si le candidat retenu relève des publics prioritaires », explique Guy Gass, le directeur de la Direccte. A savoir : les personnes issues d’iNo-plast et de Papeterie Canson, les demandeurs d’emploi de longue durée ou vivant en zone urbaine sensible, les candidats handicapés et les seniors. D’autres aides sont aussi prévues : des formations collectives d’adaptation des compétences avant embauche (permis Caces, par exemple) et des financements d’équipement, tous pris sur le même budget.

Renforcer des filières déjà existantes

Autre originalité : la désignation de la CCI comme opérateur. « Elle entretient des contacts étroits avec les entreprises ressortissantes », justifie Franck Liotier. « Car ce bassin a déjà subi les deux précédents plans, en 2007 et 2008, de Canson et d’Arcelor. C’était souvent la CCI qui communiquait la matière première aux cabinets privés en charge de la revitalisation. » A la Direccte, on ajoute un argument économique : « La valeur ajoutée d’un cabinet tient beaucoup à sa capacité à attirer de nouvelles entreprises, observe Guy Gass. Or, dans ce contexte de crise, il serait illusoire d’espérer des investisseurs extérieurs. »

La CCI s’y emploie tout de même. Elle est aidée, pour sa prospection, par le service Ardè-che développement du Conseil général. L’idée est de renforcer les spécialités de la filière bois, de l’écoconstruction et de l’agro-alimentaire. Sinon, elle appuie le recrutement des entreprises locales en développement endogène, la création d’entreprises, la promotion de l’économie sociale et solidaire (par exemple les entreprises d’insertion et les groupements d’employeurs). Sa feuille de route lui demande, enfin, d’étudier les “projets structurants”, tels que les pépinières d’entreprises. Les propositions sont décortiquées par un comité d’engagement réunissant, outre la CCI, les deux financeurs que sont l’Etat, le Trésor public, et la Banque de France. L’aide directe n’est déclenchée qu’une fois transmise la copie de la déclaration unique d’embauche au chargé de mission de la CCI.

Un plan provisoire

Les acteurs locaux devront toutefois faire évoluer leur plan. En effet, iNoplast instruit depuis décembre 2009 une seconde procédure de 129 suppressions d’emploi. « On ne compte pour l’instant que 35 départs volontaires », témoigne Mathieu Larnaud, délégué central CFDT, qui juge « opaques » les informations sur le plan de revitalisation jusqu’ici apportées aux syndicats. De leur côté, les directions d’iNoplast et de Papeterie Canson sont restées injoignables.

Auteur

  • LAURENT POILLOT