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Smic : le comité d’experts refuse un nouveau coup de pouce

Salaires | publié le : 02.12.2023 | Benjamin d'Alguerre

SMIC, Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance

Smic : le comité d’experts refuse un nouveau coup de pouce.

Crédit photo Olivier Le Moal/Adobe stock

La France compte 17,3 % de smicards. Un record, selon le dernier rapport du comité d’experts sur le Smic qui, pour la quinzième année consécutive, préconise au Gouvernement de ne donner aucun coup de pouce au salaire minimum, invoquant le risque de créer de nouvelles trappes à bas salaires.

C’est peut-être le dernier tour de piste pour le groupe d’experts sur le Smic, alors que la première réunion constitutive du futur « Haut Conseil des rémunérations », qui doit le remplacer, s'est tenue lundi 4 décembre. Dans son rapport – le dernier sous cette incarnation ? – rendu le 30 novembre, le comité d’experts a rendu ses recommandations enjoignant le Gouvernement à renoncer à tout « coup de pouce » au salaire minimum au 1er janvier 2024. C’est la quinzième année consécutive que les experts refusent toute augmentation du Smic.

Principale raison invoquée : « Les seuls mécanismes de revalorisation automatique préservent le pouvoir d’achat du Smic au regard de la hausse de l’indice des prix à la consommation. » En effet, sous le seul mécanisme de la hausse de l’inflation, le Smic devrait automatiquement se voir revalorisé de près de 23 euros en début d’année prochaine, grimpant ainsi de 1 383 euros à 1 406 euros. Dans leur document, les experts rappellent d’ailleurs qu’entre 2021 et 2023, le salaire minimum a connu sept revalorisations successives pour une augmentation totale de 13,5 %.

En période d’inflation, l’avis des experts fait bondir la CGT. Qui dénonce un rapport ne tenant pas compte des conséquences de l’inflation sur l’augmentation des prix « du logement, de l’alimentation et de l’énergie ». La persistance de l’inflation, qui oscille autour des 5 %, avait d’ailleurs poussé l’ensemble des organisations syndicales à réclamer un nouveau coup de pouce au salaire minimum à l’occasion de la conférence sociale sur les salaires, organisée par le Gouvernement le 16 octobre dernier.

Record de smicards

Pour les cégétistes, les conclusions des experts sont hors-sol. « L’observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES) chiffre à 2 092 euros brut le minimum de revenu qu’il faudrait pour vivre décemment en France », objecte la Centrale de Montreuil. Selon elle, le coup de pouce acceptable au Smic pour faire face à l’inflation devrait être une augmentation de 14 %, pour le porter à 2 000 euros pour un emploi à temps plein. Un chemin suivi par l’Allemagne où, depuis le 1er octobre 2022, le salaire minimum a bondi de 22 %, passant ainsi à 12 euros brut de l’heure (contre 11,52 % en France), soit 2 080 euros brut par mois (pour une semaine de 40 heures). Il devrait d’ailleurs connaître deux nouvelles augmentations au 1er janvier 2024 (12,41 euros brut de l’heure) et au 1er janvier 2025 (12,82 euros).

De leur côté, les experts avancent qu’une augmentation du Smic aurait pour effet de créer des trappes à bas salaires et à « tasser davantage l’éventail des salaires au niveau du Smic ». 17,3 % des salariés français (3,1 millions) sont ainsi au salaire minimum en 2023 en France. Un record. Ils n’étaient que 12 % (2,5 millions) voici deux ans…

Une majorité de femmes parmi les temps partiels

S’il y a cependant un point sur lequel CGT et comité d’experts s’accordent, c’est sur la responsabilité du travail à temps partiel sur la croissance du nombre de salariés au Smic. Et parmi eux, une majorité de femmes. Selon les calculs cégétistes, 57 % (1,7 million) des quelque trois millions de smicards en France seraient des femmes. Or, là où les experts recommandent une diminution des temps partiels, les troupes de Sophie Binet réclament, pour leur part, une revalorisation des métiers à prédominance féminine ainsi que la fin des temps partiels.

Reste que pour l’organisation syndicale, ce dernier rapport démontre qu’« il est temps de tourner la page du groupe d’experts sur la non-augmentation du Smic » pour laisser la place à la nouvelle instance où siégeraient notamment les partenaires sociaux. De son côté, le Gouvernement vient de lancer un ultimatum à la quarantaine de branches comprenant toujours des minima salariaux infra-Smic d’engager au plus vite des négociations – ou de les boucler si ces dernières ont commencé – pour revaloriser les salaires, sous peine de sanctions. Dix branches sont particulièrement dans le viseur du ministère du Travail qui a déjà planifié des rencontres courant décembre avec leurs partenaires sociaux, avant la tenue du prochain comité de suivi de la négociation salariale de branches qui doit se tenir le 11 décembre prochain sous la présidence d’Olivier Dussopt.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre