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En 2024, la Capeb veut faire entendre la voix des TPE dans le dialogue social

Organisations patronales | publié le : 22.01.2024 | Samira Hamiche

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.

Crédit photo DR

Transition énergétique, emploi ou encore sécurité sociale : dans un contexte d'incertitude économique, la Capeb espère plus que jamais faire entendre la voix des petites entreprises du bâtiment. Bien que majoritaires sur le territoire (97 % du tissu des entreprises du secteur), ces dernières disposent en effet d'un poids décisionnel limité...

Rendre leur juste valeur aux TPE... En ce début d'année, s'il n'y avait qu'un vœu à retenir de la part de la Capeb, il prendrait cette forme, à la fois générique et porteuse de multiples revendications. À l'occasion de la présentation du bilan conjoncturel et des perspectives 2024 de l'artisanat du bâtiment, mercredi 17 janvier, le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon, a en effet parcouru les dossiers brûlants du secteur avec un leitmotiv : le rappel du poids et du potentiel des entreprises de petite taille.

Représentativité : mieux faire entendre les TPE du bâtiment

Premier combat de l'année – et arlésienne – pour la Capeb : redoubler d'efforts pour faire peser les TPE dans le dialogue social... En espérant un jour faire primer David sur Goliath. En France, a rappelé Jean-Christophe Repon, « 97 % du tissu des entreprises du bâtiment est constitué d’entreprises de moins de dix salariés ». À elles seules, ces petites structures représentent la moitié des salariés du bâtiment, et contribuent, de fait, au dynamisme de l'emploi.

Pour autant, à l'heure des négociations, leur voix est souvent étouffée par celle des grandes entreprises... C’est pourquoi la Capeb « va porter fortement la segmentation des "jusqu’à dix", qui ont une réelle puissance économique et disposent d'un segment existentiel non négligeable ». D'une façon générale, Jean-Christophe Repon pointe le désintéressement régnant autour de la représentativité, un sujet de prime abord « nébuleux » et pourtant crucial… « Le dialogue social est important, même si c’est un aspect éloigné de l’économie », a-t-il martelé.

« Le poids de la Capeb, de l’artisanat et de la TPE n’est pas entendu à son juste titre », se désole le président de la Capeb, qui dénonce la prédominance du Medef. Il y a peu, quand on a eu une négociation sur l’Agirc-Arrco (retraite complémentaire), la vision de l’U2P (dont fait partie la Capeb) sur la revalorisation des petites pensions de nos ressortissants a été partagée par la CPME, mais non validée par le Medef : elle n’a donc pas été entendue. « Deux organisations patronales qui représentent la majorité des entreprises de petite taille en France, en étant d’accord toutes les deux, ne peuvent pas faire changer d’avis le Medef, omnipotent grâce au nombre des entreprises de grande taille et leurs salariés. »

Agenda paritaire

Usure prématurée au travail, maintien en emploi des salariés âgés, protection sociale : ces gros morceaux se négocieront dans le cadre de la négociation « seniors »1 courant mars, pour espérer obtenir un accord « équilibré » début avril. « Ce que nous tiendrons, nous, en tant qu’U2P, c’est que la spécificité de nos entreprises de petite taille doit être prise en compte aussi : dans ses parcours divers, dans cette usure, et dans cette capacité que nous avons à mener nos collaborateurs le plus longtemps possible au sein de nos entreprises », a développé Jean-Christophe Repon.

« Si on n’arrive pas à porter cette voix-là, elle ne sera source que de mécontentement. On se dira : "C’est toujours la classe moyenne qui travaille, qui est opérationnelle et qui rend service, mais elle n’a pas de portée au niveau des décisions". »

Autres chantiers portés par la Capeb, la simplification administrative (notamment des dispositifs RGE et CEE) et la facilitation de création de groupements momentanés d’entreprises (GME) seront également mises sur la table ces prochains mois.

Assurer la pérennité de l'emploi et les qualifications professionnelles

Mettre les TPE à l'honneur, ce sera aussi, dixit la Capeb, veiller à transformer l'essai de la microentreprise. « On souhaite que le statut de microentrepreneur soit un tremplin à une situation pérenne », a ainsi exposé Jean-Christophe Repon. Une mission chère à l'organisation professionnelle, fondée après-guerre pour lutter contre le « tâcheronnage »... « Si demain, nous étions plus nombreux dans des statuts pérennes qui protègent l’artisan et lui permettent de bien vivre, nous aurions aussi sûrement plus d’emplois et de salariés, et pourrions mieux répondre à la question de la rénovation énergétique. »

Le respect des artisans du bâtiment passera aussi par celui de leur formation professionnelle. Or, à ce sujet, les voyants semblent passer au rouge, la vigilance est de mise. Comme en 2016 lors de sa lutte contre la loi Sapin, la Capeb sera attentive à toute tentative de déréglementation des métiers, « qui permettrait à des personnes en échec de se tourner vers un secteur qui ne demande pas de qualification, comme le bâtiment et d’autres ».

« C’est un dédain par rapport à nos ressortissants, au public que nous représentons, et à leur niveau d’études ; j’ai le plus grand respect pour les réussites du quotidien de nos petites entreprises », a d'ailleurs salué le président de la Capeb.

Mention très bien sur l'apprentissage

Cerise sur le gâteau, et preuve – s'il en fallait encore – de leur rôle de moteur économique, les TPE de l'artisanat ont formé l'an dernier plus de 100 000 apprentis du bâtiment. Le secteur a déjà franchi le cap gouvernemental du million d’apprentis, fixé en 2019. À titre de comparaison, en 2016, 40 000 apprentis ont été formés dans le bâtiment.

« C’est une satisfaction pour la Capeb, car l'apprentissage est un vecteur essentiel de dynamisme », a résumé Jean-Christophe Repon. Mais pour avoir à cœur de former la relève et renforcer l'attractivité des métiers, le secteur devra relever un autre défi : celui du financement de l'apprentissage, sujet à des rééquilibrages peu équitables...


*Dans cette négociation qui a débuté fin décembre 2023, Jean-Christophe Repon occupe la fonction de chef de file de la délégation de l’U2P.

Auteur

  • Samira Hamiche