Dans son rapport 2023, l’association redoute que les bons chiffres du marché du travail n’invisibilisent les presque 2 millions de personnes privées durablement d’emploi stable. Elle souhaite pour cela renforcer la place des acteurs associatifs dans les instances territoriales du futur opérateur France Travail.
C’est l’un des angles morts des bons chiffres du marché du travail. Si le Gouvernement se félicite de voir enfin la perspective du plein-emploi poindre à l’horizon dans un avenir proche, le recensement effectué par Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), dans son septième rapport paru le 21 septembre dernier, estime à 1,9 million le nombre de personnes coincées dans une situation de privation durable d’emploi stable. En clair, un « halo du chômage » où l’on retrouve titulaires réguliers de CDD de courte durée, intérimaires subissant de longues périodes de chômage entre deux contrats ou salariés à temps partiel subi. Bref, toute une catégorie de la population active qui, sans être nécessairement la plus éloignée de l’emploi, n’en reste pas moins à la marge du monde du travail.
« La diminution du taux de chômage ne résout pas seule le problème du chômage »
Pour l’association, qui fêtera dans deux ans ses quatre décennies d’existence, il y aurait danger à se focaliser uniquement sur un objectif comptable de plein-emploi, sans tenir compte de ces substrats de précarité. « La diminution du taux de chômage ne résout pas seule le problème du chômage », résume Nathalie Hanet, présidente de SNC. Surtout qu’en dépit d’un taux de chômage actuel plutôt enviable de 7,8 %, les nuages noirs planant sur l’activité économique laissent craindre des risques pour l’emploi à court et moyen termes, notamment dans des secteurs comme le bâtiment ou le commerce international. Et faire reposer les espoirs de créations d’emploi sur les seuls métiers d’avenir constituerait, là aussi, une erreur stratégique, selon Nathalie Hanet : « Les dix métiers susceptibles de recruter le plus d’ici 2030, tels que les a identifiés France Stratégie, nécessitent quasiment tous plusieurs années d’étude. » Difficile d’accès pour la plupart des personnes éloignées du monde du travail, aux carrières souvent hachées par des épisodes de difficulté personnelle ou des accidents de la vie, comme le sont le plus souvent les 3 600 bénéficiaires d’un accompagnement par l’une des associations du réseau SNC.
Plus d’associatif dans France Travail
C’est pour éviter une lecture purement statistique des taux de chômage que SNC préconise à la fois une meilleure information des agents du service public de l’emploi sur ces situations de privation durable d’emploi stable, mais aussi une meilleure intégration des réseaux associatifs locaux dans les gouvernances territoriales du futur opérateur France Travail. Ce serait également à ces mêmes réseaux associatifs locaux que reviendrait la gestion d’un « fonds d’urgence » pour aider les demandeurs d’emploi les plus précaires à bénéficier d’un coup de pouce dans le financement du reste à charge d’une formation, pour l’aide à la mobilité ou pour leur permettre de disposer d’un complément financier en cas d’incident de la vie. Des préconisations qui s’accompagnent d’autres plaidoyers pour des dispositifs favorables à l’installation dans l’emploi durable, comme le développement de l’autonomie des structures territoriales de France Travail pour leur permettre de fournir des services d’accompagnement au plus près des besoins des personnes, de développer une aide financière dégressive aux entreprises pour le recrutement de seniors (qui bénéficieraient, en outre, d’un maintien des droits à une complémentaire santé étendus) et de la création d’un droit pour les étudiants étrangers à bénéficier d’une position de salarié dès l’obtention d’un diplôme menant vers un métier en tension.