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Le CPF, un marché pas encore mature

Formation | publié le : 29.01.2024 | Benjamin d'Alguerre

Le CPF, un marché pas encore mature.

Crédit photo sorapop/Adobe stock

Une enquête de France compétences sur le marché du CPF entre 2020 et 2022 montre une augmentation générale des prix des formations proposées sur la plateforme Mon Compte Formation. Face à cela, les clients, eux, n’ont pas encore le réflexe de faire jouer la concurrence ou de discuter des tarifs.

Alors que l’exécutif, sous la pression de Bercy, a récemment acté le principe d’un reste à charge sur le CPF – celui-ci devant néanmoins se limiter à « quelques dizaines d’euros » selon la promesse de l’ancienne ministre déléguée à la Formation Carole Grandjean –, le marché du compte personnel de formation commence, quant à lui, à se structurer, même s’il n’a pas encore atteint sa maturité. C’est ce qui ressort du rapport annuel de France compétences sur l’usage des fonds de la formation professionnelle, paru le 24 janvier dernier1.

1 434 euros le montant moyen d’une formation CPF

C’est un fait : entre 2020 et 2022, après une première séquence de tâtonnement durant laquelle les organismes ont un peu avancé dans le noir pour trouver le juste prix de leurs prestations, les prix ont eu tendance à grimper. En 2020, le prix facturé des dossiers de formation engagés dans le cadre du CPF était en moyenne de 1 236 euros. Les deux années suivantes, ce prix s’est successivement accru de 10 %, puis de 6 %, pour atteindre 1 434 euros en 2022. Dans le même temps, la durée des formations engagées diminue significativement, passant en moyenne de 78 heures en 2020 à 53 heures en 2022.

Déjà identifié en octobre dernier par la Caisse des dépôts, ce mécanisme de « shrinkflation » – une pratique de vente frauduleuse qui consiste à vendre un produit identique, mais en réduisant sa quantité (ou la durée de la prestation dans le cadre du marché du CPF), sans en avertir le client ni revoir le prix de vente à la baisse – avait déjà été à la source d’une alerte sur laquelle Bercy a promis de se pencher. Un phénomène notamment rendu possible par le poids croissant du distanciel dans les coûts de revient des formations proposées à travers la plateforme Mon Compte Formation, celui-ci ayant grimpé de 40 à 50 % en deux ans.

92 % des clients ne discutent pas les conditions de la prestation

Les clients, eux, n’ont pas encore pris le pli de la négociation des tarifs proposés ou des conditions de réalisation des formations. En 2022, une enquête conjointe de France compétences et de la Dares montrait que 92 % des acheteurs d’une prestation à travers la plateforme Mon Compte Formation s’étaient acquittés du prix indiqué par l’organisme de formation sans discuter des modalités. Soit que celle-ci leur convenait (18 %), soit qu’ils n’avaient pas la possibilité de la modifier (53 %), soit enfin qu’ils n’avaient pas envisagé de l’aménager (21 %), notamment au niveau de la durée ou des horaires prévus. À noter que sur les 26 % à qui il était proposé d’adapter à leur convenance les conditions de la prestation, seuls 8 % ont choisi de le faire.

La négociation – ou même la comparaison – des tarifs pratiqués n’est pas davantage entrée dans les mœurs. Une enquête de la Caisse des dépôts de 2022 démontrait ainsi que les acheteurs recherchaient prioritairement une formation en adéquation tarifaire avec le solde de leur CPF. Ainsi, 51 % des sondés indiquent ne pas avoir comparé les offres disponibles sur la plateforme au moment d’acheter une formation. Le prix constitue aussi un facteur d’achat immédiat sans faire jouer la concurrence. 58 % des acheteurs ne regardent pas d’autres offres si le tarif de la formation est inférieur à 500 euros. 54 % entre 500 et 999 euros et 51 % entre 1 000 et 2 999 euros. Il n’y a guère qu’au-dessus de ce palier que le consommateur commence à comparer les prix. Ils sont ainsi 62 % à le faire au-dessus de 3 000 euros et 72 % pour une prestation tarifée au-delà de 5 000 euros.


(1) France compétences : rapport sur l'usage des fonds de la formation professionnelle, édition 2023, publié le 23 janvier 2024.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre