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Accidents graves et mortels : le premier plan du ministère du Travail

Santé au travail | publié le : 25.09.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Accidents graves et mortels : le premier plan du ministère du Travail

Accidents graves et mortels : le premier plan du ministère du Travail.

Crédit photo Halfpoint / Adobe stock

Avec un taux d’accidents du travail graves et mortels plus de deux fois supérieur à la moyenne européenne, la France fait figure de très mauvais élève. Le ministère du Travail vient de lancer un plan de prévention dont l’action va se déployer jusqu’en 2025.

Avant 2030, si rien ne change, 7 800 personnes vont encore mourir en France d’un accident du travail. La Confédération européenne des syndicats s’était basée sur les données européennes disponibles sur la période 2010-2019 pour établir ce calcul diffusé en 2022. Autrefois qualifiés de « faits divers », les accidents du travail mortels sont désormais un enjeu de société, grâce notamment au recensement exhaustif mené depuis 2018 par Matthieu Lépine, professeur d’histoire-géographie, qui a publié en début d’année L’Hécatombe invisible, livre qui a renforcé la visibilité sociale de ce phénomène. De son côté, le ministère du Travail reconnaît qu’un « plancher semble avoir été atteint depuis 2010 », année depuis laquelle le nombre d’accidents graves et mortels ne recule plus significativement.

Tous ces facteurs expliquent sans doute cette action inédite du ministère du Travail : le lancement d’un plan de prévention des accidents du travail graves et mortels qui doit s’appliquer jusqu’en 2025. Concrètement, il s’agit d’une « vaste campagne d’information et de sensibilisation pour […] amplifier les efforts de tous les acteurs afin de voir véritablement diminuer le nombre et la gravité des accidents du travail graves et mortels ». Sans surprise, elle a pour objectif de « promouvoir les bonnes pratiques en matière de prévention des risques professionnels et à encourager une culture de sécurité au travail ».

En 2021, près de 640 000 accidents du travail ont eu lieu, dont 39 000 qualifiés de graves (6 % du total) qui ont entraîné la mort de 696 salariés dont 37 âgés de moins de 25 ans (soit 5 % du total). En 2019, le taux d'accidents du travail graves et mortels en France était de 4,81 pour 100 000 employés, soit plus du double de la moyenne européenne (2,17).

5% des morts au travail ont moins de 25 ans

Les salariés ne sont pas tous égaux devant ce type de risques. Certains secteurs sont plus touchés, puisque leur taux d’accidents graves et mortels est plus élevé que la moyenne. Parmi eux figurent les secteurs de l’agriculture, de la construction, de l'hôtellerie/restauration, de l'industrie et des transports. Parmi les salariés, les plus exposés sont les travailleurs temporaires, les travailleurs détachés et les jeunes travailleurs (apprentis, stagiaires, nouveaux embauchés). Le ministère du Travail souligne que les jeunes salariés sont très exposés puisque leur taux d’accident du travail est plus élevé que celui des salariés plus âgés. Aujourd’hui, près de 5 % des décès liés au travail concernent des salariés de moins de 25 ans. La situation est particulièrement préoccupante dans le secteur agricole.

La faible ancienneté dans l’entreprise est un facteur de risque supplémentaire. Près de 15 % des accidents graves et mortels surviennent au cours des trois premiers mois suivant l’embauche et 25 % des accidents du travail affectent des salariés ayant moins d’un an d’ancienneté. Le type de contrat joue aussi sur le taux d’accident, qui est plus élevé pour les travailleurs de l’intérim, du travail saisonnier, en détachement ou les indépendants. Le ministère du Travail relève que dans certains secteurs comme la maintenance industrielle, le recours « parfois important » à la sous-traitance et à des salariés détachés étrangers peut déboucher sur « une forme de sous-traitance du risque ».

Pour la CGT, ce plan a le mérite de « rappeler les règles ». En l’état, il ne suffira pas, souligne Valérie Labatut, responsable syndicale de la CGT inspection du travail : « Ce qu'il faut maintenant, c'est que les moyens humains suivent, s'agissant notamment des effectifs de l'inspection du travail, car les campagnes de communication, si elles sont louables, ne sauraient aucunement suffire. Il faut des moyens, et notamment des moyens humains. Il n'y a en France que 1 700 inspecteurs du travail pour 20 millions de salariés et 22 % des postes ne sont pas pourvus. Cela signifie qu'un travailleur sur cinq est privé d'agents de contrôle d'inspection du travail. »

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins