Deux grands dossiers attendent Frédéric Souillot, le nouveau patron de FO. Primo, celui de la réforme des retraites contre lequel la Confédération est vent debout. Secundo, les mesures en faveur du pouvoir d’achat qui doivent passer selon Force Ouvrière par des augmentations de salaires plutôt que des dispositifs d’intéressement, de participation et de primes.
Rassénérée par un congrès qui l’a vue unie et rassemblée derrière son nouveau chef, Frédéric Souillot, Force Ouvrière se prépare à une rentrée sociale agitée. Sur le front des retraites en premier lieu où les syndicats affichent, pour l’instant, un front uni face au projet gouvernemental d’un recul de l’âge de départ à 65 ans. La semaine dernière, une première intersyndicale réunissant FO, CFDT, CGT, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, la FSU et plusieurs mouvements étudiants et lycéens a opposé un "non" catégorique à l’idée de cette réforme et une deuxième, qui se tiendra le 11 juillet prochain, devra être consacrée à l’élaboration d’un mode d’action unitaire, même si, sur ce point, les organisations syndicales peuvent afficher des divergences. Pour l’heure, cependant, la centrale de l’Avenue du Maine se rassure en observant que le sujet semble avoir disparu des priorités de l’exécutif. "Le président avait brandi l’âge de départ à 65 ans comme un étendard dans l’entre-deux tours des élections présidentielles, mais depuis le second tour des législatives, on n’entend plus – à une exception près – parler de réforme des retraites", se félicite Frédéric Souillot, le nouveau patron de Force Ouvrière.
Second combat attendu, celui du pouvoir d’achat. Si le projet de loi que le Gouvernement ne devrait plus tarder à présenter à l’Assemblée nationale semble prévoir de nombreux coups de pouce en direction des ménages sous formes de différents "chèques" (alimentation, énergie…), FO reste solide sur ses positions, à savoir une augmentation générale des salaires et notamment du Smic que la Confédération propose de passer à 1 500 euros net pour faire face à une inflation galopante. Les différents "chèques" et autres aides exceptionnelles ? "De l’aumône", selon Frédéric Souillot. Même vision concernant les mesures d’aide à la rémunération présentes dans le programme d’Emmanuel Macron comme l’obligation faite aux employeurs de développer des dispositifs d’intéressement, de participation ou la possibilité offerte de tripler la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA) jusqu’à 6 000 euros, elles demeurent "trop hypothétiques" aux yeux de FO pour constituer une solution suffisante face aux problèmes de pouvoir d’achat. "Lorsque vous faites un emprunt à votre banque, c’est votre salaire que le banquier regarde pour vous l’accorder ou non. Pas l’hypothèse d’une prime à venir qui ne tombera peut-être même pas", précise Frédéric Souillot.
D’ailleurs, aux menaces de fusion ou de restructuration prononcées par Olivier Dussopt contre les branches qui conserveraient des minima salariaux inférieurs au Smic ou refuseraient de s’engager sur des négociations salariales dans les prochains temps – le ministre doit réunir les partenaires sociaux cette semaine à ce sujet – FO préférerait des sanctions pour celles qui ne jouent pas le jeu. Des sanctions qui passeraient par la fin des aides aux entreprises en cas de refus des employeurs de faire un effort sur les rémunérations de leurs salariés. "Il n’est pas certain qu’une restructuration des branches change grand-chose", juge Frédéric Souillot. Et de citer la petite branche des ports de plaisance – 2 500 salariés, mais qui connaît des cycles de négociations actives – qui risquerait de voir son dialogue social enkysté si elle venait à être fusionnée avec celle des ports et docks, 100 000 salariés au compteur mais un dialogue social qui ronronne… Pour FO, une remise à plat des grilles de classifications et de rémunérations des branches aux politiques salariales insatisfaisantes sous contrôle de l’État constituerait une alternative autrement plus efficace en guise de coups de pouce au pouvoir d’achat que des menaces de restructuration peu engageantes…