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Frédéric Souillot (FO): «La réforme des retraites reste la mère des batailles, nous n’avons pas changé d’avis»

Syndicat | publié le : 09.11.2022 | Benjamin d'Alguerre

Frédéric Souillot (FO): «La réforme des retraites reste la mère des batailles, nous n’avons pas changé d’avis»

Frédéric Souillot, lors du congrès de FO en juin 2022.

Crédit photo Bruno Lévy

Malgré son désaccord profond avec le Gouvernement sur la finalité de la réforme des retraites, Force Ouvrière (FO) n’a pas souhaité pratiquer la politique de la chaise vide durant les concertations. Néanmoins, l'organisation syndicale n’hésitera pas à durcir le ton et à appeler à la mobilisation si l’exécutif ne revoit pas sa copie.

C’est un avertissement sans frais pour le Gouvernement. «S’il maintient un projet de réforme des retraites basé sur le recul de l’âge de départ et l’allongement des cotisations, alors il y aura mobilisation», promet Frédéric Souillot, secrétaire général de FO. Celui qui préside depuis cinq mois aux destinées de la troisième confédération syndicale française a beau suivre la voie réformiste de son prédécesseur Yves Veyrier en réaffirmant le refus de son organisation de toute grève «préventive» ou en répondant à l’appel de mouvements politiques – c’est à ce titre que FO a refusé de joindre ses troupes à celles de Philippe Martinez et de Jean-Luc Mélenchon lors des mobilisations «contre la vie chère et l’inaction climatique» du mois d’octobre –, il n’hésitera pas à mobiliser dans la rue pour empêcher toute réforme à la hussarde du système de retraites tel que l’a annoncé le Gouvernement. À savoir avec un recul de l’âge de départ fixé à 64 ans en fin de quinquennat et à 65 à l’horizon 2032 comme inscrit dans les tablettes de l’exécutif. «Nous avions affirmé en juin dernier que, pour nous, la réforme des retraites était la mère des batailles, nous n’avons pas changé d’avis», expliquait le secrétaire général le 9 novembre à l’occasion d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale.

Pour autant, FO n’a pas souhaité jouer la chaise vide lors de la concertation sur la réforme des retraites dont le premier volet – consacré à l’emploi des seniors et à la prévention contre l’usure professionnelle – s’est achevé le 8 novembre avec l’envoi aux partenaires sociaux d’un document de synthèse récapitulant les principales propositions des partenaires sociaux. «Nous avons été écoutés… pas forcément entendus», regrette Frédéric Souillot, dont le syndicat s’est rendu aux rencontres bilatérales avec les équipes d’Olivier Dussopt, porteur de dix-neuf propositions sur les moyens à mettre en œuvre afin de prévenir l’usure professionnelle et de maintenir les seniors en activité dans un pays où le taux d’emploi des 55-64 ans est le plus bas d’Europe et où «50% de ceux qui liquident leur retraite à 62 ans ne sont plus en emploi».

Pour l’instant, le «relevé de discussions» établi par le ministère du Travail ne propose ni scénario ni piste concrète pour favoriser l’emploi des plus de 55 ans. Tout au plus, liste-t-il les principaux leviers à actionner en ce sens. Retraites progressives ; cumul emploi-retraites ; compte épargne-temps universel, une promesse de campagne du candidat Macron sur laquelle les partenaires sociaux pourraient être amenés à négocier à l’issue des futures conclusions de la mission conjointe Igas-IGF sur ce sujet ; exonérations de cotisations sociales sur les emplois seniors (une proposition défendue, notamment, par le Medef et, en partie, reprise par l’Institut Montaigne dans ses propres travaux) ; mutualisation des coûts de prise en charge des maladies professionnelles en entreprises ; mise en place d’un index Senior sur le modèle de celui dédié à l’égalité hommes-femmes depuis 2019 ; renforcement du compte personnel de prévention ; création d’un entretien professionnel spécifique à la seconde partie de carrière ou meilleur accès des seniors à la formation en vue d’une reconversion tardive… Un inventaire à la Prévert qui ne reprend cependant pas l’une des mesures-phares proposées par FO, à savoir «la conditionnalité des aides publiques aux entreprises qui se débarrassent de leurs seniors de 55 ans et plus». La conflictualité du sujet demeure donc pleine et entière, mais le nouveau patron de FO veut croire que les syndicats peuvent encore peser sur les décisions gouvernementales. «En 2019 aussi, tout le monde croyait que la retraite à points était inéluctable… et les mobilisations syndicales ont permis d’inverser la tendance.»

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre