La grande centrale syndicale espagnole avait attaqué le géant du commerce en ligne devant l'Agence de protection des données en novembre 2019, pour viol de la vie privée des livreurs-distributeurs. Pour pouvoir s'inscrire et travailler sur Amazon Flex (système qui exige d'utiliser son propre véhicule pour livrer des colis d'Amazon afin d'être rémunéré), l'entreprise demandait en effet aux candidats de fournir un casier judiciaire vierge. Or, légalement, les seules entreprises qui peuvent exiger ce genre de document sont celles qui œuvrent dans des domaines tels que les soins à des mineurs. La Constitution espagnole comme le Code du travail interdisent ces pratiques discriminatoires vis-à-vis des travailleurs, a fait remarquer le syndicat dans sa plainte, d'autant qu'au-delà de violer la vie privée, elles peuvent ainsi limiter les possibilités de réinsertion des individus ayant des antécédents judiciaires. L'Agence de protection des données a de fait considéré qu'il s'agissait d'une infraction grave, compte tenu de la durée pendant laquelle elle s'était produite et du fait qu'elle affectait un grand nombre de personnes, celles qui n'ont pas pu travailler et celles qui ont travaillé alors que ces données privées étaient en possession d'Amazon. L'UGT a en outre rappelé que le modèle Amazon Flex avait déjà été condamné par l'Inspection du travail en octobre 2020, pour avoir organisé un système de faux indépendants pour quelque 4 000 travailleurs. La société Amazon s'était vue infliger une amende de 6,2 millions d'euros. Cette fois-ci, c'est une amende de 2 millions d'euros qu'a obtenue le syndicat. "Les demandes d'Amazon vont bien au-delà de la réglementation en vigueur pour le transport de marchandise", a ajouté l'Agence de protection des données espagnole. L'UGT s'est félicitée de cette décision inédite contre Amazon et a confirmé qu'elle continuera de protéger les droits des travailleurs, en particulier vis-à-vis des plateformes de la "gig economy".