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Congrès lyonnais de la CFDT : le "der des ders" de Laurent Berger

Syndicat | publié le : 13.06.2022 | Benjamin d'Alguerre

Réunie à Lyon pour son congrès, la CFDT s’apprête à plancher sur les moyens de faire adhérer les jeunes, sur les nouvelles modalités de dialogue social et professionnel, mais aussi sur l’engagement de l’organisation dans la sphère sociétale. Avec au cœur des débats, une question non-posée : qui pour succéder à Laurent Berger qui passera la main dans deux ans ?

Pour Laurent Berger, c’est le "der des ders". Le congrès de la CFDT qui s’est ouvert lundi 13juin 2022 à Lyon sera son dernier en tant que secrétaire général du syndicat réformiste. Certes, le suspense n’est pas de mise : vendredi prochain, celui qui dirige la centrale de Belleville depuis 2012 se succédera à lui-même, mais a d’ores et déjà annoncé qu’il partirait après deux ans de mandat. "À la CFDT, il y a une règle, [de rester] autour d'une dizaine d'années, plus ou moins deux ans", expliquait-il lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), mercredi 8 juin. L’une des questions qui sera donc sur toutes les lèvres à Lyon cette semaine sera celle de l’identité de son successeur… ou de sa successeure. À la question du genre de celui ou celle qu’il souhaite voir s’asseoir dans le fauteuil de secrétaire général dans deux ans, le Ligérien a choisi d’objecter une réponse de Normand : "Est-ce que ça pourra être une femme ? Oui. Est-ce que ça pourra être un homme ? Oui." Plusieurs noms circulent déjà pour la succession : celui de Marylise Léon, notamment, numéro 2 de la confédération et négociatrice sur l’assurance-chômage, venue de la fédération de la chimie et de l’énergie, mais aussi celui de Frédéric Sève, le secrétaire national de l’organisation, issu du Sgen-CFDT, la fédération de l’enseignement et par ailleurs le "monsieur retraites" de la centrale.

Forte d’être devenue le premier syndicat français aux élections professionnelles, la CFDT doit cependant accuser une crise des vocations. Ses objectifs du congrès de Rennes 2018 qui visaient 10 % d’adhérents en plus n’ont pas été atteints. Au contraire, le syndicat a, en quatre ans, perdu près de 15 000 encartés. La syndicalisation sera donc l’un des thèmes majeurs du congrès de Lyon. Cette fois-ci, en revanche, la Centrale ne s’est pas fixé d’objectifs chiffrés nationaux, mais a choisi de laisser chaque fédération déterminer elle-même ses axes de progression. Avec une cible prioritaire : les jeunes auxquels les délégations ont été priées de s’ouvrir. La féminisation des effectifs demeure également un sujet à l’agenda même si la Centrale de Belleville n’a pas à se plaindre de ce côté-là avec 50,3 % d’adhérentes, même "s’il reste encore du boulot pour féminiser les structures intermédiaires", reconnaît Laurent Berger.

Si plusieurs représentants de syndicats européens – parmi lesquels des syndicalistes ukrainiens – doivent prendre la parole durant ce congrès, le grand moment attendu sera la publication, vendredi 17 juin, des résultats de l’enquête réalisée sur les attentes syndicales des Français. "Ces attentes sont fortes, mais nous avons la responsabilité de faire bouger nos lignes, de combler nos failles", prévient le leader cédétiste. De fait, la CFDT est, depuis quelques années, sortie de sa zone de confort en lançant, aux côtés d’une soixantaine d’organisations associatives ou caritatives, son "pacte du pouvoir de vivre" fort de 90 propositions sociales, écologiques, économiques et démocratiques. Un consortium d’acteurs, dont la CFTC et l’Unsa, initialement signataires, se sont discrètement retirées en début d’année en raison de l’écart entre les ambitions affichées et ce que doit être, selon elles, la raison d’être d’une organisation syndicale. "Ceux qui prétendent qu’on sort de notre champ ont mal lu les livres d’histoire", répond Laurent Berger. Le congrès devrait aussi être l’occasion pour la confédération réformiste de poser les bases de nouvelles modalités de dialogue, social ou professionnel, à l’image des "collectifs de proximité" qui permettraient aux adhérents isolés de pouvoir maintenir un lien avec d’autres militants. Autant de questions sur de nouvelles formes d’adhésions qui ne devraient pas pour autant évacuer les grandes questions du moment, comme les réformes attendues du pouvoir d’achat ou des retraites. Sur cette dernière, le numéro 1 de la CFDT s’est dit rassuré par la rencontre à l’Élysée entre les principaux leaders syndicaux et Emmanuel Macron, ce dernier leur ayant assuré ne pas vouloir engager cette réforme durant l’été.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre