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Comment la succession de Philippe Martinez bouscule la composition du «parlement» de la CGT

Syndicat | publié le : 15.11.2022 | Judith Chetrit

C’est une liste d’une soixantaine de noms qui pourrait bien donner un avant-goût des débats autour du 53e congrès de la centrale fin mars. Comme une sorte de direction élargie par rapport au bureau confédéral, la composition de la commission exécutive – le « parlement » de l'organisation syndicale – peut, en effet, être déterminante pour l’orientation et la stratégie revendicative du syndicat. Durant ce mandat, quelques démissions – comme celles de Marilyne Poulain et Baptiste Talbot (ou Virginie Gensel-Imbrecht au bureau confédéral) – ont récemment écorné la cohésion de la centrale. Sans rendre public leurs choix, certains membres de l'instance ont peu à peu délaissé les réunions de cette fin de mandat. Fin mai, cette même commission exécutive avait largement approuvé la candidature de la secrétaire générale de la Fédération de l'éducation, de la recherche et de la culture, Marie Buisson, sur proposition de Philippe Martinez, qui avait annoncé ne pas vouloir se représenter.

105 candidatures

Présentée dans une version plus restreinte la semaine dernière en commission exécutive sortante, une liste doit être maintenant examinée par les membres du Comité confédéral national, réunissant les numéros 1 des fédérations et des unions départementales qui composent la Confédération. Avec 105 candidatures validées au cours de l’été, cette version – réduite à une soixantaine de noms et encore amendable – doit être votée par ce même comité lors du congrès de la centrale qui se déroulera du 27 au 31 mars à Clermont-Ferrand.

À défaut d’un vote, les prises de parole et les débats durant ce comité confédéral national pourraient bien tourner autour de la succession – notamment autour des modalités de désignation de la future secrétaire générale pressentie à ce poste. Bien que Marie Buisson commence à prendre ses repères en participant, par exemple, comme invitée aux bureaux confédéraux ou en se déplaçant à la rencontre de fédérations et d’adhérents, elle reste encore en retrait. Son profil, au regard de son engagement dans le collectif « Plus Jamais ça » surtout – désormais « Alliance écologique et sociale » –, continue de déplaire à plusieurs dirigeants de fédérations. Si aucune autre candidature cégétiste n'a été publiquement actée sous peine de se voir reprocher de fissurer un peu plus l’organisation, d’autres noms circulent déjà, comme une menace sous-jacente au projet de Philippe Martinez de voir une femme sensible aux enjeux sociétaux, féministes et environnementaux élue à sa suite.

Ecartés

Dans cette liste de commission exécutive confédérale, le fait que plusieurs noms n’aient pas été retenus – « écartés » selon certains – suscite déjà quelques interrogations devant être publiquement exprimées ces mardi et mercredi, en sachant qu'y figurer est aussi un préalable obligatoire pour être élu à la tête de la centrale. Parmi les absents, on relève, notamment, le cas du secrétaire général de l’union départementale des Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu, des candidats du Val-de-Marne, Benjamin Amar ou Cédric Quintin, ou encore du secrétaire de l’union départementale de Haute-Garonne, Cédric Caubère.

Autre nom qui n’y figure pas: Emmanuel Lépine, secrétaire général de la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC-CGT). « C’est un choix politique de considérer que la FNIC-CGT n’est pas la bienvenue dans la future commission après la période des mouvements de grève », réagit le concerné. D’autres personnalités, qui n’ont été à ce jour guère complaisantes avec les décisions de Philippe Martinez, font partie de cette liste, comme Sébastien Menesplier (Fédération nationale des mines et de l’énergie), Laurent Brun (Cheminots) ou Amar Lagha (Commerce et services). Après quelques sorties tonitruantes lors d’un précédent comité confédéral fin août, la tournure du comité de cette semaine pourrait bien être un nouveau crash-test des instances décisionnaires de la centrale.

Auteur

  • Judith Chetrit