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CGT : Martinez raccroche les gants en 2023

Syndicat | publié le : 31.05.2022 | Benjamin d'Alguerre

Philippe Martinez annonce son intention de passer la main à la tête de la CGT en 2023 et a désigné sa dauphine, Marie Buisson, patronne de la fédé de l’éducation. Il quittera ses fonctions après huit ans comme secrétaire général et un bilan mitigé.

Après Yves Veyrier de FO, c’est Philippe Martinez qui fait le choix de raccrocher les gants. À 61 ans, le secrétaire général de la CGT, aux manettes de la centrale depuis 2015 a annoncé, selon une information des "Échos" confirmée par l’AFP, son intention de ne pas briguer un nouveau mandat lors du prochain congrès de l’organisation, qui doit se tenir à Clermont-Ferrand du 27 au 31 mars 2023. Lui qui avait exprimé le souhait de voir une femme lui succéder – une première dans l’histoire de la CGT qui souffle cette année ses 127 bougies – a désigné sa dauphine, Marie Buisson, actuelle secrétaire générale de la fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture (FERC). La candidature de cette dernière doit cependant être validée par le comité confédéral national (CCN), le "parlement" de l’organisation où siègent les leaders des fédérations cégétistes.

Désigné secrétaire général de la confédération en 2015 dans un climat de défiance générale après la démission de Thierry Lepaon, confirmé par le congrès de Marseille en 2016, cet ancien technicien métallo de Renault n’a jamais vraiment réussi à fédérer autour de lui durant ses huit années à la tête de la centrale. En 2019, quelques semaines avant le congrès de Dijon qui a vu Philippe Martinez reconduit dans ses fonctions avec "seulement" 90 % des voix face à une opposition ouverte conduite par la fédération de la chimie, un cadre résumait la situation auprès de Liaisons Sociales Magazine : "On a été incapables de mobiliser contre la loi El Khomri et les ordonnances, on a raté Nuit debout. On est inaudible chez les «gilets jaunes». Et, cerise sur le gâteau, la CFDT nous est passée devant en matière de représentativité !" Dur. Surtout dans un contexte marqué par le recul de la CGT dans un certain nombre de ses bastions : EDF, la SNCF, la RATP ou Air France, entreprise emblématique où le syndicat a disparu des radars lors des dernières élections professionnelles.

C’est porteur d’un bilan mitigé que Philippe Martinez va passer la main. Celui auquel nombre de potentats cégétistes reprochent une conception autoritaire du pouvoir et le recrutement de "technos" dans les sphères du pouvoir à Montreuil pour remplacer les anciens militants montés à l’ancienneté et au forceps, n’aura pas su récupérer la rue, ni redonner sa place à sa centrale dans un dialogue social interprofessionnel où la CGT a choisi de jouer systématiquement en contre, refusant de parapher les ANI sur la santé au travail et le télétravail de 2020, de participer à l’établissement de l’agenda paritaire autonome des partenaires sociaux, de valider l’accord-cadre sur la formation professionnelle de 2021, ou même de s’associer au Clap75, le collectif historique des livreurs en deux roues qui lui avait pourtant tendu la main à l’occasion des récentes élections des travailleurs des plateformes d’emploi (où la CGT est cependant arrivée deuxième, mais dans le cadre d’une participation estimée à moins de 3 %). "Même sur le vaccin, on n’a pas été bons alors que la santé au travail, c’est historiquement la raison d’être des syndicats, grince un insider de la confédération. Contrairement à Laurent Berger de la CFDT qui avait appelé les travailleurs à se vacciner contre le Covid-19 en allant même s’afficher avec Geoffroy Roux de Bézieux à cette occasion, Philippe Martinez aura longtemps hésité à se positionner, ne franchissant le pas que lorsque les manifestations anti-passe et anti-vax de l’été 2022 montreront des drapeaux cégétistes flottant aux côtés des bannières des partisans de Florian Philippot ou des pancartes aux accents complotistes.

Toutefois, avant le prochain congrès confédéral, la CGT espère retrouver des couleurs à l’occasion des élections professionnelles dans la fonction publique prévues pour fin 2022. L’occasion, peut-être, de marquer quelques points et d’engager un congrès sous de meilleurs auspices.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre