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Macron - Le Pen: quels programmes sociaux?

Social | publié le : 08.04.2022 | Benjamin d'Alguerre et Maxime François

Les urnes ont parlé. Le 24 avril prochain, comme en 2017, Emmanuel Macron (28,5%) affrontera Marine Le Pen (23,6%) au second tour de l’élection présidentielle. Tour d’horizon des programmes sociaux des deux candidats.

Emmanuel Macron, La République en marche

Salaires et pouvoir d’achat. Pas d’augmentation directe des salaires chez le candidat Macron, qui a cependant déjà contraint les branches « de deuxième ligne » à engager des négociations de revalorisation des rémunérations en fin de période Covid, mais des coups de pouce au pouvoir d’achat. D’abord par le passage du plafond de la prime de pouvoir d’achat désocialisée et défiscalisée de 2 000 à 3 000 euros chaque année (et même 6 000 en cas de signature d’un accord d’intéressement) et la généralisation du compte épargne-temps (CET) à tous les salariés. Jusqu’à présent apanage des grandes entreprises, ce CET « new look » deviendra portable et pourra être
converti en heures de repos aussi bien qu’en euros.

Emploi. Adieu Pôle emploi, bienvenue France Travail, une nouvelle entité qui devrait absorber d’autres acteurs de l’emploi comme les missions locales pour devenir « un guichet unique » territorial visant « à mettre en commun les compétences de Pôle emploi, des régions et des départements ». Une même structure, un même logo : sans doute plus facile pour les demandeurs d’emploi de s’y retrouver, mais migraine en vue pour les agents de la future instance, dont les syndicats craignent d’ores et déjà de revivre les années difficiles 2008-2009 de la fusion ANPE-Assedic.

Dialogue social. Cinq ans après les ordonnances travail, une nouvelle étape dans la décentralisation du dialogue social est à prévoir après l’annonce de vouloir le rapprocher « encore plus » de l’entreprise. À voir quelles prérogatives seront retirées aux branches à cette occasion…

Assurance-chômage. Déjà bien engagée lors du quinquennat écoulé, la réforme du régime d’assurance-chômage devrait connaître de nouveaux ajustements lors du prochain si Emmanuel Macron se succède. Il s’agira de mieux adapter son fonctionnement aux « paramètres conjoncturels » du marché du travail. En clair : serrer les boulons vis-à-vis des demandeurs d’emploi lorsque l’économie tourne à plein, desserrage de vis en cas de crise comme cela s’est produit lors de la pandémie, qui avait vu les droits des chômeurs indemnisés prolongés.

Formation et apprentissage. Réformer la formation, c’est fait. Depuis 2018. L’apprentissage aussi, mais pas question de s’arrêter en si bon chemin. Deux nouvelles réformes connexes sont au programme. Primo, celle de l’orientation « qui constituait l’angle mort de la réforme de l’apprentissage de 2018 », explique la députée LREM Catherine Fabre. La réponse devrait passer par une meilleure association des différents acteurs de l’orientation dans les territoires (Régions, établissements scolaires, branches et entreprises) afin de mieux guider les jeunes vers les formations aux métiers en tension ou qui recrutent. Reste à savoir qui en sera le pilote. Branches, Éducation nationale ou Régions ? Secundo, celle des lycées professionnels sur le même modèle que l’apprentissage. Principaux changements à l’horizon : « un partenariat beaucoup plus étroit avec les entreprises » et des lycéens professionnels « rémunérés pour leur temps d’entreprise comme le sont les apprentis ». Cette réforme s’accompagnerait d’un grand toilettage des filières et des cursus (y compris ceux accessibles par l’apprentissage) avec suppression des parcours qui ne débouchent pas suffisamment sur l’emploi.

Retraites. Le casus belli avec les syndicats est engagé. Finie la concertation avec les partenaires sociaux, terminée la question de « l’âge pivot » à 64 ans, le projet d’une augmentation progressive de l’âge légal de départ à la retraite à partir de 65 ans est dans les tuyaux, mais assortie d’une négociation interprofessionnelle et de négociations de branches pour mettre en place des critères tels que le handicap, les carrières longues ou la réalité des métiers (pénibilité, le retour ?) qui justifierait des départs anticipés. Des précautions qui ne devraient pas empêcher la CFDT de voir rouge, malgré la promesse d’instaurer un plancher de 1 100 euros pour les plus petites retraites en 2027.

Marine Le Pen, Rassemblement national

Salaires et pouvoir d’achat. Principale mesure du RN en faveur de la revalorisation des salaires : permettre aux entreprises une augmentation salariale de 10 % jusqu’à trois fois le montant du Smic en exonérant cette hausse de toute cotisation patronale. De quoi, selon elle, inciter les entreprises à faire un geste dans un contexte de retour de l’inflation. Pour le reste, c’est essentiellement en jouant sur les prix de l’énergie que la candidate du Rassemblement national entend redonner « jusqu’à 200 euros par mois » aux ménages français en abaissant à 5,5 % la TVA sur l’essence, le gaz et l’électricité. « Combinée à la poussée inflationniste, l’énergie est plus que jamais un bien de première nécessité. Nous l’avions abordé dès septembre 2021 mais pas présenté comme une mesure conjoncturelle. Aujourd’hui, c’est le cas », souligne Jean-Philippe Tanguy, directeur adjoint de la campagne. Plus spécifiquement, la candidate RN prévoit d’augmenter les salaires des enseignants et aides-soignants… en supprimant 10 % des postes administratifs à l’hôpital. Pour quel niveau d’augmentation ? Mystère. Seule précision : l’augmentation des soignants doit s’inscrire dans le cadre d’un plan d’urgence pour la santé de « 2 milliards d’euros ». Pour trouver l’argent nécessaire à la mise en place de sa politique, la candidate met l’accent sur la priorité nationale et souhaite « que toutes les allocations et primes de politique familiale » soient réservées aux familles dont au moins l’un des deux parents est français. En cas d’élection, cette mesure serait soumise à référendum.

Emploi. C’est le talon d’Achille du programme de la candidate RN. Tout comme la réforme de l’assurance-chômage, cette thématique n’est pas détaillée dans le programme de Marine Le Pen. Sans plus de précisions, la candidate d’extrême droite promet « d’assurer la priorité nationale d’accès à l’emploi ». Pour éviter que les emplois saisonniers soient pourvus par des étrangers, la fille du Menhir propose également de flexibiliser le droit du travail. Sans davantage de détails,
là encore.

Dialogue social. Le programme du RN ne contient aucune mesure en la matière.

Assurance-chômage. Si la finaliste de la présidentielle 2017 a vivement critiqué la réforme de l’assurance-chômage qu’elle trouve « affreusement injuste » ; « la philosophie de cette réforme est terrifiante, a-t-elle martelé. Le Gouvernement considère que les Français sont des feignants, qu’ils sont au chômage parce qu’ils ne veulent pas travailler », difficile de trouver dans son programme la moindre proposition pour corriger le tir.

Formation et apprentissage. Les propositions sont modestes. La candidate du RN propose la création d’un chèque-formation mensuel de 200 à 300 euros » destiné « aux apprentis, aux alternants et à leurs employeurs » pour les inciter à s’engager dans cette voie. Pour Jean-Philippe Tanguy, les mesures concrètes viendront en leur temps, « car nous souhaitons partir des bassins d’emploi, des filières et des besoins précis. Sur le nucléaire, par exemple, il faudra former dans les bassins d’emploi, notamment aux usines de Belfort (Bourgogne-Franche-Comté) et du Creusot (Saône-et-Loire). »

Retraites. Défenseuse de la retraite à 60 ans, Marine Le Pen a cependant tergiversé sur la question, laissant entendre qu’il serait possible de décaler l’âge de départ ultérieurement. Sauf pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui disposent de leurs quarante annuités. Ceux-là seront éligibles à la retraite à 60 ans. Des retraites dont elle souhaite d’ailleurs réindexer les montants sur l’inflation avec un plancher fixé à 1 000 euros.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre et Maxime François