Le 6e baromètre du dialogue social de Syndex montre que les salariés, même s’ils le connaissent mal, ont une bonne image du CSE. Malheureusement, trop peu souhaitent s’engager dans ce type de mandat.
Réalisé entre septembre et octobre 2023 par Ipsos à partir d’un échantillon constitué de trois catégories (1 400 élus d’entreprise, 1 300 salariés et 400 chefs d’entreprise et DRH de structures comptant 50 salariés ou plus), le 6e baromètre Syndex de l’état du dialogue social1 dévoile un panorama contrasté. Un premier point de difficulté rejaillit : le recrutement des membres du CSE. Plus de 9 CSE sur 10 (93 %) ont du mal à recruter des membres, soit systématiquement (58 %), soit périodiquement (35 %). Pour 40 % des élus, le temps et l’énergie investis ainsi que, à 45 %, le manque de considération de la direction apparaissent comme les deux premiers motifs potentiels qui les poussent à ne pas se présenter aux élections. Autre point qui laisse à désirer : les salariés ne connaissent guère le CSE (un peu moins de 6 sur 10). Un chiffre plutôt faible, mais stable.
Le point particulièrement positif tient à l’image du CSE auprès des salariés. Ils sont 71 % à en avoir une vision positive. C’est non seulement le meilleur score jamais enregistré depuis 2018, mais il résulte d’une progression notable de 5 points réalisée en un an à peine. Pour Jérôme Fourquet, directeur général délégué d’Ipsos, cette progression tient sans doute « en partie [à] l'effet des débats, des mobilisations qui ont pu accompagner au premier semestre 2023 toute la mobilisation autour de la réforme des retraites, qui a pu donner un coup de projecteur supplémentaire sur l'activité du CSE ».
Une plus forte participation des salariés
Sans surprise en revanche, ce 6e baromètre révèle encore une dichotomie assez marquée entre le ressenti des dirigeants d'entreprise sur le dialogue social et les salariés. Alors que les premiers donnent une note de 7,7 sur 10, les salariés accordent à peine la moyenne avec 5,8 sur 10. Quant aux représentants du personnel, leur note moyenne plafonne à 5,2. Pour autant, aucun décrochage par rapport aux scores enregistrés dans les précédentes éditions.
Un point connaît néanmoins une évolution notable : la participation des salariés. Lors des précédentes éditions de ce baromètre, à peine 50 % des élus considéraient que les salariés de leur entreprise contribuaient à la qualité du dialogue social au sein de leur structure. En 2024, ce taux monte à 64 %. Pour Jérôme Fourquet, « les débats qui ont pu avoir lieu notamment dans le cadre de la réforme des retraites ont permis à des salariés de se faire entendre, de participer, donc cela a été noté positivement et bien davantage que les années précédentes par les représentants du personnel ».
Déterminés, mais fatigués
Autre point positif : les élus des CSE sont plus déterminés (67 %) et motivés (65 %) que jamais. Une progression très manifeste, puisque ce taux n’était, en 2018, que de 43 %. Selon Jérôme Fourquet, il faut y voir une meilleure « appropriation » de l’ensemble du dispositif. Pour autant, les inconvénients du CSE sont toujours aussi présents. Les élus notent en particulier un affaiblissement du poids des représentants du personnel face à la direction dans cette nouvelle structure (41 %, en progression de 4 points par rapport à 2022), des ordres du jour trop chargés (39 %, + 6 points), le manque d’attractivité de la fonction (36 %, + 5 points), le déficit d’expertise des représentants du personnel et une prise en compte insuffisante de la santé au travail (28 %, + 6 points).
« Même s’ils se sont approprié ce nouveau dispositif, il n'en demeure pas moins que, structurellement, ce nouveau format ne va pas sans poser un certain nombre de difficultés, estime Jérôme Fourquet. Beaucoup de représentants du personnel ont suivi des formations, notamment pour ce qui concerne la santé sécurité et conditions de travail, ou encore la formation économique. Mais parmi les nouvelles prérogatives, celles relatives aux questions environnementales sont encore très peu appropriées, notamment par le fait qu'il n'y a pas eu de formation massive. Pour l’instant, 11 % seulement des représentants du personnel ont suivi des formations de ce type. » Pour l’avenir, les élus devront composer avec deux éléments clés : les salariés considèrent à 97 % comme « déterminante ou importante » la thématique des rémunérations, mais aussi celle de la qualité de vie au travail. Sur ces deux sujets, le nombre de sondés qui leur accorde une importance maximale a progressé très fortement depuis 2022 : + 18 points pour la première et + 23 points pour la seconde.
(1) Les résultats de l'enquête Syndex/Ifop sur l'état du dialogue social en 2024.