logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Une université d'été du Medef très politique pour cacher les tensions internes

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 30.08.2016 | Manuel Jardinaud

Les 30 et 31 août, l'organisation patronale va faire la part belle aux politiques, en particulier aux candidats de la primaire de la droite et du centre. Seront absents les sujets sociaux qui fâchent et qui attisent une rude bataille interne. Analyse.

Le Medef veut « y croire ». C’est en tout cas le mot d’ordre de son université d’été qui se tient les 30 et 31 août sur le campus de HEC à Jouy-en-Josas. Pour illustrer son slogan, son président, Pierre Gattaz, fait feu de tout bois dans une interview aux Echos. Il promet qu’il est possible de créer 2 millions d’emplois en France, après le 1 million déjà envisagé avec le pacte de responsabilité et le CICE. Demande encore plus de baisses de « taxes » et de simplification. Et ne cache pas sa préférence pour une victoire de la droite à l’élection présidentielle en mai 2017. Assez classique, en somme.

Un catalogue qu’il pourra confronter aux programmes économiques et sociaux des principaux candidats à la primaire de la droite et du centre, guest stars de cette université d’été 2016. L’essentiel des candidats sera présent : Alain Juppé, Bruno Le Maire, François Fillon et Nicolas Sarkozy. Auxquels s’ajoute Rama Yade, candidate « autonome » à la présidentielle. Les plans de table ont dû être âprement négociés…

Macron en vedette

Le gouvernement n’est pas en reste – même si plus discret - avec la présence des secrétaires d’Etat Jean-Marie Le Guen, Axelle Lemaire et Thierry Mandon. Et, surtout, du désormais ex-ministre de l’Economie Emmanuel Macron, qui aura droit à un discours seul mercredi 31 août en fin d’après midi.

Côté parti socialiste, seule Marie-Noëlle Lienemann a droit à un strapontin. A noter qu’aucun représentant des organisations syndicales ne sera présent, laissant le champ libre à des thèmes politiques et sociétaux bien loin des missions propres au Medef.

La bataille de l'assurance chômage relancée

De quoi éviter de parler des sujets qui fâchent et qui créent de très fortes tensions au siège de l’avenue Bosquet. Comme celui de l’assurance chômage dont Pierre Gattaz se dit prêt à rouvrir la négociation avortée – sabotée selon certains – en juin 2016. Une surprise ! Et une tentative pour calmer les esprits échauffés au sein de l’organisation patronale ? Très possible.

Car cette séquence a laissé des traces, illustrant la bataille que se livrent les libéraux, tenants d’une démocratie sociale minimale, et les plus sociaux, adeptes du paritarisme même imparfait. Deux tendances incarnées par deux vice-présidents d’un côté, Geoffroy Roux de Bézieux et Thibault de Lanxade, et de l’autre Alexandre Saubot, président de la puissante métallurgie, le laboratoire social du patronat et encore grand argentier de l’organisation.

Départs des "sociaux"

En juin, la commission exécutive avait refusé de donner mandat au négociateur du Medef pour discuter de la taxation des contrats courts. Une réunion qui avait tourné au psychodrame alors que, selon un proche du dossier, un compromis aurait pu être trouvé avec les organisations syndicales.

Révélateur de cette crise, le départ dans la foulée d’Antoine Foucher, directeur général adjoint chargé du social. Pour ce proche d’Alexandre Saubot, il était devenu impossible de travailler avec les « antisociaux », selon la terminologie d’un ancien du Medef. Ses relations avec Pierre Gattaz étaient devenues exécrables. Depuis, l'organisation patronale a recruté Michèle Amiel, ancienne DRH au sein du groupe LVMH et au profil plus consensuel que celui de son prédécesseur.

Calendrier favorable aux tensions

Quelques mois plus tôt, les départs de Patrick Bernasconi, ex-vice-président délégué du Medef élu à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), et loin d’être un faucon, et de Jean-François Pilliard, ex-vice-président en charge du social et fervent défenseur du dialogue social, avaient déjà ouvert un espace pour les libéraux.

Cette crise s’inscrit également dans un calendrier très chargé : élection présidentielle en 2017, élection d’un nouveau président du Medef en 2018 et mesure de la représentativité patronale à la fin de l’année. Un triptyque qui attise les positionnements clivant de chacun, les ambitions personnelles ainsi que les rivalités entre fédérations. La parenthèse de Jouy-en-Josas risque de ne pas suffire à les apaiser.

 

Auteur

  • Manuel Jardinaud