logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

"Le Medef ne connaît pas le verbe partager"

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 09.07.2015 | Manuel Jardinaud

Image

La mesure de la représentativité portant sur la répartition des mandats et le financement des organisations patronales va être à nouveau négociée. Le patron de la CGPME se dit prêt à en discuter avec le Medef, opposé au principe d'une voix par entreprise.

Comment réagissez-vous à l’amendement voté mardi 7 juillet dans le cadre de la loi de modernisation du dialogue social instaurant une nouvelle concertation sur la représentativité patronale ?

Une chose est sûre, on ne pourra pas repartir sur les bases du premier amendement rejeté par le Sénat. Celui-ci introduisait le nombre de salariés comme critère supplémentaire pour le partage du financement et des mandats, ce que nous refusons absolument. À chacun maintenant de travailler. Aucune règle ne pourra contenter tout le monde, nous devons trouver un point d’équilibre.

Etes-vous en colère contre le Medef, qui a fait un intense lobbying pour faire évoluer les règles établies par la loi de mars 2014, et son décret d'application ?

Il est sûr que celui qui a le plus à perdre avec les règles actuelles, c'est le Medef qui se trouve en position de monopole majoritaire. La CGPME n’a pas pour objectif d’être la grenouille qui devient plus grosse que le bœuf. Le problème, c'est que le Medef ne connaît pas le verbe "partager". Je comprends son inquiétude mais je ne comprendrais pas que nos adhérents soient mis de côté. Si des règles de partage collectivement acceptées sont finalement établies, nous serons alors un excellent partenaire du Medef.

Que répondez-vous au Medef qui s'inquiète du risque d'un financement d’organisations créées ad hoc, et infiltrées par le Front national ?

Sur l’entrisme du Front national au sein du monde patronal via des petites entreprises, la ficelle est bien grosse. Et inacceptable. C’est jouer à se faire peur. Les « petits » adhérents du Medef apprécieront… Les critères d’accès à la représentativité sont assez nombreux et précis pour créer un filtre et se prémunir d’une telle éventualité. C’est un faux débat.

Si les règles n’évoluent pas, vous pourriez récupérer de nombreux mandats. La CGPME est-elle prête à faire face ?

Le Medef a toujours eu la majorité des mandats. Nos adhérents ne l’acceptent plus. Si nous en gagnons à l’issue de la mesure de la représentativité, nous ferons avec nos moyens qui, de fait, augmenteront. Nous aurons alors deux ans pour mieux nous structurer. Ce ne sera pas d’une violence excessive pour nous. Cela permettra de faire monter en compétences et en expertise la CGPME.

 

 

 

Auteur

  • Manuel Jardinaud