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PSA cherche à renouveler son accord de compétitivité

Liaisons Sociales Magazine | Dialogue Social | publié le : 27.05.2016 | Eric Béal

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La direction du groupe PSA négocie le renouvellement de son accord de compétitivité sur l’ensemble des usines françaises. Elle a déjà obtenu la signature des syndicats représentatifs de son site rennais.  

Les représentants syndicaux Bretons ont joué les éclaireurs. Fin avril, FO, la CFDT, la CFE-CGC et SIA – le syndicat maison - du site PSA de Rennes La Janais, ont signé l’accord de compétitivité intitulé « contrat d’avenir pour Rennes ». Pour la CFDT, c’était une question de vie ou de mort. « Au regard du plan de charge actuel et du plan produit Europe qui ne prévoient rien pour Rennes, la section CFDT du site (…) a signé cet accord pour assurer le maintien des emplois, l’avenir de l’établissement et plus largement de la filière automobile qui représente 13 000 emplois en région Bretagne », précise un communiqué de la fédération générale des mines et de la métallurgie CFDT.

Investissement à Rennes

En échange d’un gel des salaires pendant trois ans, de 2017 à 2019, la direction du groupe prévoie d’investir 160 millions d’euros, dont 100 millions en Bretagne, afin d’assurer la production d’un nouveau véhicule en Europe à partir de 2019 et de moderniser le site de production. « Depuis 2013 et en dépit d’un premier contrat de compétitivité que nous n’avions pas signé, les volumes fabriqués à Rennes étaient en constante régression. Si nous n’avons pas ce nouveau véhicule, il est à craindre que nous fermions les portes car les lignes de 508 et de C5 vont être arrêtées d’ici à fin 2018 », explique Laurent Valy, le délégué CFDT de Rennes.

 « Une large majorité des salariés comprend notre signature, mais nous avons tous du mal à accepter ce chantage à l’emploi de la part de la direction, pointe le cédétiste. C’est d’autant plus difficile à admettre que le groupe s’est redressé en 2015. Il a engrangé 1,2 milliards de bénéfice. Et Carlos Tavares, le PDG, a empoché une rémunération de 5,2 millions d’euros en 2015, c’est à dire deux fois plus que l’année précédente.»

Renégociation du contrat social

Le 11 mai, Xavier Chéreau, le DRH du groupe PSA, est cependant passé à la vitesse supérieure en invitant les organisations syndicales représentatives sur l’ensemble du groupe en France, à discuter d’un renouvellement du Nouveau Contrat Social (NCS), du nom de l’accord de compétitivité signé en 2013. « Plus qu’un nouvel accord de compétitivité, nous invitons les syndicats à discuter d’un nouveau pacte social pour accompagner Push to Pass, le nouveau plan stratégique présenté par Carlos Tavares, début avril et pour favoriser la croissance et la réussite du groupe », précise le DRH.

Et d'ajouter que la négociation en cours va porter sur un très large éventail de sujets. « Nous allons mettre la politique de l’emploi au centre des discussions. Il nous faut anticiper les évolutions techniques et organisationnelles et sécuriser les parcours professionnels en permettant aux salariés de se former pour s’adapter. Nous discuterons de rémunération et de la façon dont les salariés peuvent profiter de l’amélioration des résultats du groupe. L’évolution de l’organisation et des méthodes de travail pour les rendre plus collaboratives, ainsi que l’harmonisation entre vie pro et vie perso sont aussi sur la table. »

Recherche de flexibilité

La discussion est serrée. Initialement, le DRH avait proposé aux représentants syndicaux de pouvoir planifier pour tous les salariés du travail le samedi. Devant le refus net de toutes les organisations syndicales, il a fait machine arrière. Si les usines ouvrent leurs portes le samedi, les salariés seront volontaires. Autre sujet délicat, l’augmentation de la capacité des compteurs de modulation du travail, qui lui est toujours sur la table des négociations. La direction propose de passer de plus ou moins cinq jours à plus ou moins quinze jours. Concrètement, cela signifierait que les salariés pourraient travailler quinze jours en plus ou en moins sans changement de salaire.

Si la perspective d’un maintien de salaire en cas de réduction des heures travaillées intéresse les syndicalistes, celle de travailler plus en ne touchant que la prime attachée aux heures sup ne les réjouit pas. « Nous ne sommes plus dans le contexte de 2013, lorsque le groupe était dans le rouge », estime Christian Lafaye, délégué FO. Eric Peultier, son adjoint, précise que cette demande a peu de chance d’être acceptée car tous les syndicalistes sont vent debout contre cette perspective.

Ambiance de négociation positive

Autre proposition de la direction, la suppression des primes sur les aléas de carrière. Celles-ci permettent pendant dix-huit mois, d’amoindrir la baisse de salaire des personnels qui passent d’une équipe de nuit à une équipe de jour à la demande de la direction. Pour Thomas Beaudouin, délégué adjoint CGT, « la direction essaie de rogner sur tout mais les salariés ne sont pas d’accord. Nous voulons une augmentation générale de 300 euros et des embauches. » Chez FO ou à la CFDT, les positions sont plus nuancées. « On doit pouvoir négocier des contreparties aux efforts demandés. Sur l’intéressement ou l’amélioration de la qualité de vie au travail par exemple », estime Laurent Valy (CFDT). FO demande 1000 embauches en CDI, alors que le nombre d’intérimaires est très élevé. Et un dispositif permettant de partir plus tôt en retraite, nourri par les jours travaillés supplémentaires.

De part et d’autres de la table de négociation, le sentiment est plutôt positif. « La direction est réceptive à nos propositions », estime Eric Peultier, alors que Xavier Chéreau juge l’ambiance des réunions constructive et espère pouvoir aboutir à un projet d’accord acceptable par le plus grand nombre d’organisations syndicales vers la fin septembre.

Auteur

  • Eric Béal